Mémoire & Friends 2013 : les dégustateurs sont lâchés dans le Kongresshaus (I) : les vignerons valaisans

Thierry Constantin. J’avais bien poussé au Pont-de-la Morge lors des caves ouvertes de mai, mais je connais les vins et l’homme. Une seconde dégustation ne pouvait pas me faire de mal ! Trois blancs du millésime 2012. Le sauvignon blanc est un monument pour ce cépage. Loin devant tout ce que j’ai pu déguster depuis bien longtemps. Maturité, finesse, expressivité, équilibre et longueur. Tout y est. Il est au top! La petite arvine est typée, saline, fine, c’est un très joli vin également. Le Païen (savagnin), est encore sur la réserve aromatiquement, mais la bouche est déjà précise. Offrons lui du temps.
La cave Provins : Je déguste avec Samuel Panchard deux crus du millésime 2012 : La petite arvine de Fully Maître de Chais Réserve Spéciale est très belle : vineuse, fraiche, fine, expressive et longue. Le Heida (ou Païen, donc un vin de savagnin) est encore marqué par son boisé, mais la finesse de la matière est indéniable, tout come la fraîcheur. Deux vins qui devraient s’améliorer dans les mois à venir, encore que, la PA est déjà remarquable. Je déguste un troisième cru, un assemblage blanc : Le Domaine du Chapitre, Crus des Domaines 2008. Un vin très fin et subtil, très jeune aussi. Un assemblage de cépages valaisans : amigne, Humagne blanche et Petite Arvine. Peu d’assemblages en Suisse atteignent un tel niveau qualitatif semblable à ma connaissance. La cuvée Amédée VI de Raymond Paccot pour vous donner un exemple de grand vin blanc d’assemblage.
Jean-Louis Mathieu (Chalais) : Ici je déguste un vin de Johannisberg (sylvaner) 2012. Issu d’une vieille vigne de cinquante ans d’âge. Nez un peu fermé (rien que de très normal à ce stade proche de la mise en bouteilles pour un Johannisberg), la bouche se présente avec de la fermeté, de la fraîcheur, de la typicité et une belle longueur. La petite arvine 2012 est franche, fine, un peu lourde peut-être actuellement. Il reste quatre grammes de sucre résiduel, mais quand les levures ne veulent plus rien savoir, voila ce qui peut arriver. Le sauvignon blanc du même millésime et frais et fruité, mûr, avec des notes d’agrumes. Il ne possède pas la finesse du sauvignon de Thierry Constantin, mais c’est la seule petite retenue à avoir, car c’est un bien joli vin quand même
Cave La Romaine (Flanthey) : Edith Briguet est toujours aussi chaleureuse. Elle me fait déguster une humagne blanche 2012 splendide. Quel fruit. C’est si rare de déguster une humagne à ce point démonstrative (elle évoque dans mon souvenir celle de la Cave du Bosset, dégustée aux caves ouvertes valaisannes). Une humage avec un très beau potentiel. Un autre vin blanc : la marsanne 2012. Mûre, possedant de la vivacité, de la fraîcheur, c’est un vin élégant et persistant.
Domaine de Montzuettes (Flanthey) : Ici une humagne blanche 2012, avec un autre style, ce qui est bien normal. Elle étonne par sa vivacité, alors que la deuxième fermentation a été réalisée me dit Charles-André Lamon. Un vin expressif, frais, fin et long Belle réussite également. La petite arvine 2012 est elle aussi très agréable. Fraîcheur, fruité, élégance, longueur. Les ingrédients pour un beau vin sont là. Quant à Charles-André Lamon, j’ai eu plaisir à le voir en bonne forme, alors que l’an passé alors il avait eu des pépins de santé.
Domaine Cornulus (Savièse) : on connait le niveau qualitatif de cette cave valaisanne, qui est indéniablement dans le haut du panier du canton. Dany Varone est un grand vinificateur et cela se sent dans les vins. Mais il faut surtout une conduite des vignes à la hauteur. Le chasselas VV Clos de Corbassières 2012 est un seigneur avec un grand caractère. Aujourd’hui, le nez est encore fermé. La bouche ne se livre pas complètement. Qu’à cela ne tienne, je connais cette cuvée, et ce millésime devrait dans quelques mois et années (pour les plus patients) livrer un cru de haut niveau.Ce vin est déjà fort persistant en bouche. La petite arvine 2012 du Clos de Mangold se présente avec toute la finesse que les vins de ce clos peuvent possèder (un terroir de gypse). Fruitée, elle possède un caractère minéral affirmé. C’est une très belle PA. L’Ermitage Vieilles Vignes Clos des Corbassières 2011 est un vin de grande garde. Riche, mûr, vineux, puissant A savoir attendre.
