Visite à la cave Daniel Magliocco et fils (Mikaël)

Voici le compte rendu de ma récente visite  d’une nouvelle cave chamosarde (à St-Pierre de Clages précisément), où j’ai rencontré Mikaël Magliocco, un jeune homme qui reprend peu à peu la cave familiale créée par son père Daniel. Il est déjà le seul décideur en cave sur les aspects techniques de vinification et d’élevage des vins.

Mikaël Magliocco

Mikaël Magliocco, ici photographié lors de la 5e Glorieuse à Martigny.

Mikaël est un œnologue formé à Changins. Il possède de toute évidence une vision très claire de son travail et de l’identité recherchée pour ses vins. J’ai beaucoup apprécié le style de ses vins blancs (le millésime y participant aussi). Ils sont fruités, très frais, équilibrés et dotés d’une finesse indiscutable. Le vinificateur a renoncé pour eux à la seconde fermentation, même pour le Johannisberg, chose rare à Chamoson, pour ne pas dire « contraire » aux habitudes.
De forts jolis vins blancs donc, mais les vins rouges dégustés ne m’ont pas semblé être en reste. Ils possèdent du style eux aussi. Mikaël les veut puissants certes, mais surtout digestes, agréables à boire, ce qui m’a paru être le cas.

Un mot sur le joli carnotzet de dégustation, que je n’ai pourtant pas pris en photo (voir sur le site Internet dont le lien est situé en bas de page). Il est construit à l’extérieur de la maison, légèrement surélevé par rapport à la route située à quelques mètres (et sans aucun doute placé sur une partie de la cave, enterrée). C’est un espace moderne, élégant et convivial, généreusement vitré et qui possède nombre d’éléments boisés clairs.
Les vins dégustés :
Fendant 2012 : Joli nez floral, avec également une note anisée. Un vin tout en fraîcheur, fin, d’un bel équilibre, long, avec une discrète note minérale en finale. Un joli fendant, fort élégant.
Johannisberg 2012 : pas de FML pour ce Johannisberg de Chamoson, ce qui est une décision rare pour ce vin du cépage sylvaner, et l’habitude locale qui fait que les vins réalisent les deux fermentations. Arômes nets, bien qu’encore discrets, de poire, d’amande. La bouche se présente sur une très belle fraîcheur, mais du gras arrive en milieu de bouche. C’est un Johannis élancé, mais pas svelte, fort d’une finesse indéniable, équilibré en bouche, la finale se ponctue sur un léger amer, mais de qualité. Une « expérience » de Johannisberg sans FML intéressante et sans aucun doute réussie. A revoir.
Chardonnay 2012 : bouche franche, équilibrée, le gras de ce vin est bien équilibré par l’acidité du cépage. Bonne longueur. Un vin typé par son cépage, avec une vinification et un élevage épurés, pour rester certainement au plus près du fruit.
Petite arvine 2012 : des raisins ramassés en deux tries, légèrement caillés. Le nez m’a paru surtout floral (peut-être pas la fameuse note de glycine traditionnellement retrouvée avec ce cépage). En bouche, une fois encore beaucoup de fraîcheur. Cette bouche est typée, fine, le fruité apparait, Mikaël Magliocco le considère comme étant croquant, et ma foi je suis d’accord sur ce terme. Agréable perception minérale en finale avec la salinité qui apparait. Une PA à la fois fraîche mais équilibrée.
Païen 2012 : caractère épicé au nez marqué, mais aussi de fruits jaunes mûrs. La bouche est vive, belle attaque, tonique. Le milieu et la fin de bouche laissent la matière se développer, avec du gras. Belle longueur sur un retour de fruit (le citron) et bel équilibre. Un vin donc vif mais puissant.
Gamay 2012 : un vin tonique, porté par une jolie acidité, mais les tanins ne sont pas en restent, ils sont mûrs, serrés. Jolie expression aromatique : fruits rouges, chocolat, fumée, grillé. Un vin certainement marqué autant par son cépage que son terroir. Rappelons que ce gamay a gagné voici 18 mois sa catégorie au concours du Grand Prix des Vins Suisses.
Pinot Noir 2012 : Une robe rubis claire (de pinot noir !), un nez fin, avec des notes florales et fruitées. Les tanins sont très fins, denses et sans dureté. La fraîcheur est indéniable, tout comme la finesse en bouche. Jolie longueur.
Humagne rouge 2012 : Au nez, une expression florale s’exprime avec intensité, mais aussi une note de réglisse. La profondeur de la robe est peu intense.La bouche est concentrée, puissante, longue. Une humagne qui me parait typée, et dont j’apprécie la finesse en bouche.
Cornalin 2012 : Belle robe sombre. Fruité mûr au nez. Bouche structurée mais équilibrée, avec des tanins mûrs. Elle possède une fort belle finesse et de la fraîcheur. Un vin puissant mais élégant et long. Gourmand aussi. Un beau cornalin.
Merlot 2012 : joli fruité, complexe. Bouche agréablement structurée, fraîche, bâtie sur des tanins ronds, gras et mûrs. Belle longueur. Une jolie expression de ce cépage, plutôt typée, pour laquelle la fraîcheur relevée est étonnante et un vrai gage de qualité pour le vieillissemnet futur de ce vin.
Syrah 2011 : Élevée en barrique durant une année, elle a séjourné en cuve depuis jusqu’à sa mise qui a eu lieu voici un mois. Ici aussi, voici un vin puissant, concentré, pour lequel une fois encore je relève une fort belle finesse. Jolie longueur finale. Une syrah élevée dans des fûts de chauffe moyenne. Le boisé est intégré. Tout semble déjà en place, potentiel y compris pour en faire une très belle syrah dans le futur.
Nous terminons sur un vin blanc :
Ermitage 2011 : des vignes de cinquante ans, une parcelle de 2000 m2 située dans les coteaux de Chamoson (les Hauts de Cry) et non pas sur le cône. Taille gobelet. Même mode « opératoire » que pour la syrah pour ce qui est de l’élevage. Joli nez sur des notes florales intenses et d’eau de vie de framboise. Sensation de maturité et de fraîcheur en bouche. Un Ermitage racé et élégant, long, de haut niveau !
Mikaël Magliocco m’a parlé aussi des rendements de ses vins pour lesquels il avoue ne pas être obnubilé par une recherche de rendements dérisoires. Ici, ils sont de l’ordre de 750 gr au mètre carré.Magliocco Ermitage 2010
L’ensemble des vins dégustés a été embouteillé voici un mois. Qu’ils soient de 2011 (élevage en barrique)  ou 2012 (cuve). Les Magliocco ne réalisent qu’une seule mise annuelle. Celle-ci une fois faite, il ne reste en cave que quelques vins du millésime précédent qui attendront l’année prochaine pour être embouteillés à leur tour.
Une cave qui mérite d’être « surveillée » avec attention par les amateurs, il y a un potentiel qualitatif en cours « d’extraction » évident. Une fort belle découverte. Merci Mikaël pour ton invitation.
 
Les coordonnées de la cave :
Daniel Magliocco et Fils
Av. de la Gare 10
1955 St-Pierre-de-Clages (VS)
Tel : +41 27 306 35 22
Mail(s): mikael(at)maglioccovins.ch ou daniel(at)maglioccovins.ch
Et le site Internet : www.maglioccovins.ch