Une verticale de trente millésimes pour fêter le Pinot Noir GC de Salquenen

Fendant de la cave Fernand Cina ! Un apéritif gourmand dans le train qui nous menait à Zermatt !


Les vignerons membres de Salquenen Grand Cru tenaient à marquer le coup : 30 ans de Grand Cru, ça se fête ! Aussi ont-ils convié la presse spécialisée à une dégustation de 30 millésimes du leur Pinot Noir Grand Cru, une appellation pionnière en Valais, et dont les règles sont particulièrement strictes.

62 vins en dégustation semi-aveugle. Dix séries de six vins, une onzième de deux. Les millésimes étaient connus grâce à la liste fournie. Ex. : A1 à A3 : 1988. Le pinot noir GC de Salquenen est élevé en cuve et ne connait pas la barrique ni le foudre !


 
Il n’est pas question pour moi de vouloir mettre ici en avant un producteur plus qu’un autre, mais plutôt de souligner l’effort collectif d’une association.
A la lecture de mes notes, et principalement celles concernant mes vins préférés, en les comparant à la liste fournie en fin de dégustation, la diversité des noms des producteurs s’imposait d’elle même. Preuve que si l’appellation possède ses leaders, tous ont pu démontrer que leurs vins avaient de belles qualités.
Cette longue dégustation a débuté avec une première série de six vins : trois cuvées du millésime 1988, une de 1989, deux de 1991. Mes préférences allant au millésime 1988, très homogène, puis du vin du millésime 1991.
Six vins dégustés et déjà cinq caves différentes.
Dans la seconde série, des millésimes 1992 à 1997, deux autres caves s’ajoutaient à ces cinq premières caves, pour clôturer cette première décennie. Soit sept caves sur les treize de l’appellation. Pas mal ! Le vin du millésime 1996 se démarquait clairement à mon goût, suivi du millésime 1992, puis du 1997.
A la troisième série, ce ne sont que deux vins sur six que j’ai « identifié » comme étant ceux ayant ma préférence. Si les couleurs ont bien résisté (vins de 1997 à 1999), j’ai trouvé que le fruité manquait de fraîcheur.
Après dix huit vins, dont seize de 20 ans et plus (plus du quart des vins en dégustation!), et deux de dix neuf ans, nous « attaquions » les vins du nouveau millénaire.
J’ai aussi « arreté » mon approche des vins préférés par série, pour m’intéresser à une notion plus passionnante que celle de mon goût personnel : relever si les millésimes étaient plutôt homogènes qualitativement où non.

Cela c’était d’ailleurs montré assez évident avec les trois vins du millésime 1988, tous d’un bon niveau qualitatif et ayant plutôt bien résistés aux effets du temps.
Chose impossible à évaluer entre 1992 et 1996, puisque chacun de ces vin était le seul représentant de son millésime.
Dès le millésime 1997, cette cohérence réapparaissait (avec 3 vins), et s’intensifiait avec les millésimes 2000 (3 vins jugés fruités, harmonieux, toniques avec du volume), 2001 (3 vins vigoureux avec du volume en bouche, les nez étant plus discrets que sur le millésime 2000).
Si j’ai apprécié la cuvée du millésime 2002 pour son harmonie générale, j’ai eu un coup de coeur pour le millésime 2003, qui avait conservé une très jolie robe colorée, un nez de fruits rouges (!), et surtout une bouche équilibrée, fine, fraîche, longue, et harmonieuse.
Était-ce réellement une surprise que ce vin de 2003 ? De ce premier millésime solaire, atypique, tout a été dit, et en particulier que ces vins étaient « morts » à peine nés, et qu’ils se devaient d’être consommés sans attendre. Le temps passe, les surprises se multiplient. J’ai encore en souvenir une cuvée du Clos du Rocher de la Maison Obrist servi il y a cinq où six ans lors du repas de gala de Vinéa, où ce vin avait littéralement survolé la soirée par sa fraîcheur, son intensité, sa tenue en bouche et son potentiel.
Concernant le millésime 2005, les deux vins, bien qu’agréablement riches, ont peiné à me séduire, certainement en raison d’une finesse en bouche un peu en retrait. Leurs nez étant par ailleurs plutôt discrets.

les membres de l’association Salquenen Grand Cru.


