Mémoire & Friends 2013 : les dégustateurs sont lâchés dans le Kongresshaus (II) : les vignerons vaudois

 
Cave Cidis SA (Tolochenaz) : ici aussi, l’accueil est fait par l’un des oenologues de la maison : Rodrigo Bento. Agréable chasselas Morges VV 2012 AOC La Côte, tout en fraîcheur, rafraichissant et légèrement minéral. Le Doral Expression 2012 est mûr, expressif, fin, avec une bouche bien équilibrée entre tension et un côté un peu charnu. Le pinot gris Expression 2012 est bien fait, mais dans un registre qui n’est pas le mien. Ce vin possède de la finesse (ce qui n’est jamais gagné avec le pinot gris surtout jeune), mais volonté œnologique et commerciale oblige, il est légèrement doux. Rodrigo Bento ne s’en cache pas : « nous avons une clientèle pour ce vin ».
 
Le Domaine de Marcelin (Morges): accueilli par l’oenologue de la maison : Lionel Widmer. Je déguste pour commencer un chasselas 2012 AOC La Côte très fin, floral, d’une excellent équilibre en bouche et d’un rapport qualité prix exceptionnel : 09 CHF les 75 cl ! Très apprécié également le pinot blanc barrique 2011 : l’ensemble est désormais fondu, fin, friand. Il possède une belle race, même si le boisé est encore un peu perceptible. Le chardonnay barrique 2011 est bien fait. Il ne fait certes pas sauter au plafond, mais il possède ce qu’il faut de fraîcheur, de finesse et de maturité pour être apprécié pleinement.
 
Domaine Henri Cruchon (Echichens) : également accueilli par l’oenologue de la maison : Raoul, l’un des deux fils d’Henri. Ce domaine est peut-être le plus grand domaine privé du canton de Vaud avec un total de 40 ha de vignes (partagées entre celles qui sont louées et en propriété). Ici, le travail est en biodynamie, c’est clairement avancé et expliqué avec passion par Raoul. Le chasselas Champanel GC 2012 est digeste, frais et fruité, il se livre sans retenue. La cuvée Mont de Vaux GC 2012 est un vin gourmand et puissant, au fruité mûr et avec un acidité très bien intégrée qui lui apporte de la tonicité. Raoul parle du processus de vinification : c’est simple comme bonjour, me dit-il : on a bossé comme nos parents et grands-parents le faisaient il y a encore cinquante. Tout simplement excellent. Joli viognier, au fruité très expressif et à la bouche à la fois gourmande elle aussi et qui recèle pourtant une belle tension. Le pinot blanc 2012 est très fin, mûr, fruité, sa bouche est délicate et se termine par une note minérale discrètement saline.
 
Domaine Mermetus, Henri et Vincent Chollet (Aran/Villette) : Très joli chasselas Vase N°10 2012, dégusté en deux temps car la première fois la température était trop élevée. Fin, minéral, ce chasselas ne fait pas sa deuxième fermentation. Clairement destiné à un usage gastronomique. Dame Claire 2012 : un autre chasselas, plus léger, quoique vigoureux, fin, peut-être davantage destiné à un usage apéritif. Un autre viognier vaudois encore : Essence Lémanique 2012 : de la franchise, de la richesse, un poil d’amertume aussi, mais un joli fruité avec une note de pêche qui domine. Je finis avec une Touche de Fantaisie, un vin d’Altessse (Vincent a travaillé durant ses études chez les Cruchon qui ont été les premiers à en planter en Vaud). Un vin dans sa jeunesse, frais, fin et de bonne longueur.
 
Cave de Derrey Jeu, Pierre Monachon (Rivaz) : La cavée Saint-Saphorin Les Manchettes 2012 est un petit bijou d’équilibre, de fraîcheur et de densité, magnifiée par un fruité élégant. La cuvée Les Planzaz GC du même millésime joue la carte du terroir, c’est un vin plus minéral, avec une belle tension. Idéal avec un poisson du lac. Quant à la cuvée de Dézaley GC 2012, elle est là, bien en place, pour amateurs patients, ainsi d’ailleurs que me l’a démontré le millésime 2008 ouvert récemment à la maison. Un vin qui commence à se donner gentiment et qui a encore bien du temps devant lui.
 
