Vins de Neuchâtel, petite sélection éclectique

Immersion dans le terroir viticole neuchâtelois.
Situé dans le piémont du Jura (neuchâtelois bien sûr), faisant fréquemment face au lac de… Neuchâtel (il existe également la région de l’entre-deux-lacs), le vignoble de …Neuchâtel est le plus grand des « petits » vignobles suisses.
Sa taille est de 600 hectares, qui se répartissent sur une fine bande longue de 40 kilomètres, fréquemment interrompue par l’agglomération neuchâteloise ou des communes du littoral. En terme de surface, c’est le sixième canton viticole de la Confédération.
Côté sols, le calcaire domine (je suis à la recherche d’informations sur ce sujet, patience si vous souhaitez en savoir plus) .
Le cépage « roi », côté rouge, est le pinot noir. D’autres cépages sont depuis peu autorisés dans l’AOC : gamaret, garanoir, galotta. Hors AOC, j’ai également vu et dégusté des vins à base de malbec et de merlot.
Du côté des cépages blancs, le chasselas, longtemps le cépage le plus planté du canton ne cesse de régresser. Supplanté par le pinot noir en surface, il doit faire face à des cépages comme le chardonnay et le pinot gris principalement. Mais il y a aussi du sauvignon blanc, du viognier (très confidentiel).
La commune la plus à l’ouest est Vaumarcus, voisine immédiate d’une petite partie du vignoble vaudois qui est la continuité du vignoble neuchâtelois. Le pendant opposé, à l’est, est Le Landeron, commune médiévale, possédant un abord lacustre, mais avec le lac de …Bienne.
Nombre de communes ne manquent pas en outre d’attraits, grâce la qualité de leur patrimoine architectural : Le Landeron, Cressier, Auvernier, Colombier pour n’en citer que quelques unes.  Sans oublier bien sûr Neuchâtel qui est une jolie ville.
trois lacs
Cette photographie d’une petite partie de la carte de région Jura et Trois-Lacs (dans tous les offices de tourisme de la région) vous permet de découvrir l’ensemble du vignoble neuchâtelois, de Vaumarcus au Landeron.
La rive nord du lac de Bienne que l’on voit partiellement sur la droite de cette photo, concentre la plus grande partie du vignoble du lac de Bienne. Il en est de même avec le vignoble du Vully, qui fait face au lac de Morat.
J’ai dégusté quelques vins de Neuchâtel ces derniers temps. La plupart m’ont été adressé par Madame Edmée Rambaut-Necker, responsable de l’Office des Vins et Produits du Terroir de Neuchâtel (OVPT), que je remercie pour ce geste très sympa. Il s’agit de vins qui ont obtenu une médaille d’or aux sélections des vins de Neuchâtel ou au concours de Bruxelles.
Premier vin dégusté au restaurant, un pinot noir de Vaumarcus de la cave Keller. Un vin du millésime 2008, élevé en fût. Une très belle surprise, car j’ai apprécié la finesse de la matière, l’agréable tension de celle-ci. Le fruité est délicat, sur des petits fruits rouges et noirs. L’élevage est perceptible, principalement au nez, mais de façon discrète avec une note de vanille. Mais en bouche, cela ne pose aucun problème et le vin est d’une belle fraîcheur. En s’aérant, le vin gagne en puissance aromatique. Un bel ensemble fin et stylé, frais et de belle longueur. Bien à table avec une terrine de lapin dans sa pâte feuilletée puis avec un tournedos de boeuf (accompagné d’une sauce à la rhubarbe).
A la maison, poursuite quelques jours plus tard avec une Perdrix blanche 2009 (c’est un rosé) de la cave Burgat de Colombier. Beaucoup de fraîcheur tant au nez qu’en bouche. Le nez était un véritable panier de petits fruits rouges. Fraîcheur en bouche disais-je, mais surtout une buvabilité maximale. Ce vin qui s’est dégusté lors d’un barbecue avec des amis n’a pas fait long dans les verres. La bouteille a été « putzée » fissa, voila un signe qui ne trompe pas. Il y avait un maximum de joie dans cette perdrix blanche de Colombier.
perdrix blanche 2009 cave Burgat
Deux vins dans un registre somme toute similaire (il ne s’agit plus d’un blanc de noir, mais de véritables rosés, dont la robe est plus prononcée que pour la perdrix blanche) : deux Oeil-de-Perdrix 2009, l’une de la cave J.-Ch. Porret (Cortaillod), l’autre, d’Olivier Brunner (Bevaix), dont j’ai évoqué ici-même il y a quelques semaines un gamaret 2004 élevé en fût.
Point de mauvaise surprise avec ces deux vins. Celui de la cave Porret m’a paru un poil plus vineux que celui de chez Brunner, qui avait l’avantage d’être plus accessible immédiatement d’un point de vue gustatif. Deux vins fort agréables en cette période de barbecues répétés.
A relever, la fraîcheur en bouche préservée dans ces trois vins.
2 oeil-de-perdrix
L’oeil-de-perdrix, est une spécialité de pinot noir recherchée du canton de Neuchâtel. Elle représente la moitié de la vinification du cépage pinot noir.
Petite déception par contre avec un chardonnay barrique 2007 de la cave Angelrath (Le Landeron), car le vin présentait un déséquilibre, que ce soit au nez ou en bouche. La faute provenant d’une oxydation prématurée qui était entrain de s’installer sur ce flacon. A revoir avec l’autre échantillon fourni.
Un pinot noir 2009 d’Alain Gerber, vigneron encaveur à Hauterive. Un vin élevé en cuve. Ce pinot noir a eu besoin d’une bonne aération pour se révéler. Nez fermé dans un premier temps, mais aussi des tannins un peu revêches. Le lendemain, le fruité était beaucoup plus net et agréable, la bouche plus précise. Un ensemble frais, assez léger, mais bien tendu, et de bonne longueur. Au final, un pinot noir bien apprécié.
Poursuite avec le seul chasselas de cette sélection. La cuvée Valentin 2009 de Jean-Paul Ruedin, vigneron à Cressier. Je l’attendais un peu au tournant ce vin. D’abord, parce que j’ai souvent été déçu par les vins de chasselas de Neuchâtel (hormis les non filtrés que je trouve régulièrement à un meilleur niveau d’ensemble).
La robe est très pâle, le nez est peu puissant, mais on y retrouve des notes d’agrumes, discrètes certes, mais indicatrices d’une bonne maturité des baies. En bouche, j’ai beaucoup apprécié la finesse de cette cuvée Valentin. C’est tant mieux, car la bouche est légère, presque fluide. Si la finesse n’avait pas été au rendez-vous, la matière aurait parue quelque peu décharnée, sans âme. Le vin est donc sapide, frais, léger, mais mûr, bien équilibré, et la finale, de bonne longueur s’achève sur une agréable note minérale. Un fort bon exemple de chasselas neuchâtelois, idéal en apéritif, mais certainement aussi avec un poisson du lac (un carpaccio de filet de Féra du lac par exemple).
chasselas et pinot noir
Je reviendrai dans quelques temps sur les vins non dégustés de cette sélection (un sauvignon blanc, un second chardonnay barrique, un pinot noir élevé en fût, et aussi sur le chardonnay évoqué ci-dessus).
Nous sommes en plein période estivale. Je souhaite à tous et à toutes d’excellentes vacances. Si je ne ferai pas « relâche »,  je serai toutefois moins présent ici dans les semaines à venir.
Laurent