Visite à Epesses chez Louis Fonjallaz

J’ai été rendre visite à Louis Fonjallaz au caveau des vignerons d’Epesses.. Si j’ai eu l’occasion de déguster il y a quelques années une sélection de crus de cette cave, présentés à la Maison du Vigneron, par Louis d’ailleurs (il s’agissait d’une verticale de Dézaley, d’autres crus avaient été dégustés également ce jour-là), depuis, je n’avais plus rencontré les vins de cette cave.
J’ai recroisé le vigneron à Berne l’an passé à la cérémonie du Grand Prix du Vin Suisse, où il était arrivé finaliste avec sa cuvée Galium (2006), dans la catégorie des vins blancs, rouges et rosé avec sucre résiduel dès 8 gr . Nous avions d’ailleurs soupés à la même table ce soir-là.
Louis tenant caveau à Epesses une semaine entière, il aurait été dommage de ne pas aller à sa rencontre et de re-découvrir ses vins.
Avec son père Etienne, septante trois ans -et toujours très actif dans le travail des vignes, Louis poursuit une longue tradition viticole familiale, qui remonte à 1552 !
Il est au bénéfice d’un diplôme d’oenologue, obtenu à Changins. Il a eu l’occasion de travailler six mois en Australie, sur le Domaine Stoney Vineyard, en Tasmanie.
La superficie du vignoble est de quatre hectares.
Le travail des vignes est certifié par le label Vinatura, bien que celui-ci n’est pas revendiqué. Un choix qui tient principalement au fait que prendre soin de ses vignes est la base du travail d’un vigneron pour le duo père et fils.
L’originalité de la cave -si l’on peut dire- pourrait tenir à la proportion presque égale entre les vins blancs et les vins rouges (60/40 %). En Lavaux, le chasselas reste le maître absolu des terroirs viticoles, bien que timidement concurencé par d’autres cépages blancs (savagnin blanc, chenin, gewürztraminer, pinot gris par exemple), mais aussi rouges (pinot noir principalement, mais aussi gamay, merlot, syrah).
D’ailleurs, ici en Lavaux, un seul cépage blanc chez les Fonjallaz : le roi chasselas, qui ne l’oublions pas représente toujours deux tiers de la surface viticole du canton. Il se décline en trois crus : Epesses, Calamin et Dézaley. Toutefois, Louis a ajouté à ce trio immuable une touche personnelle, avec la vinification d’un chasselas élevé sous bois (voir plus loin).
Il y a pourtant bien un autre cépage blanc dans la cave. Il s’agit de la marsanne, mais sa vigne est située à Chamoson, en Valais. La cuvée Galium est un vin doux ainsi qu’annoncé un peu plus haut.
Une autre vigne située en Valais produit un oeil de Perdrix (il s’appelle AMADOU, et vient d’obtenir une médaille d’or à Expovina à Zürich). Un autre vin, issu du cépage merlot, la cuvée Orchis, est également issu d’une parcelle sise à Saillon. Le millésime 2005 est sorti 3ème meilleur Merlot du GPVS 2008 .
Epesses, le caveau des vignerons
Les vins dégustés en ce 02 août :
J’ai ajouté après chaque note sur les vins d’Epesses, Calamin et Dézaley le tarif de la cuvée. Je persiste à dire que ces crus issus de terroirs difficiles à travailler ne sont pas aussi onéreux que d’aucun veulent bien le croire. Chacun se fera son opinion. Je rappelle qu’une cave de Cully vend de vieux millésimes de son Dézaley, mais également de son Epesses (jusqu’au milieu des années septante). Le chasselas est un cépage dont le potentiel de garde peut surprendre.