Pierre-Luc Leyvraz (Chexbres) : Les Blassinges est la cuvée de chasselas de la cave. Ce vin du millésime 2012 possède une personnalité forte, expressive, conjuguant un fruité, de la finesse et un poil de rondeur finale à une fraîcheur magnifique. Belle longueur. La cuvée Plant du Rhin 2012 est élégante et expressive, dense, d’une maturité étonnante. Seul petit bémol : il reste quelques grammes de sucre résiduel.
 
Domaine Blaise Duboux (Epesses) : Trois chasselas : un Epesses 2012, fruité et fin, persistant, un Calamin GC (Cuvée Vincent) 2012 très friand, rond et fin, et un Dézaley 2011 GC Haut de Pierre absolument magnifique de finesse, de précision. Il est racé à souhait. C’est un vin émouvant dans le meilleur sens qui soit, parce qu’il place la barre de la qualité des vins de chasselas a un niveau peut-être sans pareil actuellement. Vignoble en biodynamie (le logo de la cave est un croissant de lune stylisé) et vins avec un minimum de soufre.
 
Cave Jean-François Neyroud-Fonjallaz (Chardonne) : quatre vins de chasselas 2012 : un Chardonne Les Berneyses fort apprécié pour sa franchise, sa finesse et son caractère gouleyant, un st-Saphorin Le Magistrat plus sérieux, un Calamin sur la réserve et un Dézaley plutôt austère actuellement, ce qui ne veut surtout pas dire qu’il le restera. Le propre des grands crus étant de se livrer dans le temps.
 
Maison Bolle (Morges) : Domaine de Sarraux-Dessous 2012 : un vin nerveux, fin, assez riche en CO2, avec une amertume finale assez marquée. Des deux vins de la collection Chandra Kurt (2011) : Le Luins GC La Côte se présente comme un fin équilibré, fin et fruité, élégant, alors que la cuvée Yvorne est marquée par son caractère minéral et sa tension, ce qui en fait un vin à la fois riche mais élancé.
 
Chez Obrist (Vevey) : beaucoup de finesse et de fraîcheur dans le chasselas du Ch. De Vinzel 2012, le chasselas du Domaine de Autecour du même millésime est un vin riche, frais, équilibré et fruité, très élégant. Celui de la Cure d’Attalens est un vin de terroir, minéral et d’une très belle finesse. Beaucoup de finesse également et de fraîcheur pour le Ch de Chardonne 1er GC 2011, un vin qui avec un affinage d’une année supplémentaire par rapport aux autres offre un bel équilibre et un toucher de bouche délicat. La Clos du Rocher 2012 est un vin puissant, minéral. Jeune, il est encore sur la réserve.
 
Badoux Vins (Aigle) : Je débute par un vin mousseux, le Badoux Brut, élevé 18 mois sur latttes. Fruité, fin, avec beaucoup de fraîcheur et une jolie bulle. L’Aigle Les Murailles 2012 séduit par son caractère gourmand qui s’associe de façon adéquate à un autre plus minéral. Belle complexité. L’Yvorne Lettres de Noblesse, chasselas barrique 2011 possède un fort joli toucher de bouche, hélas, la finale est marquée par un petit sucre résiduel. A voir à table avec une cuisine aigre-douce pas trop marquée par les épices peut-être. L’Yvorne Lettres de Noblesse 2010 Pinot Noir est dense et concentré, se livrant encore peu. Dans la même gamme, le Pinot Gris Vendange Tardive 2011 est une belle réussite pour un liquoreux du Chablais. Finesse et structure équilibrée, c’est un vin équilibré en bouche, avec des notes de coing et de miel. Pour finir, je déguste le dernier né de la maison, l’Aigle Les Murailles rouge 2012, un vin bien tendu en bouche par son acidité, avec des tanins gras, mûrs.
 
Les Frères Dutruy (Founex) : Deux vins de la gamme Les Romaines Grande Réserve : un fort joli viognier, 2012, dôté d’un très beau toucher de bouche. Un vin fin, fruité, frais et d’une belle densité. Le gamaret 2011, m’est apparu marqué au nez par son boisé, les tanins sont présents, un peu durs. Un vin qui demandera un peu de temps pour être un peu plus aimable et qui semble posséder un potentiel de garde à la fois certain et rare. Je termine avec la cuvée « Le Millésime 2009 » : un assemblage de gamay et de gamaret : un vin riche, gras, aux tanins mûrs, au fruité intense, Beaucoup d’équilibre et une belle longueur qui font quelque peu oublier un style ou la richesse est pour le moins démonstrative.
 