Les deux cuvées du millésime 2008 se sont montrées assez décevantes dans le sens où les nez n’étaient guère présents, les bouches étant quant à elles fort différentes.
Les trois vins du millésime 2009 montraient davantage de corps. Un nez était tellement discret que je l’ai considéré comme éventé. Les deux autres cuvées faisant davantage montre de qualités et d’homogénéité (peut-être un problème de bouteille qui expliquerait ce caractère éventé ?).
Parmi les trois vins du millésime 2010, j’ai eu un coup de coeur. En effet, un vin « surclassait » nettement les deux autres, et reflétait selon moi les caractéristiques attendues d’un grand pinot noir : fruité intense, équilibre, finesse, harmonie, sans oublier une belle force couplée à une vigueur raisonnée. C’est un très beau vin avec du potentiel. A revoir pour pour les 50 ans de Salquenen Grand Cru ?
Les trois crus du millésime 2011 se sont montrés globalement hétérogènes, tout comme les deux vins du millésime 2014.
Les deux vins du millésime 2012 étaient très intéressants, précis, expressifs et fins. Les cuvées du millésime 2013 péchaient selon moi par leur manque d’intensité de fruit. Le millésime 2015 s’est présenté de façon homogène (4 vins), avec beaucoup de fruit, d’équilibre, et un très joli potentiel de garde.
Nous avons terminé cette dégustation en fanfare, avec les millésimes 2016 et 2017. J’ai beaucoup aimé le profil du millésime 2016 : fruité, gourmand en bouche, beaucoup d’équilibre et de finesse.
Le millésime 2017 se présentant dans un registre étonnamment tendu et austère, avec des bouches vigoureuses, masquant la puissance tannique.
J’avoue avoir été charmé par les expressions aromatiques, complexes, et souvent de belle intensité. Sur les plus vieux millésimes, les surprises qualitatives n’ont pas manqué, et j’ai apprécié l’homogénéité des vins sur la plupart des millésimes dégustés.

A la fin du debriefing post dégustation, les vignerons de Salquenen, se sont offerts un remake des choristes, en chantant en choeur et avec coeur, une ode à leur commune Salquenen.


Outre cette dégustation à caractère historique, nous avons eu le plaisir de déguster un fendant dans le train nous menant de Visp à Zermatt (cf. photos plus haut), et encore 21 vins (!) d’un excellent niveau au cours du repas. Je me suis laissé dire qu’un invité aurait même cherché à caser trois pirates au cours de ce dernier.
Le savoir-vivre se perd…
Voici les vins que j’ai préféré lors du repas : la Petite Arvine Altimus 2016, collection Lux Vina de la cave des Chevaliers. Un très joli vin qui m’a clairement conforté dans le fait que la bouteille que m’avait adressée la cave avait un problème. Le Heida Visperterminen 2017 cave Edmund Constantin et la cuvée Ambassadeur 2016 des Domaines Diego Mathier (Heida, Ermitage et Petite Arvine). La cuvée Nuit Blanche Grandmaïtre Barr 2017 de la cave Gregor Kuonen (pinot noir vinifié en blanc). Coup de coeur pour le Pinot Noir Ambassadeur 2013 des domaines Diego Mathier. Très jolie humagne rouge 2016 de la cave Chez Violaine, tout en finesse. Le Cornalin 2015, de la Cave St-Philippe, la Syrah 2016 de Josef Glenz & Töchter. Parmi les trois liquoreux, la cuvée Lux Vina  2015 était d’une grande puissance et d’une très belle pureté. J’ai aussi aimé le Blanc de Glace 2016 de la cave Gregor Kuonen, pour son originalité et sa finesse. La Malvoisie Les Fers de Lance 2016, de la Cave  St-Philippe était typée et intense.
Un très grand merci aux vignerons et caves de Salquenen Grand Cru pour leur invitation et cette dégustation exceptionnelle.


Les vignerons de Salquenen Grand Cru : (ordre selon le livret remis par l’association) :
Adrian & Diego Mathier, Nouveau Salquenen AG, Bahnofstrasse 50, Salquenen,
https://www.mathier.com
Cave du Rhodan, Mounir Weine, Flantheystrasse 1, Salquenen
www.rhodan.ch
Cave Edmund und Adrienne Constantin-Stoffel, Zudanzstrasse 30, Salquenen,
www.cave-constantin.ch
Fernand Cina SA, Bahnofstrasse 27, Salquenen
www.fernand-cina.ch
Cave Mathier & Bodenmann, Varenstrasse 74, Salquenen,
www.mathier-bodenmann.ch
Domaine de l’Enfer, Flantheystrasse 3, Salquenen,
www.rotenweine.ch
Gregor Kuonen, Caveau de Salquenen AG, Unterdorfstrasse 11, Salquenen,
https://gregor-kuonen.ch
Josel Glenz & Töchter AG, Gemmistrasse 75, Salquenen,
www.glenz-weine.ch
Kreuzritterkellerei, Unterdorfstrasse 32, Salquenen,
www.kreuzritter.ch
Domaine des Chevaliers, Varenstrasse 40, Salquenen,
https://www.chevaliers.ch
Cave St-Philippe, Pachienstrasse 19, Salquenen,
www.cave-st-philippe.ch
Weinschmiede Reinhard & Christian Schmid, Tschütrigstrasse 27, Salquenen,
www.weinschmiede.ch
Cave chez Violaine, Wenger une Marti GmbH, Cinastrasse 23, Salquenen,
www.cavechezviolaine.ch