Dégustation au Domaine de Valmont à Morges, avec Laurent Bally

Le Domaine de Valmont, à Morges, c’est l’une des Trois Terres. La seconde se situe à Valeyres-sous-Rances dans les Côtes de l’Orbe ainsi qu’à Bonvillars. La troisième est à Vétroz en Valais.
Si une partie des raisins est vendue sous vrac pour une vinification à l’externe, que ce soit en Vaud où en Valais, une autre partie est vinifiée sur place à Morges, au domaine de Valmont. Et c’est là qu’intervient principalement Laurent Bally dans son nouveau travail de vinificateur (depuis deux ans seulement) en plus de son travail de vigneron. Les raisins de Valeyres-sous-Rances sont vinifiés en collaboration avec Benjamin Morel.
Une partie des vignes est cultivée selon les principes de la biodynamie. Laurent Bally, qui est convaincu par cette technique culturale, a fait ses « armes » auprès de la famille Cruchon (dom. Henri Cruchon). Les échanges entre eux se poursuivent bien sûr encore.
Alors qu’il était avec son équipe au coeur même des vendanges, Laurent a trouvé du temps de me présenter le domaine, et me faire réaliser un large tour d’horizon des vins qui y sont produits. Merci beaucoup !
Les vins dégustés :
Chasselas 2016 de Morges : Joli nez sur une note anisée, de fruits blancs et de fleurs. La bouche est fine, fraîche, avec une belle attaque, puis se développe un léger gras en bouche. Le vin apparait sec, élégant, gouleyant, de bonne longueur.
Chardonnay 2016 de Valeyres-sous-Rances : il s’agit du seul vin blanc de la cave issu du Nord Vaudois. Joli fruité au nez avec des notes de fleurs blanches, de noisette. Je trouve une légère note toastée en bouche, mais il  ne s’agit pas de boisé, Laurent Bally évoque plutôt une touche minérale propre au terroir. La bouche est élégante, bien dessinée, légèrement saline en bouche. Il reste un peu de sucre résiduel : les levures ne sont pas allées au bout de la fermentation, et le vinificateur n’a pas souhaité intervenir par un levurage.
Sauvignon blanc 2016 de Morges : issu de vignes en biodynamie (elle n’est pas la seule dans les Trois Terres). Le nez a une belle intensité, entre agrumes (pomelos jaune et citron) et une note plus variétale (le lierre). La bouche est sèche, bien tendue (pas de seconde fermentation) mais équilibrée. Il y a un joli retour du fruit en finale, qui accompagne une touche minérale. Un sauvignon blanc bien typé, offrant beaucoup de finesse, et d’élégance et une fort belle longueur en bouche.
Suivent deux vins dont les vignes sont en biodynamie :

