Caves ouvertes en Valais 2013 (I) : à Vétroz

Je n’avais qu’une journée à consacrer aux caves ouvertes en Valais cette année.
J’ai visité  quatre caves et vignerons du groupement des vignerons de Vétroz : Thierry Constantin, Romain Papilloud (Cave le Vieux Moulin), Blanca Imboden-Mounir (Cave Régence Balavaud) et enfin Joëlle et Gilles Besse (Cave Jean-René Germanier) avant de me rendre à Chamoson, pour y rencontrer Stéphane Remondelaz et découvrir une partie de ses vins, saluer rapidement Jacques Disner et, enfin, aller à Leytron pour rendre visite à David Rossier et à Romaine et Christian Blaser Cave Le Bosset). Un deuxième article sur ces autres caves fera suite très vite à celui-ci.
Chez Thierry Constantin (Pont-de-la-Morge) :
un joli fendant 2012, riche, fin, frais, floral au nez, davantage minéral en bouche. Une petite arvine 2011 puissante, fraîche avec des notes florales dont la glycine. Belle structure mais aussi un très bel équilibre grâce à l’acidité naturelle du cépage. Beauregard blanc 2011, voici un sauvignon blanc élevé 12 mois en barrique, mis en bouteille durant l’automne passé. Une petite boisée au nez (vanillée), puis le fruit apparait, bourgeon de cassis, un caractère variétal discret aucunement gênant ni caricatural. Bouche grasse mais fraîche, voire même élancée. Belle longueur.
Le gamay 2012 : bien que jeune, ce gamay s’avère déjà expressif au nez avec des notes fruitées de belle intensité. La bouche est gouleyante, franche. Un gamay jovial, mais qui méritera une petite année de garde pour s’affiner un peu. Les Maggières 2012, c’est une humagne rouge. Un vin typé, de belle maturité, concentré, dont j’ai bien apprécié la qualité des tanins. Petits rendements : 400 gr au mètre carré. Le vigneron aura tout fait pour rentrer une humagne mûre, me disant que la vendange verte aura vu plus de récolte au sol que dans la cuve. Aguares 2010, voici le cornalin de la cave. Un vin qui aura connu une année d’élevage en barrique, puis six mois de cuve avant la mise. Fruité mûr avec des notes de sureau, de cerise noire. La bouche est ample, fraîche et digeste, longue. Les tanins sont sans dureté. Il doit posséder un joli potentiel ce cornalin.Thierry Constantin
Nous finissons avec la cuvée Larme de Décembre 2010 : concentration toujours exceptionnelle pour ce liquoreux issu du seul cépage sylvaner.  Notes de melon, d’ananas, d’abricot, de citron confit (en finale), bouche très grasse, riche, mais portée par une acidité équilibrante. Grande longueur. Un liquoreux de grand volume et de grand potentiel pour lequel Thierry m’avait convié voici bientôt 18 mois à une verticale exceptionnelle (voir article ici).
Poursuite de ma route dans la commune de Vétroz où je réalise trois arrêts.
Cave du Vieux Moulin, chez Romain Papilloud et famille.
Joli fendant 2012 du terroir Amandoleyre. Un millésime 2012  fin bien qu’assez marqué par le CO2 et au fruité réservé (proximité de la mise certainement). Par contre le caractère minéral et évident. Les vins servis sont très froids en ce début de journée de jeudi. Cela se ressent avec l’Amigne 2012. Une abeille pour cette amigne, soit moins de 07 gr de sucre résiduel. Ici aussi, un peu de Co2, un nez discret. La bouche semble pourtant typée par le cépage et fraîche. A revoir.  Sensation similaire pour la petite arvine 2012, qui semble typée, minérale, mais un peu serrée à ce stade. Elle va nécessiter d’un peu de temps pour s’épanouir. La Marsanne 2011, est franche, dense mais sans lourdeur, avec un bel arôme d’eau de vie de framboise qui domine. Un vin puissant, fin, avec du potentiel. Le gamay 2012 est bien construit, concentré, les tanins sont serrés, il va demander un peu de temps pour se polir. Le cornalin 2012 est lui aussi bâti sur des tanins puissants et denses, les arômes sont actuellement pas très expressifs. A revoir si possible. Romain PapilloudEnfin, voici la cuvée l’Amignonne. Un vin mousseux qui a été réalisé uniquement à base du cépage Amigne. Beaucoup de fraîcheur. Ce vin brut est plutôt proche d’un équilibre extra brut (et j’aime ça). Les bulles sont bien présentes, un peu grossières, ce qui n’entache en rien le caractère jovial de ce vin. On se prend à rêver de le voir élever plus longtemps sur lattes et pourquoi pas vinifié en barrique pour lui apporter un peu de complexité supplémentaire et de corps aussi. Coup de coeur !
Cave Régence Balavaud :
Fendant 2012 « Rêverie ». Un fendant riche, floral, très fin en bouche, en dépit d’une température de service un peu élevée. Jolie longueur. Païen 2012 : fruité mûr (fruits jaunes), bouche structurée, vineuse, longue. Un vin qui possède un beau tempérament et qui a du fond. Petite arvine 2012 : clairement bousculée par la mise, cette PA a à ce stade une bouche qui n’est pas en place. De la fraîcheur, mais l’équilibre n’y est pas encore. A revoir. Amigne 2011 RR : une abeille, donc une amigne sèche,  élevée en barrique, un peu vanillée au nez, un peu plus en bouche. Puis les arômes d’agrumes apparaissent, ici aussi un vin qui a du fond, du gras, ample mais sans lourdeur, avec une petite note épicée en finale. Un joli vin d’amigne qui devrait patienter en cave deux ou trois ans.
Une dôle 2011 plaisante, car fraîche et gouleyante, fruitée bien sûr. Jolie humagne rouge 2011 qui recèle bien du fruit, de la concentration, des tanins mûrs, de la finesse et un bel équilibre général. Très apprécié la syrah 2011 issue d’un assemblage du même vin élevé en cuve pour moitié et en fûts pour l’autre. Un vin épicé, puissant, équilibré, qui fait montre d’un jolie potentiel et d’un caractère affirmé. Je déguste encore le Merlot 2012, en cours d’élevage (la mise sera réalisée en septembre). Il est puissant mais souple en bouche, je trouve ce vin bien typé par son cépage et agréablement fruité.  J’avais bien pensé m’arrêter à une demi douzaine de vins à chaque cave pour tenir mon « programme », mais Blanca Imboden-Mounir m’a offert une belle cadence de présentation de ses vins que j’ai pu me permettre d’en déguster encore quelques autres, dont deux cornalin.
Le cornalin 2011 est agréablement fruité, un peu souple en bouche peut-être à l’attaque, mais le corps se révèle en milieu de bouche. Avec 800 gr de rendement au mètre carré, ce serait bien le diable que ce vin paraisse maigre. Le cornalin RR 2012 est en cours d’élevage. Il sera mis en bouteille en fin d’année. Puissant, concentré et fruité, ses tanins vont demander un peu de temps pour se polir. Je termine la dégustation avec un vin de gamaret « VT » 2012 : Savarone. Ce gamaret récolté en surmaturité a conservé des sucres résiduels (ce n’est donc pas un vin muté). Arômes de fruits noirs -très mûrs-, la bouche est concentrée, grasse, les tanins sont très fins, serrés. Un vin surprenant, mais élégant. La Régence Balavaud est une cave, mais aussi un restaurant, et elle possède quatre chambres d’hôtes. Blanca Imboden-Mounir