Cave La Rodeline (Fully): Claudine et Yvon Roduit sont là avec quatre vins blancs. Un chasselas digeste et minéral : la cuvée Les Terrasses de Fully 2012 (à ne pas confondre avec la cuvée éponyme de la cave Jean-René Germanier à Vétroz). L’humagne blanche Raffort (Fully) 2012 : quelle finesse déjà pour ce vin. Beaucoup de fraîcheur et d’équilibre en bouche et une belle longueur. Décidément, ce millésime 2012 semble offrir aux amateurs de ce cépage des vins de grande classe. Une petite arvine : la cuvée Perronne 2012, dont la vigne se trouve à Leytron. La seule PA de la cave élevée sur un sol calcaire. C’est une autre PA complète, expressive, fine, équilibrée et longue. Enfin, la Marsanne Les Claives (Fully) 2011 : hormis un petit caractère boisé encore perceptible aujourd’hui, après 20 mois d’élevage, cette marsanne est déjà épatante pour un vin de garde. Ici aussi, un grand potentiel de garde s’annonce. À 28 CHF, c’est en prime un superbe rapport qualité-prix.
Cave des Amandiers (Saillon): d’Alexandre Delétraz. Voici une des jeunes pousses parmi les plus prometteuses du Valais. Ce jeune homme est volontaire et méticuleux. Il est venu à Zurich avec deux petites arvines. La première est issue du millésime 2012. Un vin fruité, fin, puissant, légèrement gras, long et typé. La seconde est l’arvine Les Seyes 2010. Typée, saline, elle est fruitée, grasse mais aussi marquée par son élevage en barrique. Alexandre dit qu’il a déjà appris de ses « erreurs » pour aller vers plus de naturel à l’avenir. Il proposait aussi une amigne de Leytron 2012. Un vin typé avec des notes d’écorce d’agrumes. La bouche est franche, puissante, vineuse, avec une finale qui est étonnamment saline. Joli.
Benoît Dorsaz (Fully) : Très belle petite arvine Les Perches 2012, terriblement naturelle, d’une grande finesse. La cuvée Quintessence 2011 est dense, fruitée, à peine marquée par son élevage en barrique. Quelques années de garde ne lui feront pas peur. L’équilibre est superbe. Je re-déguste une nouvelle fois la cuvée L’instant Volé 2005. Un liquoreux de petite arvine élevé de façon oxydative. Un vin magique, fascinant.
Cave du Chavalard, Gilles Carron (Fully) : un fendant de Fully 2012 très fin, délicat, floral. Une petite arvine de Fully 2012 bien dans le millésime : expressive, fine, fraîche, équilibrée, peut-être un peu tendre en finale (mais sèche). Enfin, un Ermitage flétri de Fully GC 2011. 150° Oe. De la fraîcheur, du fruit, un bon équilibre et une bonne longueur. Gilles a souhaité conserver un vin digeste plutôt qu’une cuvée bodybuildée.
Cave Gérald et Patricia Besse (Martigny) : un chasselas de terroir irréprochable : la cuvée Les Bans 2012. Superbe. La petite arvine 2012 est racée, j’aurais envie de dire « comme à l’accoutumée ». Note de pomelos qui domine, ce vin sans malo est tendu, frais, long, équilibré. Comment lui résister ?
L’Ermitage Les Serpentines Vieille Vigne 2011 a un boisé encore un peu marqué, mais l’équilibre en bouche est là. A savoir attendre.
Dominique Passaquay (Monthey) : Les vignes de ce vigneron dont la cave est dans le Chablais valaisan se trouvent quant à elles à Saxon, sur la rive droite. Je ne connaissais pas ce vigneron, hormis de nom. Il est étonné du nombre de journalistes et blogueurs présents. D’emblée il m’annonce : « si je vois des fautes d’orthographe sur le blog, je me barre »! Bien, je vais faire doublement attention donc.
Le vigneron me fait déguster son pinot blanc Cirrus 2012 pour commencer. Et j’ai beaucoup aimé. Il est rare de déguster un pinot blanc de ce niveau. Il est fin et frais, expressif, avec un joli toucher de bouche. Bravo. Le Viognier 2012 est remarquable. Je glisse spontanément trois +++ à côté de mes courtes notes. J’aime ici aussi le toucher de bouche qui en fait un vin très sensusel et délicat. Le fruité est agréablement expressif. Le chardonnay 2012 a été élevé en barrique huit mois durant. Il est fin et expressif, manquant peut-être un peu d’éclat, de vivacité en finale. Quoi qu’il en soit, il y a une ligne évidente, claire dans les choix de l’éleveur. Des vins inspirés. Je déguste encore deux pinots noirs, toujours en 2012. J’ai un peu de peine avec la cuvée Le Montet. Les tanins sont un peu durs ou revêches. Une question de température ? La cuvée Fontannes est élevée en barrique. Le fruité était net, le vin fin, délicat et de belle longueur. Pour finir, Le Merlot les Condemines 2012, typé par le cépage, avec des tanins un peu granuleux qui vont demander du temps pour se fondre.
Cave Jean-René Germanier (Vétroz) : Fendant Balavaud GC 2012, fin, équilibré, avec un joli gras en bouche. Une Amigne Balavaud GC 2012, sèche, mais avec un petit gras qui l’enveloppe. Elle n’est pas dénuée de tension, l’effet millésime 2012 joue a plein. La syrah Cayas 2010 est un vin en devenir, jeune, concentré, mais fruité. Elle fera son chemin. Le Cornalin 2012 est fruité, concentré et porteur d’un bel équilibre qui en fait un vin gourmand. Pour finir, l’Humagne rouge 2011 m’a plu par sa densité, son soyeux en bouche, sa finesse et la sensation de maturité qu’elle offre.
 
Le lien avec la part II (les vins vaudois)