20 ans de cave avec Pierre-Yves et Jean-Luc Kursner et Paolo Basso en invité d'honneur

Les frères Pierre-Yves et Jean-Luc, représentent la troisième génération de la famille Kursner. Voici 20 ans déjà qu’ils ont reçu les clefs de l’entreprise des mains de Willy, leur père.
C’était l’occasion de faire un petit bilan du travail accompli. Pour ce faire, ils ont invité le tessinois Paolo Basso, élu meilleur sommelier du monde au Japon ce printemps, chargé pour l’occasion de présenter les vins, le cuisinier Pierrick Suter (chef de l’Auberge de la Gare à Lucens), mais aussi Hervé Mons, maître-fromager et  MOF (Meilleur Ouvrier de France), et  d’autres fromagers -tous de la région,  parce que le vin est bien meilleur s’il est accompagné.
Vingt ans ? Vingt ans dynamiques ! Retour sur le travail des deux « boutures » de Willy durant cette période :
Jean-Luc a évoqué la baisse conséquente de la consommation du vin en Suisse : avec 268 millions de litres en 2012, elle a chuté de 47 millions ! L’équivalent de 5.000 ha, soit un tiers du vignoble national. De leur côté, l’encavage a triplé durant cette période ses volumes commercialisés, et multiplié par sept le nombre de ses bouteilles.
Dès 1995, les démarches d’exportations ont été lancées. En 2001, première présence de la cave au salon de l’Agriculture à Paris. Depuis, les Frères Kursner ont réussi à se positionner en France à un niveau certainement unique pour une cave helvétique grâce à quelques 80 points de vente dans l’héxagone.
Jean-Luc évoquera aussi leur présence en 2007 et 2010 lors des 32e et 33e coupes de l’Amérique à côté du défi suisse Alinghi, et aussi à ce moment la mise en avant de produits suisses comme fromages et charcuterie et de leurs vins bien évidemment. Jean-Luc estimant qu’il est capital de lier le vin suisse avec des produits locaux : « il faut vendre de la culture, de la tradition, un art de vivre aussi ».
En 2010 encore, le patron d’horlogerie Jean-Claude Biver (groupe Hublot) aidera la cave en faisant présenter ses vins à Monaco, à Paris, et même sur des pistes de ski autrichiennes ! En 2010, enfin, début des négociations pour l’exportation vers la Chine. L’importateur chinois étant d’ailleurs convié ce 31 mai à l’évènement des vingt ans de cave.
 
En cave, nous dégustons des témoins de cette période.
Des chasselas de Féchy comme il se doit :
Cuvée Mi-Coteau 1995 : nez mûr, des notes de fruits secs dont la noix, miellé aussi, il est fin en bouche, frais, gras, doté d’un bel équilibre, avec une légère rondeur finale, mais aussi salivant et persistant. Très apprécié.
Cuvée Mi-Coteau 1996 : ce vin apparait d’emblée comme étant un peu moins complexe tant au nez qu’en bouche que le 95. Mais il reste du fruit et une jolie tenue en bouche. La finale est discrètement épicée. Bien. A noter que la robe a conservé une jeunesse impressionnante. Elle est très claire, brillante.
Cuvée Vanel 1999 : Le nez est retenu dans un premier temps, puis le fruité se développe avec des notes d’agrumes (limette) et d’herbes aromatiques. Après une attaque vive, la bouche se montre un peu tendre. La finale est très légèrement astringente.
Cuvée Mi-Coteau 2002 : belle robe d’un jaune-vert qui témoigne de la jeunesse conservée de ce vin. Le fruité évoque les fruits exotiques, le citron. Jolie bouche franche et fraîche, fine, dotée d’un joli gras en finale. Un vin qui possède à la fois richesse et tension. Bel équilibre. Finale légèrement poivrée. Très apprécié.
Ces quatre vins étaient fermés avec un bouchage vis.
 
Cuvée Vanel 2005 : le nez est intense évoquant la pomme mûre, mais aussi des notes de caramel. La bouche donne de sérieux signes de fatigue. Elle possède de la richesse, mais la fraîcheur est en retrait. Pierre-Yves Kursner évoque une erreur de « casting » avec un bouchon plastique. « On n’a pas tous les jours la vie facile, hein ? ».
Cuvée Mi-Coteau 2008 : Légère note anisée au nez, puis un fruité intense. La bouche est élégante, fraiche, tendu même, avec un caractère minéral affirmé. Très belle persistance.
Cuvée Mi-Coteau 2010 : notes d’agrumes (citron), de fruits mûrs. Ce vin est puissant, frais, très fin en bouche. La finale est longue, elle aussi est marquée par une sensation minérale affirmée. Un vin que l’on marierait bien avec des fruits de mer ! Très apprécié !
 
Puis à table :
La cuvée Barik 2007 : un vin gras, un peu doux, légèrment vanillé, mais avec une texture de bouche agréable et d’une bonne longueur. Paolo Basso parle de note de cacao.
Concernant les mariages mets et vins, le meilleur sommelier du monde 2013 évoque ce qui devrait être la règle de base de tout travail : associer des mets de classe sociale identique. Noble et roturier s’abstenir quoi !
Cuvée Vanel 2000 : Un vin très fin, frais, jeune, fruité, avec un très bel équilibre en bouche et long. Des notes d’épices (quelqu’un évoque même le Maggi) apparaissent à l’aération. Un vin très goûteux.
Rouge Absolu 2011 : (un assemblage de gamaret et de garanoir, élevé pour un tiers en barriques) : robe sombre, du fruit (groseille, fraise, framboise), épices douces marquées au nez et en finale. Des tanins charnus, la bouche est concentrée, franche, elle ne manque pas de fraîcheur et de finesse. Bel équilibre en bouche et belle longueur. Un vin très élégant et très apprécié !
Cuvée Vanel 1993 : cette cuvée aura étonné tout le monde je crois. A commencer par Pierre-Yves kursner. Beaucoup de finesse. C’est un vin encore jeune, droit en bouche grâce à un beau soutien acide. Il est un peu linéaire à l’aération, mais il est long et frais. Bouchage au liège.
Gewurztraminer passerillé 2012 : des notes d’eau-de-vie de pèche. La densité de sa bouche surprend, c’est un vin fin, frais, et donc gras. Belle longueur.
Un grand chapeau à Pierrick Suter et son équipe, qui ont travaillé hors de leur base. C’était un très beau menu.