Visite chez André Fontannaz, cave La Madeleine à Vétroz

J’ai rendu visite à André Fontannaz tout récemment. L’homme est vigneron-encaveur à Vétroz en Valais, commune viticole de 170 hectares, connue surtout des amateurs pour son cépage amigne.
J’avais dégusté l’ensemble de ses vins chez lui en 2008 avec des membres du forum LPV. Nous nous étions rendus également avec lui au lieu-dit « Nid d’aigle » qui domine une grande partie des coteaux de Vétroz et dont le nom du lieu-dit n’est pas usurpé. Il dispose aujourd’hui de quinze hectares de vignes, et il est également propriétaire de vergers. A la cave, la production représente cent mille cols par an, répartis en une vingtaine de cuvées différentes (contre trois cuvées voici vingt ans à l’ouverture de son encavage, mais la taille de ce dernier a bien sûr régulièrement évolué).
Depuis le nid d’aigle, vue vers Ardon
Ancien président de Vitival, la section valaisanne de la viticulture en production intégrée, son travail à la vigne passe entre autre par la lutte par la confusion sexuelle. Il emploie depuis 2010 des engrais organiques et du compost. Il anticipe la probable interdiction d’herbicides résiduaires en enherbant de façon progressive les interlignes. Si le gros des vignes se trouve sur Vétroz, des parcelles se trouvent sur des communes voisines : Ardon, Chamoson, Savièse.
Depuis mon premier passage, la cave s’est agrandie, où plutôt surélevée d’un niveau. Le chais à barriques se trouve au premier étage, il est séparé d’un superbe espace « lounge » par une paroi vitrée.
Nous dégustons pour débuter le fendant grand cru 2010 : un vin né sur des terrasses des coteaux de Vétroz. Le sol est schisteux. Cette cuvée a fait sa malo (seconde fermentation). Au nez des notes florales, mais aussi miellées, ainsi que de fumée. La bouche est agréablement riche, mais conserve beaucoup de fraîcheur. C’est un ensemble alerte, frais, qui se termine par une légère amertume, bien enrobée dans le gras de ce vin de chasselas. Un bien beau fendant de caractère.
Païen d’Ardon 2010 : la vigne se situe sur un coteau à 650 mètres d’altitude. Des notes de fruits jaunes dominent le nez. L’attaque est belle, vive, voila un vin qui est agréablement porté par son acidité. Puis le vin devient caressant, et sa rondeur apparait. La matière est fondue, élégante. Ce vin a été élevé pour une petite partie en barriques de deuxième et troisième vin (15 % du volume seulement). Il reste un peu de sucres résiduels, sept grammes me dit André Fontannaz. Une association avec une cuisine asiatique délicate et pas trop portée sur les épices devrait être très intéressante avec ce païen.
Amigne « Tendance » 2010 : pour cette amigne, le choix de l’élevage est très proche de celui du païen : une proportion de 15 à 20 % du volume de cette cuvée aura été élevé sous bois durant 3 à 4 mois, dans des fûts « usagés ». Ici aussi, il reste quelques trois grammes de sucre résiduel. Ce qui peut paraître presque peu pour les amateurs qui sont à la recherche de vin d’amigne le plus sec possible. Au nez le fruité est intense, avec des notes d’agrumes, et surtout de pomelos jaune qui domine. L’ensemble est velouté, ample, mais il reste néanmoins très frais car tonique. Belle longueur. Pas de deuxième fermentation pour ce vin d’amigne que je trouve réussi et dont la vocation gastronomique est évidente.
Amigne de Vétroz Grand Cru 2010 : deux abeilles sont annoncées (soit un vin comportant entre 09 et 25 grammes de sucre résiduel). Cette cuvée possède 10 grammes de sucre après fermentation alcoolique. Cette amigne possède un fruité qui me parait plus intense que pour l’autre. Le pomelos est bien marqué également (plutôt pomelos rose pour ce vin). En bouche le vin est franc, droit, sapide. J’aime la sensation de vivacité qui se dégage de cette cuvée. Belle longueur et aussi beaucoup d’équilibre. Une belle cuvée d’amigne.
Humagne rouge 2010 : un vin élevé en cuve. Très jolie robe rubis, d’intensité moyenne. Au nez, la cerise mûre domine. La bouche est ronde, les tanins sont délicats, souples, mais agréablement denses, caressants. Un vin d’humagne très loin des humagnes « rustiques ». Cette cuvée est longue en bouche, très fraîche et élégante. Coup de coeur.
Cornalin 2010 (cuve) : rouge sombre, nez de fruits mûrs,, la bouche offre de la concentration, les tanins sont gras, serrés, l’ensemble ne manque pas de fraîcheur. Mis en bouteille deux semaines seulement avant mon passage (mi-juin) ce vin montre un potentiel intéressant. Il sera bon de lui offrir un peu de temps. En finale, belle note de griotte, et ainsi que pour l’humagne rouge, la sensation d’une minéralité, apportant à la fois fraîcheur et complexité.
Syrah barrique 2009 : un vin qui aura été élevé en barrique durant douze mois.Certaines barriques étant neuves, d’autres non. Pour complexifier le tout, André Fontannaz a opté également, à hauteur de 20 pour cent du volume de barriques en chêne américain. Après élevage en barrique, le vin a été assemblé en cuve inox où il a reposé trois mois durant avant sa mise en bouteille. Cette cuvée est issue de deux parcelles, l’une se trouvant à Vétroz, l’autre à St-Pierre de Clages. Au total près de 4000 bouteilles ont été réalisées, ce qui n’en fait pas un micro-cuvée. Pour information, cette cuvée a obtenu le second meilleur pointange au dernier concours des syrahs du monde à Ampuis.
Au nez, le boisé domine un peu le vin avec une note de vanille, puis le fruit se développe dans le verre au cours de l’aération. La bouche est riche, ample fraîche, longue. Aucune dureté en bouche. Ce vin se montre généreux, expressif, équilibré et doté d’un beau potentiel.
Vue sur les coteaux de Vétroz
Pourquoi La Madeleine ? : Isabelle Fontannaz (sa soeur) est verrier-créateur et a réalisé un vitrail de Ste-Madeleine, patronne du village de Vétroz. Ce vitrail, le vigneron l’a reproduit pour ses premières étiquettes et voila pourquoi il a décidé d’appeler son entreprise Cave La Madeleine. Sa maman se prénomme Madeleine, et l’une de ses filles est née le 22 juillet …jour de la St-Madeleine. Vous savez tout.
 
André Fontannaz
Cave La Madeleine
Route cantonale,
1963 Vétroz,
Tél. : 027 346 46 54
www.fontannaz.ch