330 bouteilles de vin ont été plongées dans le Léman ce matin

immersion

La caisse de métal galvanisé est cadenassée. Jean-Pierre Pastori espère que les nombreux plongeurs qui viennent s’exercer sur le site, n’iront pas se servir avant la remontée des bouteilles.

bouteilles en cageJ’ai été convié ce matin 16 janvier 2014 à assister à une expérience étonnante : la plongée à vingt mètres sous le niveau du Léman, à quelques mètres du Château de Chillon, d’un caisson métallique galvanisé contenant 330 bouteilles de vin : le Badoux Brut de la maison Henri Badoux, le Clos de Chillon, un vin de chasselas vinifié et élevé en barriques dans les caves du Château de Chillon et quelques bouteilles du Pinot Noir Lettres de Noblesse millésime 2011.DSC_0122Nous aurons eu de la chance : pas de vent, une température pour le moins douce, et surtout pas de pluie. C’est donc à l’heure que notre batelier nous aura fait faire le tour du Château de Chillon pour prendre position et assister à l’immersion du caisson métallique et de ses précieuses bouteilles.

Une expérience un peu « barge » a été (re)lancée ce matin au Château de Chillon. Ici, l’équipe technique se prépare à l’immersion du caisson.

plongeur en action

Le plongeur a une ceinture de plomb à défaut d’une poitrine siliconée. Non, mais à l’eau quoi !


immersion du caisson II

Le caisson va être placé à 20 mètres de profondeur, ancré contre la falaise qui descend à pic.


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Vue depuis le lac sur le Château de Chillon. Ce site culturel Suisse a reçu la visite de près de 350.000 personnes l’an passé !

Nous avons été accueillis par Messieurs Jean-Pierre Pastori, conservateur du Château de Chillon, Kurt Egli, directeur de la maison Henri Badoux à Aigle, et Daniel Dufaux, l’oenologue responsable de la vinification et de l’élevage des crus de cette maison. Avec eux, messieurs Joël Steiniger de la société Intrasub, qui a procédé à l’immersion du caisson, et Jean-Paul Gaud, « bouchonnier » genevois, qui a fourni les bouchons pour cette expérience.

De  ces bouchons, parlons-en. Lors de la première expérience, il y a trois ans, ils avaient été la cause de l’échec, par manque de préparation peut-être. Ils s’étaient enfoncés dans les bouteilles et le Léman avait été très faiblement coupé avec du chasselas (les poissons sont largement restés sous la barre des 0,5 pour mille rassurez-vous).
Pour cette nouvelle tentative, Jean-Paul Gaud -dont la société n’avait pas pris part à la première expérience- a réalisé un travail spécifique pour donner un maximum de chances de succès à cette entreprise :

  • par un traitement de surface sur les bouchons, à base de silicone,
  • un diamètre d’un à deux millimètres plus large que pour le bouchage habituel d’une bouteille. La longueur des bouchons est de 49 mm contre les 40 habituels,
  • la qualité du liège elle-même, possédant une très haute densité.

Tous ces efforts ont été faits dans le but d’obtenir une étanchéité maximale. La maison Henri Badoux a ajouté une couche de cire sur le bouchon et le haut des bouteilles. Daniel Dufaux ajoutant qu’il espère que cette couche de cire apporte un supplément de protection pendant la descente du caisson. Enfin, les bouteilles sont exemptes d’air, les bouchons sont donc en contact permanent avec le vin, mais surtout l’air ne peut plus provoquer une contre pression.
Si le Badoux Brut n’a subi de changement de bouchon (opération trop compliquée que celle du changement de bouchon pour un vin mousseux), les vins du Clos de Chillon ont eu droit pour leur part à un traitement particulier. Outre le fait que l’air ait été totalement retiré, le vin a été conditionné avec deux types de bouchons différents, l’un de forme classique, l’autre ayant la forme d’un bouchon de Champagne (ce qui devrait l’empêcher de glisser dans la bouteille).

Les vins tels qu'ils ont été immergés. A gauche, un vin "tranquille" de chasselas dans un flacon de vin effervescent.

Les vins tels qu’ils ont été immergés. A gauche, un vin « tranquille » de chasselas dans un flacon de vin effervescent.


Comment ces vins vont-ils se comporter et vieillir dans ce milieu ? Nul ne le sait. Désormais, il s’agit de s’armer de patience. Le plongeur ne reviendra pas vers la caisse avant deux ans pour y prélever les premières bouteilles. Si tout venait à bien se dérouler, l’expérience pourrait aller jusqu’à dix ans d’immersion.