Dégustation de printemps à la Cave de La Côte (mai 2016)

Première dégustation des crus de la Cave de La Côte en compagnie de Rodrigo Banto. L’occasion d’évoquer le millésime 2015 bien sûr, et aussi de déguster quelques crus des millésimes 2013 et 2014, dont certains ont été vendus le lendemain de ma visite lors de la vente à quai réalisée par la cave.
Morges 2015 : le nez est ouvert, intense, floral. La bouche est très plaisante, en raison de son équilibre entre fraîcheur et la finesse. Le gras de la matière apporte un peu de rondeur et renforce le caractère charmeur de ce vin, classé dans le Top 6 des vins de chasselas de Morges (sur 60 crus) par une quinzaine de professionnels. Il a en outre été plébiscité par le public lors du récent salon Arvinis, puisque parmi les six vins retenus par notre jury deux semaines plus tôt, il a damné le pion aux autres crus de la sélection pour terminer premier du concours du Journal de Morges. La finale est longue, rehaussée par une note citronnée. Un pur plaisir, fort logiquement apprécié par les amateurs, mais aussi par les pros !
Morges Vieilles Vignes 2015 : La nez est moins ouvert que celui de la cuvée « Morges ». Ce vin offre un caractère minéral prononcé (crayeux), la bouche est droite, tendue, ce qui ne l’empêche en aucun cas de posséder un fort bel équilibre, car ce Morges VV possède beaucoup de finesse. Belle longueur finale. Ce vin a terminé 4e au concours du Journal de Morges le mois passé.
A noter que sur les six vins retenus par le jury professionnel, quatre vins venaient de la Cave de La Côte !
Sauvignon Blanc gamme Expression 2014 : le nez est intense, avec des notes végétales comme le lierre, mais aussi fruitées, comme le litchi, le bourgeon de cassis (est-il plus végétal que fruité ce dernier ?). Bouche sèche, droite et tendue, où je retrouve aussi une note de groseille verte, et une autre de fleur de sureau. D’un point de vue aromatique, ce sauvignon blanc est vraiment complexe ! Un fort joli vin, bien typé par son cépage, long. Je suis surpris quand Rodrigo Banto m’annonce que l’on trouvera ce vin, parmi une sélection de six crus, le lendemain à la vente à quai (après un rapide calcul à partir du prix courant et en connaissant le pourcentage de rabais, je constate incrédule que ce vin sera vendu à 12 francs. Une aubaine !).
L’été approchant, nous dégustons quatre vins de rosé.
A vos BBQ, prêts ? Grillez !

Roussard 2014 : C’est un rosé de gamay. Jolie robe, le nez est fin mais bien présent. Il est fruité, sur des notes de fruits rouges (groseille, fraise). La bouche est sèche, fraîche et équilibrée, de belle longueur. Un rosé gourmand et très fin.
Roussard 2015 : nous goutons désormais le nouveau millésime. Lui aussi est marqué par les fruits rouges au nez. Peut-être un peu plus vineux et porteur d’un soupçon d’acidité supplémentaire par rapport au 2014 (pas de FML réalisée), ce rosé est forcément un peu moins fin en bouche que celui qui a douze mois de bouteille, mais se montre néanmoins prêt à boire.
Les Chaumes 2014 : c’est un autre rosé, mais cette fois il s’agit d’un Oeil-de-Perdrix, donc un vin de pinot noir. La robe est légèrement saumonée, le fruité évoque plutôt la groseille. La bouche est riche mais tendue et longue. Peu enclin à s’offrir à l’apéro, cet Oeil-de-Perdrix devrait faire mouche à table.
Rosé de Merlot gamme Expression 2015 : La robe est magnifique. Elle attire le regard. Le nez évoque les fruits rouges, comme le coulis de fraise, la groseille mûre. Beaucoup de finesse et d’équilibre en bouche. Ce rosé très cohérent entre le nez et la bouche. Il se présente dans un style flatteur, mais l’assume sans peine.  Coup de coeur pour sa franchise.gamay VV 2015
Gamay Vieilles Vignes 2015 : ce vin est issu d’une sélection de parcelles sur La Côte). La robe est sombre, plutôt mate. Au nez, un impression de fumée, d’épices, de fraise. La bouche offre une belle densité et une grande fraîcheur (il est vrai qu’avec des rendements de l’ordre de 700 à 800 grammes au mètre carré, ça apparait logique …après). L’ensemble est sapide, élégant, très fin et long. L’élevage en barrique (pour 20 % du volume) apporte un plus en terme de complexité. Mon deuxième coup de coeur.
Cabernet-Franc 2014 : c’est une très belle expression de ce cépage. Le nez tout d’abord : il est complexe, entre notes de myrtille, floral et minéral. On perçoit la maturité des raisins au toucher de bouche. Bien que dense, c’est un vin qui reste droit grâce à sa discrète acidité bien intégrée. Ses tanins sont très fins,  déjà polis par l’élevage (11 mois en barrique). Très jolie longueur. Un très joli vin. Ici, les rendements sont compris entre 500 et 600 gr au mètre carré. Bravo.cab franc 2014
Intensus 2013 : Avec un tel nom, on devine sans peine que l’accent a été porté sur l’expression aromatique et aussi de la texture en bouche, afin d’offrir des accents du « Sud » à cette cuvée. Le nez est intense, avec des notes de rose, de fruits noirs (myrtille et cassis), la bouche est d’une densité surprenante (à la cave l’oenologue a opté pour la technique du Ripasso pour le réaliser). C’est un vin soyeux, riche mais pas opulent, et très long en bouche.
Garanoir de La Côte 2014 : Robe opaque. Le nez sur la myrtille et un peu de réglisse. La bouche est certes puissante, mais sans excès de richesse. Encore un peu jeune aujourd’hui, ce garanoir n’en est pas moins plaisant, et offrant une belle longueur. Pour obtenir la concentration et le sucre souhaités, le vigneron a coupé la branche à fruits deux semaines avant la récolte.
Nous terminons avec deux chasselas :
Château La Bâtie 2014 : Nous sommes à Vinzel, et nous voici surtout devant un grand vin de terroir. Le nez est pur, fin, avec des notes de tilleul bien présentes. La bouche est remarquable par la qualité de son toucher, sa finesse, sa fraîcheur. La finale est longue, délicate et saline. Magnifique. Le Conseil d’Etat ne s’est pas trompé en faisant de lui son vin officiel de l’année.la batie 2014
Château Malessert 2014 : Nous voila à Féchy. Un vin qui « terroite » moins que le précédent. Par contre, le fruité est plus présent au nez et aussi à la rétro-olfaction. La bouche est un peu plus large aussi, mais sans parler pour autant de rondeur. Un joli vin, fin, frais et long.
Deux heures plus tard, lors d’un dîner avec les membres de l’Association suisse Romande des Maîtres Professionnels de la Vigne et du Vin, j’ai pu déguster le millésime 2011, absolument délicieux.ch malessertLes lecteurs les plus attentifs auront remarqué que le millésime 2015 semble tenir les promesses entendues lors des vendanges en fin d’année passée. Les vins du millésime 2014, à la réputation malencontreusement très écornée en raison de la présence hautement médiatique du drosophile Suzukii, sont, et de loin, bien plus que de simples faire-valoir. Plus je les déguste, et plus ils font montre de qualités. Ne fermez surtout pas les yeux et vos papilles sur eux !une belle tablee
Enfin, durant le week-end prochain, le Domaine des Tilleuls, à Monnaz (dans l’appellation Morges), sera ouvert durant les caves ouvertes cantonales.