La Mémoire des Vins Suisses en Valais et la viticulture héroïque avec le vignoble de Visperterminen et la Sankt Jodernkellerei.

Dernière étape de la visite des membres de l’Association en Valais, la visite de la coopérative viticole de la Sankt Jodernkellerei (cave coopérative de Saint-Théodule).
« Ma fin est mon commencement, mon commencement est ma fin » (Guillaume de Machaut).
Ainsi que cela se faisait à la cour du Roi Soleil, je vous propose un menu à l’envers ! Mais attention, ceci n’est pas un apéritif !

Paysage alpin et cave viticole d’altitude. Bienvenue en Valais et à la Sankt-Jodernkellerei.

Pente vertigineuse et dénivellé de près de 600 m, le vignoble de Visperterminen (voir ci-dessous) est propice à bien des propos superlatifs. La pointe du vignoble culmine à 1150 m d’altitude, sa base se trouvant à quelque 600 m seulement.

A la base, et jusqu’à la route qui mène à la cave coopérative et à la commune d’Unterstalden, ce sont les cépages rouges principalement (gamay, pinot noir surtout). Les cépages blancs, dont le fameux Heida (qui veut dire très ancien) et dont la traduction littérale « paien » en français n’a donc rien à voir avec une certaine forme d’agnostisme ou de refus de la religion, se trouvent dans la partie haute du vignoble. Le Heida, un cépage, forcément très ancien dans la région, est le savagnin blanc cher aux vignerons du Jura.Impossible de prendre en photographie l’entier de ce vignoble. Il aurait fallu se trouver de l’autre côté de la vallée sans doute, où dans un hélicoptère.

La coopérative encave le travail de 550 sociétaires, tous vignerons amateurs, travaillant à leurs « heures non perdues » les vignobles de la Vispertal (vallée de la Visp), et dont le vignoble de Visperterminen est le plus connu et le plus grand. Pour ce seul vignoble ils sont un peu moins de 500 sociétaires. Au total, quelque 300.000 litres de vins sont réalisés à partir des 45 ha de vignes.

Dans la Vispertal, nous faisant presque face, j’aperçois un parchet de belle taille :« Viticulture héroïque« . Voila ici une expression qui prend ici toute sa valeur !

L’oenologue Alain Helmrich est en fonction depuis près de trois ans et vinifie une majorité des vins blancs, des classiques de la région : fendant, johannisberg. Du riesling-sylvaner (ou Müller-Thurgau), muscat, Resi (Rèze), et quatre vins du cépage Heida : Heida Visperterminen, Mélodie, Barrique et, enfin, le Heida Veritas. Cette cuvée de 3000 litres n’apparait pas -encore- dans le prix courant. Ce vin est peut-être le seul en Suisse à être issu d’une culture franche de pied (la fameuse versanne dont le Musée Valaisan de la Vigne et du Vin avait évoqué au travers d’une exposition dédiée à ce mode de culture).

Nous sommes à près de 1000 m d’altitude, le soleil brille généreusement, et ce alors que l’asbence de vent est flagrante. Alain nous présente la cave en plein air, puis scinde les visiteurs en deux groupes, pour soit déguster deux vins, un très beau fendant 2010 et non moins excellent Johannisberg 2010, soit pour nous faire emprunter un sentier de chèvres vers une plateforme surplombant un a-pic vertigineux et qui fait face au vignoble, afin de nous le présenter. Nous voyons au loin des vignerons travailler leur parcelle. Deux hommes effectuent un va-et-vient avec une brante sur le dos. Ils déversent le contenu, du fumier, qu’un troisième homme dispose sur le sol à l’aide d’une fouche.

Peu après, nous prendrons place dans une salle de la coopérative afin d’écouter les explications du toujours très prolixe mais si précis José Vouillamoz (et personne ne s’en plaindra, bien au contraire) sur les origines du cépage Heida, puis de déguster la cuvée Heida Veritas 2010 , dernier né de la cave. Un vin puissant, vineux, mais très fin. Etonnament servi dans un verre de petite taille, son expression aromatique était réservée. Nous avons été plusieurs à le déguster dans notre second verre, plus grand, où l’olfaction a été transformée avec un bénéfice indéniable. Ce vin est réalisé avec des rendements de 800 gr à 1kg maxi au mètre carréL La belle acidité (6,5 gr/l) a été obtenue alors que la malo a été faite partiellement. L’élevage sur lies fines s’est réalisé dans une cuve en acier. Le vinificateur a procédé à quelques remontages de ces lies. Le second vin dégusté est le Heida Visperterminen 2010. Un vin que j’apprécie toujours, bien que les quelques grammes de sucre résiduel ne soient pas forcément à mon goût.http://vinsconfederes.ch/wp-content/uploads/2012/04/DSC_0466.jpg

Il s’en suivra une discussion animée et constructive provoquée par Andreas Keller. Mais dire la vérité ne me soustrait pas à savoir me taire quand il convient de le faire …une sorte de devoir de discretion pour l’invité que j’étais.

 Prosit !

PS : merci à Alain Schwarzenbach pour ce dernier cliché.