Aux caves de la ville de Neuchâtel, c'est presque le …Peyrou !

Cave institutionnelle s’il en est du vignoble neuchâtelois, les Caves de la Ville de Neuchâtel sont situées au coeur même de la ville, dans l’arrière cour de l’Hôtel …DuPeyrou.

L'Hôtel DuPeyrou, à Neuchâtel.

Vue arrière sur l’Hôtel DuPeyrou, à Neuchâtel, depuis l’entrée des Caves de la Ville.


Propriété de la ville de Neuchâtel depuis 155 ans, l’Hôtel DuPeyrou est désormais un restaurant gastronomique, dont le maître queux,  Craig Penlington, est australien. La carte des vins du restaurant est consultable sur le site de l’établissement ou téléchargeable. Elle fait la part belle aux vins neuchâtelois, et s’est très naturellement  ouverte également aux crus du pays d’origine du chef cuisinier.
l'aigle est l'emblème de la ville.

D’or à une aigle de sable armée, becquée et languée de gueules, portant en coeur un écu d’or au pal de gueules chargé de trois chevrons d’argent.


Voici comment les héraldistes commentent le blason et les armoiries de la ville.
Mais l’on peut également dire : sur un fond jaune (d’or) figure une aigle noire (de sable) dont les griffes, le bec et la langue sont rouges (de gueules). Cette aigle (en héraldique le mot aigle est toujours féminin) porte sur son cœur un écu jaune (d’or) traversé d’une bande verticale rouge (de gueules) sur laquelle figurent trois chevrons blancs.
Dans la cave, accueil et langage sont bien moins compliqués et c’est tant mieux. Lionel Dysli, le caviste, et Nicolas Dordor, le chef de cave, m’accueillent très amicalement.
Nicolas Dordor m’invite à le suivre pour une présentation de la cave. Ici, le pressoir et une cuverie, une autre ici, plus petite et climatisée, pour les vins blancs de spécialité. Puis une troisième, à quelques mètres, mêlant cuves inox et barriques de chêne, une cuverie pour les vins rouges. Enfin, une dernière associant des cuves métalliques et des foudres, et où nous dégustons aux deux fûts de chêne (de plusieurs feuilles) un vin de chasselas qui attende d’être assemblé et mis en bouteille, avant de descendre vers une vaste cave au plafond incurvé.DSC_0016
DSC_0015Une salle qui pourrait accueillir sans difficulté, mais après un déménagement certainement compliqué du matériel -et onéreux- l’ensemble des contenants des vins de la ville de Neuchâtel et qui offrirait une ergonomie de travail évidente à ces deux hommes.
Nicolas Dordor y voit en outre  la possibilité d’économiser aux vins de la fatigue que les transferts (pompages) aujourd’hui indispensables durant leur élevage peuvent occasionner, en raison d’une praticité que l’on peut qualifier de …compliquée. Las, cet espace n’est utilisé que pour élever actuellement le vin de chardonnay dans cinq fûts de chêne, et comme lieu de stockage de matériels divers. Mais pourquoi pas dans un futur proche ?! Les bonnes idées méritent d’être validées.  L’homme ne semble pas en manquer. Il dégage en outre beaucoup de calme de sa personne, et de volonté. Ce Franc-Comtois arrivé récemment aux Caves de la Ville (il y remplace Willy Zahnd, parti à la retraite l’an passé), il parait déjà parfaitement imprégné de l’histoire de la cave, preuve de son acclimatation.
Caviste et chef de cave gèrent les étapes post vendange, c’est à dire les vinifications, les élevages puis la commercialisation des vins. Un vigneron tâcheron  s’occupe quant à lui des vignes. Celles-ci se trouvent à Hauterive (le terroir de Champréveyres), à Serrières, Auvernier et Colombier. Il existe aussi une petite parcelle en ville de Neuchâtel. Si la ville est propriétaire de 13,5 ha, les caves exploitent le produit de 11,5 ha de celles-ci.  Le pinot noir domine l’encépagement avec 55 % de la surface viticole, suivi par 28 % de chasselas. Des spécialités blanches (chardonnay, pinot gris, gewurztraminer) toutes vinifiées séparément bien sûr, et rouges (mara, galotta, garanoir, gamaret) dont aucune ne fait l’objet d’un vin spécifique actuellement.DSC_0010 DSC_0023
Nous dégusterons bien sûr quelques vins après avoir longuement discuté dans les caves :
Cru de la Ville (chasselas) 2012 : pas en place, il semble bien bousculé par la mise en bouteille. L’amertume finale est prononcée. A revoir.
Champréveyres (chasselas) 2012 : joli nez fruité (pêche), floral aussi. La bouche est d’une grande fraîcheur, elle se présente avec une finesse remarquable, un équilibre qui l’est tout autant. Belle longueur finale, que je qualifierai de minérale. Un cru noble, dans la continuité de ceux des millésimes précédents. Bravo !
La chasselas est bien sûr décliné aux Caves de la Ville sous la forme du non-filtré. Nous ne l’avons pas dégusté ce jour.
Pinot gris 2012 : il s’agit ici de la version sèche, car une légèrement douce est également vinifiée. Peu expressif au nez, ce vin se présente avec un bel équilibre en bouche, une très jolie finesse, de la fraîcheur. La finale m’a paru toutefois un peu courte.
Chardonnay 2011 : un cru marqué par son cépage, avec une fort jolie acidité bien intégrée à une matière fraîche, élégante, fine et de belle longueur. Un vin typé et de fort belle expression.
Gewurztraminer 2009 : nez intense sur des notes florales classiques du cépage (note de pétales de rose tout particulièrement), la bouche est grasse, longue. Elle ne manque ni de finesse ni de fraîcheur.
Gewurztraminer 2011 : ici aussi les notes de pétales de rose sont bien présentes, on parle aussi de réglisse. La bouche est puissante, vineuse, grasse, longue, mais l’on perçoit un peu de sucre résiduel qui arrondit la finale, qui est légèrement marquée également par une petite pointe d’alcool.
Pinot Noir 2012 : un vin fruité, avec des notes de cerise à noyau, il offre en bouche une belle densité, de la finesse (dont on peut aisément imaginer qu’elle va progresser très favorablement durant l’affinage en bouteille), long. Un vin à la fois gourmand et prometteur.DSC_0030DSC_0027
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Nicolas et Lionel Dysli


Le site Internet des Caves de la ville de Neuchâtel
Pour voir quelques clichés supplémentaires sur l’Hôtel DuPeyrou, veuillez cliquer ici