 Blance Imboden-Mounir, de la cave Régence-Balavaud.

A 300 m de là seulement, nouvel à la cave Jean-René Germanier :

Gamay Vespae 2012 (terroir de Bovernier) : un peu discret à l’attaque, ce gamay se révèle lui aussi en bouche, où sa masse tannique apparait en milieu de bouche. Il a du fruit, il est digeste, typé, friand. Syrah Cayas 2003 : note de cassis puissante au nez, la bouche est structurée, puissante, la patine a affirmé la finesse des tanins. J’opterai malgré ces éléments positifs pour un passage en carafe avant le service afin que ce vin s’exprime davantage, car il me parait encore sur la réserve. Si je n’ai pas été séduit par le cornalin 2010 qui m’a paru un peu mou, j’ai vraiment très apprécié la cuvée Champmarais 2008. Un trésor de finesse, un caractère minéral (note de graphite) pour ce cornalin. Du fruit aussi, un peu de boisé (touche toastée discrète au nez). Beaucoup d’équilibre de fraicheur et de longueur. Un très beau vin, ainsi que l’humagne rouge 2010, elle aussi est légèrement boisée, mais en bouche elle est d’une grande fraîcheur, élégante, typée et équilibrée.

Je termine avec le chasselas Clos de la Malettaz et deux millésimes : le 2011, très fruité, fin, légèrement gras se termine sur une note miellée. Le millésime 2010 est plus minéral, plus fin aussi (une année de patine en bouteille supplémentaire y contribue). Bel équilibre en bouche et belle longueur.

Je suis toujours impressionné par la qualité des chasselas de cette cave, qui bien que produits dans des volumes conséquents (jusqu’à 100.000 litres pour la cuvée Les Terrasses) font partie du haut du panier des chasselas du Valais. Et bien sûr, ils sont tous trois (avec le Balavaud GC) complémentaires. Bravo !Joelle et Gilles BesseGilles et Joëlle Besse.

 Un article sur les vins dégustés à Arvinis auprès d’André Fontannaz, autre vigneron vétrozain, suivra prochainement.
 
Pour accéder au site internet de chacune de ces caves, cliquez sur leur nom :
Thierry Constantin,
Cave du Vieux Moulin (Romain Papilloud),
Cave Régence Balavaud (Blanca Imboden-Mounir ),
Cave Jean-René Germanier (Gilles Besse).