Sélection de deux cuvées de Johannis pour la cave de garde de Chamoson

Aujourd’hui, pas question de sélectionner ou d’éliminer un vin sur la base d’un « j’aime ou j’aime pas ». Les dégustateurs étaient amenés à se concentrer pour sélectionner les deux cuvées de Johannis millésime 2014 AU PLUS GRAND POTENTIEL DE GARDE.
Car les deux vins sélectionnés intégreront la cave de garde du Johannis à Chamoson.
Celle-ci est encore dans sa prime jeunesse, puisqu’elle a été débutée voici deux ans, en 2013. Son but : faire découvrir les vins d’aujourd’hui pour les deux générations à venir. Saluons donc cette volonté de conserver les cuvées considérées par un jury indépendant comme les plus aptes à se bonifier dans le temps. Avec 120 cols pour chacune, les chamosards voient loin. Et c’est tant mieux. Cela n’empêchera pas les vignerons de faire de même chez eux. Certes, ils l’ont toujours fait, mais parfois de façon assez timide (voir dans quelques jours la dégustation des vieux millésimes où les …millésimes de plus de dix ans auront été rares).
Ce qu’écrivait Dominique Fornage dans son guide Nobilis 2001 des producteurs valaisans à propos du cépage sylvaner, dont le vin est appelé Johannisberg en Valais :
« Le Valais ne se rend pas assez compte du potentiel de ce vin. C’est la spécialité la plus plantée, et il faut profiter de cette possibilité de « fournir » suffisamment de clients. La réussite est très régulière dans le haut de gamme depuis des années pour ce vin au caractère original ».six verres de Johannis
Dix huit vins ont été dégustés en semi-aveugle, puisque le millésime 2014 était le paramètre connu.
Nous avons procédé à raison de trois séries de six vins. Aux dégustateurs de signifier leurs choix en attribuant une note de 1 (vin préféré) à 6 (vin le moins apprécié). Les deux vins ayant le moins de points se qualifiant pour un second tour, à six vins.
Au cours de ce deuxième tour, les deux vins ayant obtenus les meilleurs pointages (où plutôt le moins de points) ont été sélectionnés. Ils seront achetés (je me répète : 120 bouteilles chacun, s’il vous plait) comme témoins du millésime 2014 dans la cave de garde de Johannis.
Voila aussi une difficulté de plus pour les encaveurs : ne pas vendre leur stock de Johannis trop vite,  puisque 120 cols pourraient être réservés début novembre et offerts à l’histoire ! Chose qui explique peut-être pour partie l’absence de caves à notre dégustation, comme celles de Jean-Daniel Favre (La Tornale), Stéphane Remondeulaz (La Bacholle), Simon Maye, Villa Solaris, Jean-Camille Juilland, par exemple.
A cet exercice, notre jury constitué d’une dizaine de dégustateurs(*), a désigné :
le Johannis de la Cave de La Pleine Lune, de Christian Crittin. Il aura été la cuvée qui a le mieux réussie son décollage vers la cave de garde, avec celui de la Cave du Banneret, de Carlo et Jean-Charles Maye.

02 novembre 2015 Chamoson

De gauche à droite : David Carruzzo (Cave La Rameau), Mike Favre (René Favre & Fils), Isabelle Le Coz Herren, François Gauthier, France Massy, Jean-Marc Amez-Droz, Annie Martin-Stefanatto, José Vouillamoz, Geoffrey Bentrari, Jennifer Caro, Denise Crettol, Laurent Probst, Gabriel Tinguely et François Schmaltzried (cave Petite Vertu).


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Outre le millésime 2014, nous avons dégusté quelques cuvées du millésime 2013 et d’années antérieures (jusqu’à un vin de la Cave Orsat millésime 1967).


Les membres du collège de dégustateurs : Dominique Fornage (Président du jury et restaurateur), France Massy (journaliste), Jennifer Caro (sommelière), Annie Martin-Stefanatto (sommelière en Italie), Denise Crettol (restauratrice à la Cave Valaisanne à Küsnacht, ZH), François Gauthier (caviste), Geoffrey Bentrari (sommelier), Gabriel Tinguely (journaliste), José Vouillamoz (ampélologue) et moi.
Pas de fausse note : l’ensemble des vins a été apprécié, et les cuvées ont bien évidemment connu des fortunes diverses. Une cuvée a par contre connu des déboires avec deux bouteilles bouchonnées sur trois. Si le vin de la troisième s’est avéré très apprécié, le souci liégeux des deux premières lui a retiré pour cette année toute chance de pouvoir être sélectionné dans la cave de garde.20151102_115848Mike Favre, vigneron et oenologue de la cave Revé Favre & Fils (rappelons qu’il s’est aussi occupé de l’USOE, et a été Secrétaire Général de l’Association Internationale de Oenologues) reconnait volontiers que la démarche est exaltante, mais qu’elle génère aussi beaucoup d’inconnues. Car le « mode d’emploi » du savoir vinifier un Johannis de garde n’existe pas, chacun y va de sa « recette ».
Question vinification, sur  les dix huit cuvées présentes à notre dégustation, onze nous informaient que la FML avait été réalisée. Un vigneron indiquait : FML à 33 %, quatre vins étaient réalisés sans FML. La question était sans réponse pour deux des vins. Un vigneron contacté par téléphone quelques jours plus tard reconnaissait que la pratique évoluait. Si en 2013 il avait fait la « malo », en 2014 il avait choisi de ne la faire qu’à 50 %. Et de reconnaitre que très certainement, les deux cuvées seraient assemblées au printemps.
Je reviendrai prochainement sur cette dégustation plus en détail.