Le grand virage BIO dans les vignes suisses pour éclipser la chimie ?

Pour beaucoup de vignerons helvétiques, les effets du fongicide (c’est un anti pourriture grise ou botrytis) Moon Privilege, du géant allemand de la chimie, la firme Bayer, sont un fait acquis, et ce malgré les formes différentes des manifestations observées dans les vignes (elles diffèrent selon les cépages principalement).
Car les recoupements convergent toujours vers ce même responsable. Le fait que les effets s’observent l’année qui suit le traitement est certainement une première par contre, et c’est sans doute cet élément qui a rendu la mise en cause de cette molécule si compliqué.
Jusqu’ici, les protocoles internationaux d’homologation se concentraient sur l’année du traitement. Voila sans doute qui sera amené à être revu dans le futur.
Notons que l’OFAG (Office Fédéral de l’Agriculture) a suspendu ce produit (la molécule s’appelle le fluopyram) dès le début du mois de juillet 2015.

Des dégâts sur les feuilles. Mais les fleurs et les baies ont elles aussi été touchées. Plus de 2.250 hectares de vigne sur les 15.000 du pays seraient affectés à des stades différents (diminution de récolte partielle à totale).

Mais, il faudra surtout prouver que le produit suspecté est bien le coupable des dégâts constatés. Devant un tribunal ce ne sera pas chose aisée. Quant à l’obtention de dédommagements, le chemin sera encore bien plus long. Et pour ce qui est d’un arrangement à l’amiable, personne n’ira imaginer qu’une firme possédant la puissance de Bayer puisse l’accepter.

Le crédit photographique de ces six clichés appartient à Baptiste Davadan, vigneron au domaine Steiner (Schernelz, BE) qui m’a transmis ces photographies en date du neuf juin 2015.

De plus en plus de vignerons reconnaissent que la confiance dans le « tout chimique » est rompue, et qu’une prise de conscience s’est faite. La Production Intégrée ? Elle est insuffisante puisque les molécules utilisées peuvent ravager la vigne !

Bref, pour certains, le grand virage vers le BIO relève désormais d’une obligation morale et intellectuelle. Le vigneron redeviendra t-il un terrien, dans le sens où il réfléchit avec sa plante, qu’il l’écoute,  plutôt qu’il n’entend un commercial lui vanter les qualités miraculeuses de telle ou telle molécule ?
Nous le saurons dans les mois et années à venir. Quoi qu’il en soit, j’entends de plus en plus de professionnels me dire : « Cette fois, c’est sûr, je n’hésite plus, c’est le moment de me lancer dans le BIO ». A suivre donc !