A l'Est de Lausanne, il y a un cru que l'on boit après trente ans d'âge

Les Barons du Dézaley sont un peu des missionnaires. Leur quête étant de révéler leurs terroirs, et de prêcher la -bonne- parole du grand cru et de ses vins.
La Baronnie, c’est douze membres adhérant à une charte de qualité (voir sur leur site, le lien est en bas de l’article).

Louis-Philippe Bovard (à droite sur la photo ci-dessous, en compagnie de Luc Massy), s’est arrêté un moment à notre table pour discuter et écouter nos impressions.  C’est lui qui a cité la phrase qui aura servi de titre à cet article. Je crois avoir compris qu’il l’a découverte dans un récit de voyage d’un britannique ayant séjourné en Lavaux.
Luc Massy et Louis-Philippe Bovard.

Ces deux producteurs possèdent neuf hectares de vignes dans le Dézaley (sur 54 ha).
Etaient également présents côté producteurs : Philippe Meyer (vinificateur de la maison Bovard), Alain Paley, oenologue et vigneron-encaveur à Epesses (photo ci-dessous),
mais aussi Louis Fonjallaz (Cave Etienne et Louis Fonjallaz, Epesses), en photo ci-dessous, également oenologue et vigneron-encaveur. Louis était chargé d’animer la dégustation et de recueillir les avis de chacun.
Comme il s’agissait d’une dégustation de sélection, il y avait bien évidemment un jury :
Au premier plan : François Murisier et Dominique Fornage. Au second plan, Vincent Graenicher (vigneron à Tartegnin, Dom. du Penloup) et Peter Keller, journaliste à la NZZ am Sonntag.
A la table des invités, trois journalistes : Françoise Zimmerli, Eva Zwahlen, Jean-Luc Ingold, et moi-même.
Le but de cette dégustation est multiple. Il permet à partir d’un échantillonnage de quatre vins d’avoir une impression générale sur le millésime dégusté, puis de le classer sur une échelle de une à cinq étoiles. Le jury devait également se prononcer si le millésime est à boire dès maintenant, s’il peut encore attendre, où doit attendre.
La dégustation débute par un vin du millésime 2001, le dernier a avoir été intégré à la collection des grands millésimes. A la Baronnie du Dézaley, on réalise une mise en bouche avec un vin de dix ans d’âge.

Belle robe or, limpide et brillante, avec des reflets verts. Elle est jeune. Nez ouvert, frais, en bouche agréable touche minérale, le vin est gras, très fin. En finale on perçoit une petite note saline. Un vin élégant et très fin. Il s’agit du Chemin de Fer 2001 de Luc Massy.

Pour cette dégustation, nous goûterons toujours les quatre même vins (l’ordre de service dans les verres changera par contre). Cuvées et producteurs ont été dévoilés après la dégustation.
Deux vins non membres de la Baronnie : Le Clos des Moines de la Ville de Lausanne, et La Gueniettaz, de Christophe Chappuis, vigneron à Rivaz.
Les vins des membres de la Baronnie : Orion d’Alain Paley, et le Chemin de Fer de Luc Massy.
La première série de quatre vins concerne le millésime 2002 (c’est du semi aveugle puisque le millésime est un facteur connu) :
Impression quelque peu partagée chez les membres du jury quant au potentiel des vins du millésime. Pourtant, on aura noté une homogénéité dans ces quatre vins, au profil globalement similaire. Je relèverais la fraîcheur, le caractère minéral et la concentration moyenne de ces vins. Intégré à la collection des Grands Millésimes avec une notation de deux étoiles sur cinq.
Pour mieux comparer les robes des vins, nous glisserons une feuille de papier derrière les verres, après la photo.
Deuxième série, les vins du millésime 2003 :
Des vins très fruités, dont le nez est plus ouvert. A chaque table, mais surtout depuis celle du jury, on relève le classicisme très « Dézaley » de ces vins, dont la série est peut-être un peu moins homogène que la précédente. Toutefois, on ne s’arrête pas à ce détail. On parle de vins généreux, jeunes, au grand potentiel. Et c’est donc néanmoins l’unanimité sur le millésime pour lequel (et les autres également) François Murisier aura fait un bref rappel climatologique : jours tropicaux à plus de 30°, l’absence de pluie, vendanges en septembre soit avec un mois d’avance, …
Le millésime 2003 sera revu à une prochaine session de sélection pour savoir quand il intégrera la collection des grands millésimes. Il a été considéré comme étant trop jeune aujourd’hui. S’il n’est donc pas encore auprès de ses pairs, ce n’est pas pour une question de dignité, mais de potentiel : il doit être attendu.
Troisième série, les vins du millésime 2004 :
J’avoue avoir bien aimé cette série. J’ai trouvé les vins harmonieux et racés, agréablement concentrés, fins, dotés d’une bonne tension, et, je crois, d’une bon potentiel, même s’il est vrai que les nez étaient plutôt retenus. A notre table, Jean-Luc Ingold parle de vins protestants après les vins baroques du millésime 2003. Aurais-je découvert ma religion ? Le jury n’épargne guère ce millésime, hormis François Murisier qui lui accorde trois étoiles. Le millésime est toutefois intégré à la collection des grands millésimes avec une cotation de deux étoiles.
Quatrième série : le millésime 1999 :
Exercice intéressant pour le jury : réévaluer son travail ou celui des prédécesseurs. Nous avons ici des vins qui ont quelque peu évolués (deux d’entre eux clairement, un troisième l’est aussi au nez). La cotation est maintenue à trois étoiles. Il est vrai que deux vins possèdent beaucoup de style, sinon de la classe. Pour ma part, je considère ces vins comme mûrs, à boire (avec des exceptions qui démontreront un potentiel de garde supérieur). Un beau millésime que je qualifie de fruit et de chair. A coup sûr, des vins d’une grande buvabilité. N’est ce pas non plus ce que nous attendons d’eux ?
Cinquième série : le millésime 1997 :
une série de trois vins (la raison de l’absence d’une des cuvées m’a échappée). Ici aussi, on observe des vins qui évoluent noblement. Dominique Fornage évoque la présence d’arômes tertiaires dans le premier vin, François Murisier parle d’une note de « Maggi » dans le second. Le troisième vin est plus retenu, avec une légère note iodée. Jolies bouches, où richesse et finesse sont observées. Pour le premier vin j’écris et souligne : grand vin. Il est fruité, racé, puissant et frais, porté par une belle acidité. La série est globalement homogène, bien que le premier vin se hisse à un autre niveau.
Le millésime 1997 était classé quatre étoiles dans la carte des millésimes, à l’instar de 1982, 1985 et 1992. Le jury lui conserve sa note de quatre étoiles.
Il n’y a eu que deux cinq étoiles depuis le millésime « huitante deux » : 1983 et 1990.
Puis, nous avons dégusté deux vins de 1976 et 1969. C’est à lire ici
Et, nous sommes passés à table. J’en ai parlé hier. C’est
Seriez-vous intéressé par des vins d’âge mûrs à vénérables du Dézaley ? Sachez qu’il est possible d’en obtenir. Mais, fouillez donc un peu dans ce blog pour trouver la où les réponses !
Laurent
www.baronnie.ch