Calamin Grand Cru : une mémorable dégustation de vieux millésimes

Rasssurez-vous, dans ce second article sur les vins du Calamin je serai bien plus concis que dans l’article de la semaine dernière.

Le temps est, et a toujours été, le seul juge de paix pour envisager sereinement la qualité d’un cru, d’un terroir, bien davantage que la note d’un « gourou ». Au cours de cette dégustation,  les dégustateurs ont pu constater que les vins de Calamin possèdent un indéniable potentiel de garde.

Huit vignerons nous ont offert 14 cuvées sur dix millésimes couvrant quatre décennies sur 50 ans ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au travers de ces vins, le terroir a parlé. Avec brio. Une dernière fois, merci aux vignerons de l’appellation Calamin Grand Cru pour leur participation à ce projet (qui n’est pas terminé pour moi, puisque je proposerai les vins du millésime 2013 à d’autres dégustateurs dans quelques mois).
3/1 Ponnaz & Fils, Cully , 2009 : Robe très jeune, nez intense sur des arômes de fleurs, de miel d’acacia et aussi de pâte de coing. La bouche est fraîche, fringante, offrant beaucoup de finesse. Un vin qui n’est pas extrêmement persistant en bouche, mais qui possède beaucoup d’élégance. L’amertume finale est discrète.DSC_0658
3/2 : Gaillard & Fils, Epesses, 2009 : Robe or, nez floral et miellé, avec un soupçon de menthol, de poivre aussi. La bouche est consistante, dense et fraîche. Ici aussi, l’élégance et la finesse de ce vin sont relevées. Comme pour le vin précédent, la longueur en bouche est également jugée un peu courte. Sur la finale on relève une discrète note citronnée et un caractère minéral. L’amertume finale est discrète.
3/3 : Louis Fonjallaz, Epesses, cuvée La Ronce, 2005 : Un peu d’évolution peut-être, mais ce vin est racé, très frais et d’une grande finesse. J’aime beaucoup la compléxité dont il fait montre. Le nez évoque la fleur d’oranger, la cire d’abeille. La bouche possède du volume, un joli gras, un caractère minéral affirmé avec une note saline marquée. La finale est longue, légèrement poivrée. Mon premier coup de coeur de la série !cuvee la ronce
3/4 : Louis Fonjallaz, Epesses, cuvée La Ronce, 2003 : Robe jaune, très légèrement trouble. Le nez n’est pas des plus expressifs. On perçoit une note d’évolution qui évoque l’encaustique, et une autre miellée. La bouche est fraîche, dense, elle semble manquer un peu de finesse. Est-ce l’effet millésime ?  Peut-être que cette bouteille a eu un petit problème de bouchon ? Son apparente évolution contraste aussi avec sa fraîcheur et un CO2 encore très présent.  Mais ce vin est apprécié. Il offre une belle longueur finale où l’amer est bien marqué.
3/5 : Pascal Fonjallaz, Epesses, 2002 : Robe d’une jaune encore pâle. Le nez évoque les fruits jaunes, le poivre. Le carbonique est très fin. il apporte un supplément de fraîcheur à ce vin assez tendre (mais pas mou !). L’équilibre en bouche est très bon, la longueur aussi. Une cuvée qui file vers ses treize ans et qui se porte à merveille. Très apprécié.
3/6 : Marc-Henri Duboux, Riex, 2000 : en raison d’un problème de bouchon, certains d’entre nous avons choisis de déguster ce vin en dernier. La matière laisse entrevoir une belle richesse. L’évolution du bouchon a sans aucun doute provoqué l’évolution de ce vin qui possède des notes d’encaustique marquées. Le caractère minéral est net, avec une finale saline puissante. La matière avait réussie à conserver une belle fraîcheur.
3/7 : Pascal Fonjallaz, Epesses, 2000 : Robe à l’évolution lente, elle parait encore jeune. Le nez évoque la réglisse, la fleur d’oranger, mais aussi une petite note lactique. La bouche est élégante, grasse, fraîche et fine, avec un bel amer en finale. Un vin complexe et équilibré, et qui devrait continuer à vieillir et à se complexifier tant il donne l’impression de n’avoir pas tout livré encore. Très apprécié.DSC_0661
3/8 : Frédéric et Jean-François Hegg, Epesses, 2000 : note fumée au nez, de massepain aussi. En bouche, une sensation de rondeur se concrétise par une autre considérée comme sucrée. L’ensemble conserve finesse et fraîcheur, le vin est puissant. L’amer final n’est pas considéré comme « intrusif ».
3/9 : Louis Fonjallaz, Epesses, cuvée La Ronce, 1999 : Un vin puissant, concentré, poivré, mais tonique et frais, aux arômes un peu retenus, mais peu évolués (un caractère plutôt floral et fruité). Le seul bémol aura été le fait que ce vin apparaisse un peu asséchant en finale. Jolie longueur.
3/10 : Antoine Bovard, Cully, 1996 : Joli nez, expressif, aux accents floraux et de champignons blancs, mais aussi de Maggi, très discrètement et de tabac blond. La bouche est suave, ciselée par une belle acidité. Un vin qui possède du corps et de la maturité, de la finesse et une très jolie longueur. Très apprécié. Un dégustateur évoque une similitude avec un riesling.
3/11 : Marc-Henri Duboux, Riex, 1996 :  Le nez est intense . Il évoque une belle maturité, et une légère évolution avec une note de coing. En bouche, l’équilibre est splendide, tout comme la fraîcheur et la finesse. La finale est typée, par la présence de cette amertume caractéristique, et aussi par une note saline qui apporte complexité, élégance et race par son caractère minéral. Très belle longueur finale. Coup de coeur.
3/12 : Marc-Henri Duboux, Riex, 1982 : Nous changeons de décennie et faisons un saut dans le passé de seize ans (nous ne le savons pas encore, la dégustation se déroule toujours à l’aveugle). Le nez offre des notes lactées, de champignon blanc. Si la fraîcheur est là (acidité bien marquée et pas envahissante), et la finesse présente, le corps du vin manque un peu de squelette et cela se ressent sur la complexité. La longueur est honorable.20150420_171733
3/13 : Vincent Duboux, Epesses, 1966 : Robe évoluée aux allures de Cognac encore jeune. La complexité au nez avec remarquable : pâte d’amande fleur d’oranger, puis de noix, d’encaustique, de caramel au beurre salé, et d’écorce de citron. La bouche possède un peu de rondeur, une superbe finesse, beaucoup de fraîcheur, un équilibre souverain et une longueur phénoménale : cette cuvée fait la queue de paon !
Un très grand vin, avec ce supplément d’âme qui en fait un vin d’émotion, et pas seulement parce qu’il approche de ses 50 ans d’âge ! La finale développe un caractère salin. L’émotion est palpable autour de la table, ce vin reflète une certaine forme d’harmonie, d’osmose entre le terroir, le millésime et le vigneron. Une classe à part.20150420_1708223/14 : Vincent Duboux, Epesses, 1965 : Ici aussi, la complexité est de mise. Arômes de fleur d’oranger, de noix, de coing et de champignons. La bouche est marquée par la présence d’une remarquable acidité, intégrée, qui confère une très belle fraîcheur à ce vin équilibré, dont la matière était faite pour supporter cette acidité. Très belle longueur. Un autre très grand vin !