Et l'éboulement créa la vigne !

Le Domaine de l’Ovaille

Frédéric et Philippe Deladoey

Yvorne, Vaud

 
Parmi les régions viticoles du canton de Vaud, il en est une qui pourrait faire davantage parler d’elle. C’est le Chablais. Petite par la taille en comparaison avec celle du vignoble de La Côte, elle est également moins médiatisée que le Lavaux (une région classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco). Ce vignoble recèle pourtant quelques domaines remarquables, et dont les vins sont fortement marqués par leur terroir.
Le Domaine de l’Ovaille, propriété de la famille Deladoey depuis quatre générations, fait partie de ceux-la. Il est sis sur les terroirs de la commune d’Yvorne, dont le grand cru l’Ovaille qui a donné son nom à la cave familiale. J’ai eu grand plaisir à le visiter en janvier 2011 en compagnie de Philippe, l’un des deux frères aux « commandes » de la cave, où ils font suite à leur père Jacques.
La surface du vignoble du domaine est de cinq hectares. Les vins sont issus de plusieurs parcelles, toutes situées sur la commune d’Yvorne. Une grande partie se trouve sur l’Ovaille, un cru, qui se trouve au sommet du cône de déjection créé par un immense éboulement, qui en 1584, détruisit la quasi totalité de la commune d’Yvorne et du hameau de Corbeyrier. Un drame qui fit quelques cent victimes. De ce cru, les Deladoye sont les propriétaires de la plus grande surface (il ne s’agit pas d’un monopole).
D’exposition sud-ouest à sud, l’Ovaille est un vignoble en pente impressionnant. La déclivité doit y atteindre soixante pour cent par endroits.
Cépage roi, le chasselas, y puise dans ces sols profonds toute sa minéralité et toute sa force de caractère. Issu de ceps tous plantés en gobelet et en haute densité (jusqu’à douze mille pieds hectare).
Il n’est pas le seul cépage pour autant. Proches des murs, afin de bénéficier la chaleur reflétée par ceux-ci, les Deladoey ont planté du merlot, mais aussi une petite parcelle de gamaret sur le cru de l’Ovaille, Les deux variétés de cabernet (franc et sauvignon) ont aussi trouvé leur place dans le domaine. Pour l’ensemble des cépages rouges, point de taille en gobelet. Ils sont palissés sur fil, en mode Guyot ou cordon de royat. Le domaine est en intégralité en production intégrée (un mode de traitement et de prévention des maladies de la vigne, qui, s’il n’est pas à proprement un mode de culture biologique réduit considérablement l’emploi de produits phytosanitaires).
L’élevage des vins est réalisé dans des foudres de bois pour les vins de chasselas, un contenant somme tout traditionnel, et très présent dans la région. Les autres vins, rouges ou blancs (l’auxerrois par exemple) sont élevés en barrique de chêne. Seul le débourbage des moûts se réalise dans des cuves en inox. Une nouveauté d’importance pour le millésime 2010 : un foudre de chasselas bio aura été vinifié à part pour la première fois.
Ainsi que je l’ai écrit plus haut, les terroirs d’Yvorne marquent fortement les vins du cépage chasselas et leurs confèrent une minéralité assez unique. Les vins dégustés au domaine de l’Ovaille l’ont démontré au cours d’une dégustation enthousiasmante. Leur potentiel de garde est évident. Ainsi, le millésime très « solaire » qu’est le 2003 conserve aujourd’hui une fraîcheur impressionnante. Des millésimes plus anciens (1995 et aussi 1988) illustrent à merveille la capacité de ces crus à « tenir la distance » et à vieillir avec noblesse.
Les vins rouges se présentaient quant à eux dans un style où la finesse n’a jamais été prise en défaut. L’élégance primant sur la force. Issus de vignes encore jeunes souvent (quinze ans d’âge pour les ceps de merlot les plus vieux), ils sont sans l’ombre d’un doute promis à un bel avenir eux aussi.
 

Domaine de l’Ovaille

Frédéric et Philippe Deladoey

Maisons-Neuves 06

1853 Yvorne

Tél. : 00 41 (0)24 466 88 88

Fax : 00 41 (0)24 466 20 84

mail : deladoey@ovaille.com

www.ovaille.com

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