José Vouillamoz, cet homme a l’ADN du genre vitis dans les gènes

In ADN VERITAS, telle pourrait être la devise de cet homme.

L’ADN ne trompe pas. Chaque être du monde animal ou végétal possède son empreinte génétique, délivrée par son ADN. Cette empreinte est la preuve absolue de son existence bien sûr, mais surtout de son unicité. Par recoupement, il est donc possible de recréer une famille, partiellement voire même intégralement.

José Vouillamoz est biologiste. Il s’est spécialisé dans l’étude de l’ADN de la vigne, et tout particulièrement celle des cépages de sa région d’origine, le Valais.

Il est donc à la fois biologiste, généticien, mais aussi ampélologue. Un parcours qui l’a amené à travailler dans un premier temps à l’université de Davis en Californie, auprès de Madame Carol Meredith, puis à l’université de Lausanne, et enfin à celle de Neuchâtel.

Certaines de ses découvertes ont provoqué pas mal de remous dans le Landerneau viticole valaisan et suisse. Peut-être même plus loin, car après tout, nous sommes ici au cœur des Alpes, et ces découvertes n’intéressent pas seulement des variétés valaisannes, mais aussi italiennes et françaises principalement.

Et c’est ainsi que de (fausses) vérités se sont écroulées lorsque José Vouillamoz a annoncé voici quelque dix ans les résultats de ses premiers travaux, où plutôt lors des premières divulgations de ceux-ci.

Depuis quelques années, nombre de filiations ampélographiques « autorisées », de légendes sur des cépages ont été revues et corrigées. Et tant pis pour les belles histoires, tant pis pour les croyances locales mises à mal. La vérité scientifique ne peut côtoyer et adouber la plus belle des histoires, si celle-ci est fausse.

Ayant compris avant bien des personnes que de vieilles histoires allaient être mises à mal par les révélations scientifiques de José Vouillamoz, le journaliste Alexandre Truffer avait choisi de contourner cette épineuse question en provoquant une re-création de l’origine des cépages, mais d’un point de vue littéraire cette fois.

Origine, vous avez dit origine !

Parlons donc des cépages autochtones. Mais pourquoi autochtones d’abord. ? Il y a 12.000 ans il y avait un glacier immense ici en Valais (le glacier du Rhône recouvrait aussi le lac Léman). La vigne n’est donc pas originaire de la région. Elle y est arrivée plus tard, ainsi que l’homme d’ailleurs. Les plus perspicaces l’auront compris : le glacier du Rhône a peine disparu, c’est la génétique qui jette un froid sur l’origine des cépages du Vieux Pays. Mais l’homme se remettra de ces nouvelles qui l’indisposent.

Vous voulez réellement un exemple de cépage autochtone ? Soit. Le Lafnetscha. Celui-ci est le seul cépage clairement né en Valais. Ses parents sont l’humagne blanche et le Completer (rare cépage des Grisons). Une rareté cultivée (1,25 ha) par quelques producteurs du Haut-Valais, dont la famille Chanton, à Visp.

Tiens, et si nous évoquions les deux humagnes ? Vous savez, la rouge et la blanche… Joli nom, mais ces deux cépages ne sont pas parents. Génétiquement bien sûr.

Un autre exemple aussi passionnant que dérangeant d’une certaine façon est l’histoire du Cornalin valaisan :
Avant de s’appeler Cornalin (nom proposé en 1972 par Jean Nicolier, chef du service cantonal de viticulture), le patronyme local de ce cépage était « Rouge du Pays ». Peu glorieux, non ? C’est pourquoi on usa du nom d’un cépage valdôtain, au nom plus porteur, le Cornalin. Avec la publication des travaux de José Vouillamoz, l’histoire du cornalin du Val d’Aoste a pris une nouvelle tournure, puisque que ce cépage existe également en Valais, mais sous le nom …d’Humagne rouge.

Et les rares vignes sauvages de la région de Martigny ? Quel est le message de leur ADN ? « Allons, passez votre chemin. Génétiquement, elles sont sans rapport avec les cépages valaisans cultivés ».
L’histoire est un éternel recommencement ? C’est pourquoi, pour comprendre la généalogie des cépages de sa région d’origine et d’ailleurs, José Vouillamoz s’est créé une banque de données unique en son genre, qui rassemble plus de deux mille cartes génétiques du genre vitis.

L’homme est aussi conférencier. Il a apporté directement auprès du public des informations émanant de ses découvertes. Il a également participé à l’ouvrage de référence sur la vigne le vin en Valais : Histoire de la Vigne et du Vin en Valais (une seconde édition est parue en automne 2010) certaines de ces parutions devraient être éditées sous forme d’ouvrage pour peu qu’un éditeur se laisse (enfin convaincre).

Sources :
divers documents tirés du Net (merci les moteurs de recherche) mais aussi l’article de Laurent Nicolet dans le journal Migros Magazine n°37/2009, p. 94. L’article est intitulé « Le généalogiste de la vigne ». Pour le consulter au format PDF : cliquer sur archives et lancer une recherche « José Vouillamoz ». Page 95 : photo de J. Vouillamoz.

A voir et à entendre : l’entretien vidéo de José Vouillamoz sur Canal 9, la chaîne TV valaisanne. Un entretien en toute simplicité, où le chercheur parle de son travail. Il se laisse également découvrir d’un point de vue personnel, ce qui rend l’entretien doublement agréable puisque ne se focalisant pas sur le scientifique uniquement.

Vendredi 01 avril 2011, au cours de la rencontre annuelle des membres de la Mémoire Des Vins Suisses, José Vouillamoz animera une dégustation de Completer, cépage rare cultivé dans les Grisons. A suivre !
Laurent

Le lien avec La légende des cépages.