En Suisse, le Champagne n'a plus la Côte (des blancs)

… et les chiffres des ventes des vins de la Montagne de Reims ressemblent lentement mais sûrement aux paysages de la Dead Valley…
Or donc, en Suisse, le Champagne n’a plus la côte. Si en 1990 il s’en est importé presque 6,6 millions de litres, ce volume est tombé à un peu moins de 4,7 millions de litres en 2009 !
Une baisse partiellement compensée chez les commerçants par la hausse des prix. Après tout, ne nous a t-on pas assené pendant des années (aujourd’hui encore) que le Champagne est un produit de luxe ?
A qui profite cette importante baisse ?
Le Cava aura connu son heure de gloire mais est encore bien présent sur les étals des grandes surfaces. La Clairette de Die, elle, s’en sort très bien en romandie. Les producteurs locaux ont su également profiter de l’espace qui s’ouvrait pour y placer leurs pions, enfin, leurs vins mousseux. En Suisse alémanique, le Prosecco cartonne avec une progression fantastique sur la même période (1990 à 2009) : presque x15 (quinze) !
Bien sûr, il n’est pas question ici de qualité, ce que s’empressent de dire d’ailleurs les professionnels de la vente : « le Champagne c’est éblouissant, incomparable ». Oui, mais c’est franchement plus cher, et le consommateur décide quel prix il est prêt à mettre dans une bouteille.
Un professionnel contacté pour l’article dont je me suis servi pour ce billet a d’emblée proposé « un petit exploitant -sans le nommer- habitué meilleures notes dans les dégustations ». Son vin est vendu pour à peine plus de 40 CHF, ce qu’il qualifie lui-même de « prix acceptable ».
Combien de champagnes bénéficient de la notoriété de leur appellation sans rien offrir de plus qu’un mousseux, un crémant ?
Question polémique : n’y a  t-il que le prix du Champagne qui ait fait fuir la clientèle ?
Car c’est sans doute là que le bât blesse : vendre plus cher que la concurrence, sans être forcément plus typé, plus complexe, où tout simplement meilleur.
Avec notre repas de Noël, nous avons fait confiance à notre fromager en achetant chez lui un Champagne qui nous a apporté bien du plaisir, pour 33,50 CHF seulement, et millésimé en prime. Comme quoi, tout est possible, non ?

Laurent
sources : Courrier Neuchâtelois, édition du 22 décembre 2009