Epesses 2009 L’Emblème : Dès le premier nez, le vin se présente sur le fruit. La bouche possède une jolie structure, mais l’ensemble est parfaitement frais et équilibré. Le CO2 est fin et discret. Jolie longueur. Un Epesses vineux, gourmand et tentateur. 13 CHF.-
Calamin 2009 La Ronce : Un vin au fruité mûr, avec une belle note de tilleul. S’il n’a pas été très expressif dans un premier temps (on n’est guère loin de la mise, il ne faut pas l’oublier), à l’aération tout est rentré rapidement dans l’ordre. Le Calamin réclame un peu de temps, comme tous les crus qui possèdent une aptitude au vieillissement. J’ai aussi tout particulièrement apprécié la fraîcheur de la bouche de ce vin très élégant. La finesse du cru est nette. Belle longueur. 15 CHF.-
Dézaley Les Gradins 2008 : Un Dézaley au joli nez dès le service dans le verre. Il est marqué par des notes de pierre à fusil puissantes. Ces notes minérales n’empêchent nullement la bouche d’être suave, veloutée. Une bouche qui offre beaucoup d’équilibre. Sa finesse est remarquable. Un vin racé, doté très certainement d’un bel avenir. A réserver à table, sur des mets fins. 19 CHF.- Ce vin vient d’obtenir une médaille d’argent à Expovina.
Stachys 2008 : voici le chasselas (d’Epesses) évoqué plus haut. Il a été élevé sur lies et en barriques de 2e et 3e année. Ici, Louis a opté pour une vinification sans deuxième fermentation (la « malo »). La robe est plus prononcée que celles des crus précédents. Le nez est plus intense, marqué par des fruits jaunes mûrs comme l’ananas. La bouche est ample, fraîche, longue. Un vin plaisant et épanouï.


Stachys 09 : Peut-être un peu marqué par le millésime, j’ai trouvé ce vin moins séduisant que sur le millésime précédent. La fraîcheur en bouche étant pour moi en deça par rapport au premier vin. Mais il a une d’année d’affinage de moins également.
Spina Nera (épine noire) 2007 : voici un pinot noir d’Epesses. Elevé en barrique durant une année, ce pinot est issu de rendement très contrôlés : 600 gr au mètre carré. Fruité sur les petits fruits noirs, la bouche est dense, charnue, les tanins sont serrés mais ronds. Un pinot noir du Lavaux dense et séveux, auquel manquait ce jour-là peut-être un poil de longueur en bouche. Le millésime 08 a obtenu une médaille d’or au Mondial du Pinot Noir.
Pour l’anecdote, contrairement à Stachys, Orchis, Dianthus ou encore Galium, Spina Nera n’est pas un terme latin, mais italien.
Dianthus 2008 : syrah du Dézaley : un vin élevé en barriques neuves ou d’une année. L’élevage sous bois a duré douze mois. Les vignes sont situées sur la partie basse du cru, à proximité immédiate du lac. La robe est profonde. Le nez est marqué par les fruits noirs. Une note de pruneau étonne un peu en raison de l’âge du vin. Belle structure en bouche, élancée, fraîche, mais, à nouveau, la finale m’a parue un petit rien trop courte. Les vignes sont jeunes. Patience, patience.
Si le style des vins blancs me parait empreint d’un grand classicisme (dans le meilleur sens du terme), les vins rouges semblent plus travaillés ou plutôt modernes. Mais, une fois de plus, il est question de goût, et il est heureux que le vinificateur fasse des vins tels qu’il les souhaite.
A l’instar d’autres caves de la région, il est possible d’acquérir des millésimes anciens de la cuvée du Dézaley Les Gradins. Quatre millésimes sont actuellement proposés : 99, 98 97 et 95.
Un grand merci pour ton accueil et tes explications Louis.
Laurent
Les coordonnées de la cave :
Etienne & Louis Fonjallaz
Le Crêt
1098 Epesses
Tel. : 021 799 10 16
site : www.fonjallaz.ch
e-mail : vins@fonjallaz.ch
la page Facebook du vigneron : http://www.facebook.com/pages/Etienne-Louis-Fonjallaz-vignerons-independants-a-EpessesLavauxSuisse/114748905228985?ref=sgm
La Maison du Vigneron d’Epesses (Ruelle du Vieux Bourg) : 021 799 40 35
Le caveau du Vigneron (Route de la Corniche) : www.caveau-epesses.ch
mais aussi : www.baronnie.ch, dont la cave est membre.