Chardonnay barrique 2015 : une année de fût, sans soutirage. Le nez est encore discret, sur des notes de fruits jaunes. La bouche est marquée par une note vanillée, puis le fruité prend le dessus. La bouche est vigoureuse, riche, vineuse, mais elle ne manque pas de tension. Elle offre un caractère salin en finale, et une légère amertume qui devrait se gommer au vieillissement. Un chardonnay somme toute typé, avec du potentiel.
Altesse 2015 : également une année en barrique. Le fruité est bien présent avec des notes d’agrumes évoquant la fleur d’orange. La bouche est légèrement vanillée, mais le boisé est très peu prononcé. Cette Altesse est également vineuse et puissante, offrant dès à présent une belle finesse en bouche sur sa riche matière. La finale se termine sur une note d’amande douce, avec à nouveau un caractère minéral salin net. Pour conserver un maximum de fraîcheur sur ce millésime riche, il a été choisi de réaliser la seconde fermentation à un tiers du volume. Un choix  qui semble plus que probant à ce stade de la dégustation de ce vin encore jeune.
23 CHF prix départ cave. Un prix tout à fait correct sinon légitime pour une spécialité à la fois rare et réussie.
Assemblage  2016 de gamay (90%) et de gamaret et de garanoir (10%) : un des vins vinifiés à façon par un partenaire après que les raisins aient été pressés à Valeyres-sous-Rances. Un vin qui s’est avéré cohérent tant au nez qu’en bouche. La robe est profonde et brillante. Le fruité est net, de belle intensité. La bouche offre des tanins fondus, fin et frais, avec un retour très agréable et intense sur le fruité. C’est un vin facile à boire, léger et gouleyant, de belle longueur. A 11,50 francs, il n’y a rien à redire!
Maranoir : assemblage de Morges 2015 : (gamay et mara : 60/40). Une cuvée vinifiée ici par Laurent Bally dans des cuves metalliques inox et des oeufs de chez Serex (en plastique). Robe de belle profondeur. Le nez évoque les fruits noirs : sureau et cerise noire. La bouche est structurée, puissante, portée par de jolis tanins gras et fins. La finale est légèrement épicée et saline également. Un vin prêt à boire mais qui peut être attendu une année ou deux sans problème.
Pinot Noir 2014 élevé en barrique : vignes situées à Champagne. C’est un clone de Servagnin qui hors appellation Morges ne peut prétendre à cette appellation. Robe d’intensité moyenne. Le nez est très flatteur (à prendre dans le meilleur sens du terme svp), avec des fruits rouges (groseille mûre, fraise) intenses. La bouche est portée par une belle acidité et une puissance maitrisées. La sensation tactile en bouche de ce vin est vraiment très agréable. J’aime beaucoup son équilibre et sa persistance. Le boisé est parfaitement fondu et maitrisé. Un très beau pinot noir. La vinification a été réalisée en collaboration avec Benjamin Morel à Valeyres-sous-Rances.
Un très beau vin. Très inspiré. Bravo.
Servagnin 2015 : vinifié avec 20% de grappes entières. Notes fruitées (groseille, framboise) et florales (pivoine). La bouche a une belle acidité, qui apporte de la fraîcheur mais sans déséquilibrer la matière. L’élevage sous bois est discret et intégré. Ce vin est très typé pinot noir. Belle longueur. Vignes en biodynamie, situées juste sous le domaine.

SAVE THE DATE : LA NUIT DU SERVAGNIN
10 Novembre 2017 dès 17h
Caves du Couvaloup-Morges
Méganoir 2014 : un assemblage de merlot pour 60 % et de gamaret et garanoir à parts égales. Un vin élevé en barriques dans sa totalité, avec Benjamin Morel à nouveau dans le rôle du « complice », et bien sûr à partir de vignes des Côtes-de-l’Orbe. Robe profonde, nez de belle intensité et d’agréable complexité sur des fruits noirs et épices. La bouche est structurée, riche, dotée de beaux tanins gras, serrés mais fondus. Une belle finesse en bouche, de l’équilibre, de la longueur, un caractère gourmand indéniable et aussi un élevage abouti car discret.
Gamaret 2015 élevé en barrique : élevage durant une année. Vinification en grappes entières pour moitié. Après une légère note mentholée au nez, on perçoit des fruits rouges (framboise et fraise) et noirs (cerise) et des épices douces. En bouche, belle structure, les tanins sont charnus, très fins, en dépit d’une légère astringence sur la finale aujourd’hui, qui se fondra, la finesse est déjà bien présente. Le fruité est croquant en bouche. Bel équilibre et  fort jolie longueur finale. C’est un très joli gamaret.
Cuvée Pourpre 2015 : un an de barrique pour cet assemblage de gamaret, de galotta et de cabernet-franc. Une nouvelle note mentholée au nez (c’est assez rare de la trouver sur deux vins consécutivement), de cerise noire et d’épices. La bouche est dense, mais vive, bien structurée. En bouche, une note de noyau de cerise accompagne le fruité, qui s’avère croquant. C’est un vin qui offre une belle finesse, et une belle longueur. Il a été vinifié à Morges.
Cabernet-franc 2015 : il vient d’être embouteillé après deux ans de barrique. Le premier nez évoque la banane flambée, puis une note variétale évoquant le poivron, et enfin du fruit et le noyau de cerise. La bouche offre une belle concentration, de la profondeur. Un peu astringente à ce stade, elle va se fondre et gagner en finesse et en complexité. Jolie longueur. Un vin qui a du potentiel.
Il a été mis en bouteille manuellement sans filtration ni collage.

le cépage Altesse un peu avant les vendanges


Nature, lac Léman, Alpes et Mont-Blanc, quel panorama depuis la région de Morges !


Où trouver ces vins ?
Domaine Les Trois Terres
Av. de Marcelin 72
1110 Morges