Les Frères Dubois (Cully) : le chasselas Braise d’Enfer 2012 ne manque surtout pas de caractère. Il est mûr, frais, minéral, et d’une belle densité en bouche. Le Dézaley Marsens de la Tour 2012 est riche et puissant. Un vin structuré qui va demander du temps pour se fondre et dévoiler la finesse de son terroir. Enfin, le « grand » frère : Dézaley Marsens de la Tour, Vase n° 4 millésime 2010 est à la fois expressif, frais, fin, long. Il a tout pour une longue garde. (voir les dégustations déjà réalisées dans cette cave). Une cave pour laquelle je me demande bien pourquoi le jury de Gault & Millau n’a pas pu lui trouver une place dans son top 100 helvétique.
 
Luc Massy Vins (Epesses) : je rencontre Benjamin, le fils de Luc pour la première fois, mais je ne déguste pas incognito, puisque Grégoire Dubois lui glisse à l’oreille que je tiens le blog Vins Confédérés. Epesses GC Clos du Boux 2012 m’a beaucoup plus. Vin de caractère, dense en bouche, mais sans manquer de fraîcheur et de finesse, il possède aussi une belle (noble) amertume finale. Je suis moins séduit par le sauvignon blanc du même millésime, marqué par une note de buis intense. Le Dézaley GC 2012 Chemin de Fer est fidèle à l’image que je m’en fais : grande finesse, fraîcheur, droiture. Un vin altier, racé, minérale, de garde. Le millésime 2004 de cette cuvée est fraîche, élégante, avec une toute petite trâce d’évolution.
 
Domaine Bovy (Chexbres) : St-Saphorin VV 2012 très apprécié, frais, fruité mûr, un vin élégant, tout comme le Dézaley GC 2012 d’une belle finesse, marqué par une acidité nette mais équilibrante, et ici aussi un amer noble. J’ai été surpris par le viognier 2010 de St-Saphorin, un vin qui a aussi une belle tension, de la finesse, de la fraîcheur. Un vin délicat.
 
Olivier Ducret (Chardonne) : La cuvée Chardonne La Confrary 2012 est un joli vin de chasselas dans un registe classique certes, mais goûteux. La cuvée La Confray VV 2011 possèdait un suplément de gras en bouche. Très fraîche et très fine aussi. Un joli vin aussi. Le pinot gris 2011 bien que typé m’a paru plutôt léger.
 
Chateau d’Eclépens (Eclépens) : La cuvée Réserve 2012 est d’une facture classique, mais expressive et d’une belle fraîcheur.
 
Domaines Schenk (Rolle) : Le Château de Chatagneréaz 2012 est fin et délicat, joliment fruité, avec une bouche franche et fraîche. Le chasselas GC du Ch. D’Allaman 2012, offre beacoup de finesse. La finale est un peu trop tendre (douce?). Celui du Dom. De Martheray (Féchy), sur le même millésime était fin et dense en bouche, mais il manquait un peu de fraîcheur (problème de température peut-être). Le chardonnay barrique 2012 du même domaine est typé et légèrement marqué par son élevage, dans un style bourguignon revendiqué par Thierry Ciampi, l’oenologue.
 
Château Maison-Blanche : Très joli chasselas Maison-Blanche 2012, fruité, fin, légèrement minéral. Un vin élégant. J’ai beaucoup aimé le savagnin blanc 2011 également : fruité délicat, la bouche l’est tout autant, sans atteindre des sommets de vinosité. Son équilibre est une vraie réussite.
 
Château de Mont :Trois cuvées de chasselas Réserve du millésime 2012, la première est franche, fraîche et de bonne tenue, la seconde élevée sur lie a plus de profondeur sans perdre sans perdre de sa fraîcheur, la dernière est la cuvée Grand Cru, un peu plus minérale peut-être, et plus en retrait aujourd’hui. Mais attention, les chasselas de ce domaine de Mont-sur-Rolle savent vieillir, j’ai pu le constater lors du Festival des Vieux Millésimes organisé début mars par Alexandre Truffer.
 
Le lien avec la part I (les vins valaisans)