Enquête sur le Johannis, la spécialité "made in" Chamoson.

J’étais décidé à proposer une dégustation de Johannis, comme je l’avais fait avec le Calamin il y a quelques mois. Je suis passé à l’acte en ce début de mois de novembre avec les vins de la commune de Chamoson (une commune où l’on délaisse de plus en plus le « berg » de Johannisberg) .
Une dégustation qui aura été organisée de concert avec Jean-Marc Amez-Droz, de l’association valaisanne de promotion des Grands Crus, Isabelle Le Coz Herren (coordinatrice pour l’Association de la Valorisation du Terroir de Chamoson et de la Fondation de l’Homme et du Vin), et Mike Favre président de cette Fondation.
Mais avant de venir à cette dégustation, j’ai souhaité faire le point sur ce que représente le cépage sylvaner aujourd’hui en Valais, car il reste la spécialité blanche la plus plantée du canton. A titre informatif, l’Arvine suit loin derrière avec 177 ha (+138 ha entre 1991 et 2014), suivie par le Savagnin Blanc avec 121 ha (+107 ha dans la même période).

surface du sylvaner en VS de 1991 à 2014

Ce tableau et le suivant, sont des captures d’écran du site du Canton du Valais, et tout particulièrement des pages de son Service Cantonal d’Agriculture.


Depuis 1991, le sylvaner a perdu 25 ha de surface de plantation, ce qui est peu si l’on tient compte des grandes modifications d’encépagement du Valais ces seules quinze dernières années. Mais surtout, on constate sa nette progression (40 ha) depuis l’année 2000 à aujourd’hui. La raison principale étant aussi la très importante diminution du Fendant, qui est passé de 1875 ha en 11991 à seulement 950 ha aujourd’hui !
Relevons que durant cette même période de 1991 à 2014, la viticulture valaisanne a vu la surface de ses vignes diminuer de 360 hectares. Le canton possède néanmoins, et de loin, la plus grande surface viticole du pays.
structure d'âge du sylvaner en VS
Ce deuxième tableau confirme le regain de forme du sylvaner en Valais : en 2014, un quart des vignes est âgé de moins de dix ans, et un cep sur deux à moins de vingt ans. L’âge moyen des plants est de 26 ans. Si l’on compare ces dernières données avec le Pinot Noir, le Chasselas et le Gamay, soit les trois cépages les plus plantés en Valais, on constate que pour ces derniers, moins de 10 % de leur ceps ont moins de dix ans, et que leurs âges moyens sont compris entre 30 et 35 ans.
Sur les 246 hectares de sylvaner en Valais (05% de la surface du vignoble), 220 sont situés dans le Valais romand, et 26 dans le Haut-Valais. La commune de Chamoson comptait en 2010 76,3 ha (18% de son vignoble), soit plus d’un quart de l’encépagement cantonal du sylvaner.
Réputation : le prix de vente du kilo de raisin de sylvaner d’appellation Chamoson (et aussi de vin au litre) est le plus élevé pour ce cépage dans le canton. La réputation du Johannis de Chamoson débuterait dès le début du XXe siècle, et n’a cessé de grandir depuis que le vignoble a cru en taille dans les années 1950.
Le sylvaner fait partie des quelques cépages plantés en Valais qui possèdent la capacité d’être cultivés pour produire des vins secs, moelleux et liquoreux.  C’est surtout des vins secs qui sont réalisés. Si une certaine forme de tradition locale « exigeait » la réalisation de la fermentation malolactique après la fermentation alcoolique, on rencontre des changements d’attitude lors de la vinification.
Ainsi, sur les dix huit vins de cette dégustation, onze d’entre eux annonçaient avoir réalisé la FML pour quatre annoncés sans FML. Un autre « admettait » une FML partielle à 30 %. Deux derniers vins ne nous renseignaient pas sur ce point.
L’une des exigences pour qu’un vin puisse être incorporé à la cave de garde des Johannis de Chamoson, est que le vin soit sec (L’OIV parle de 04 gr au litre dans sa définition).
Les bases sont posées : vin sec, méthode de vinification laissée libre au vinificateur.  Reste à sélectionner deux cuvées parmi les 18 qui nous ont été confiées. Je vous en parlerai prochainement dans un second article.