Mes visites de caves

Mythopia ? C’est …un peu compliqué à trouver.
En roulant entre Sion et Sierre, bien malin qui devinerait la vallée qui abrite la plus grande partie de son vignoble, une vallée dissimulée pourtant à moins de deux minutes de la route cantonale.
Je demande de l’aide. On cherche bien à m’aider, mais… « Mythopia dîtes-vous ? Ce doit être plus haut. Dans cette partie du vignoble, on est tous de St-Léonard. Ils sont d’Ayent ou d’Arbaz ? ». Un peu plus loin : « Mythopia ? J’en ai jamais entendu parlé » me répond t-on dans les vignes alors que je suis pourtant presque arrivé ! Et moi qui n’ait pas conservé le numéro de Natel de Marc. C’est malin !
Mais tout est bien qui finit bien -je vous passe les ultimes détails, la rencontre à enfin lieu ! La journée commence !
Etonnante journée : se rendre de Mythopia à Provins (article à venir), c’est un peu quitter un hameau rural pour rouvrir les yeux quelques minutes plus tard au coeur d’une mégalopole.
D’un côté, un « petit Poucet », qui a vinifié 30 hectolitres de vin en 2008 (progression fulgurante en 2009 : 85 hecto !), de l’autre côté, le géant régional : une récolte de 10 millions de kilos de raisins annuels ! 
En cette fort belle journée, quasi printanière, j’ai aussi rendu visite à Thierry Constantin, vigneron-encaveur au Pont-de-la-Morge (à suivre aussi).
Mais pour débuter, aujourd’hui, la cave Mythopia :
 
 
Une cave à Arbaz (ne retenez pas cette information, cela ne durera pas), des vignes à Signèse et Ayent (avec traversée de la commune de St-Léonard pour y parvenir) et une autre cave au coeur des vignes d’Ayent. Cette dernière est destinée à progresser et à rester sur place.
Vignes et cave se situent dans un cadre naturel impressionnant, dans une vallée en forme d’entonnoir. Les vignes sont situées pour la partie basse à hauteur de la vallée centrale, soit à un peu plus de 500 mètres d’altitude. Les vignes les plus élevées culminent à plus de 800 mètres (elles y côtoient des figuiers de Barbarie à cette altitude !).
 
 
 

Faisant face aux vignes disposées dans un cirque, une falaise abrupte. Apercevez-vous le bisse qui la partage ?


Marc nous accueille dans les vignes (nous, car un ami m’accompagne). Pour débuter, il nous situe le fameux Clos des Martyres et les autres parcelles du domaine, anciennes où acquises plus récemment (parfois louées).
Il nous parle de son travail dans les vignes. Bio-diversité (en gras, document format PDF) certes, mais aussi besoin de rationalité et de gain de temps pour réaliser son travail. Aussi, sur les dernières parcelles de Mythopia a t-il procédé à l’arrachage d’un rang sur deux des ceps plantés en gobelet, pour réaliser palissage sur fil. Il réallise pour nous un véritable cours pédagogique sur la taille, avec une adaptation au matériel végétal à sa disposition. Aussi, d’un rang à l’autre nous montre-il un cordon de Royat ou un Guyot simple. L’abandon du gobelet est une nécessité pour travailler les vignes avec efficacité, permettre la plantation de plantes telle la luzerne, le trèfle (mais pas seulement).
Mythopia ? C’est un véritable laboratoire de recherche, où des scientifiques viennent réaliser des comptages d’insectes, de plantes. On y on plante des essences d’herbes pour observer la résistance des sols à l’érosion, des plantes qui maintiennent l’humidité au sol, et dont on peut casser la vigueur avec un rolofaca  pour qu’elles n’entrent pas en concurrence le moment venu avec les vignes (venez voir l’inclinaison de certains sols !).
Mythopia, c’est aussi des idées nouvelles pour moi. Hans-Peter évoque la volonté de réaliser la fermentation de ses vins dans une yourte, car dans une cave il sait qu’une cuve peut être naturellement contaminée par les levures d’une autre cuve. Les vins seraient transférés de la yourte à la cave d’élevage en fin de fermentation. Vous l’aurez compris, les levures sont toutes indigènes ici.
 
Mythopia, c’est aussi du fruit détendu où les vins sont réalisés avec un interventionnisme minimum, sans filtration, collage,sans soufre, et dont la durée d’élevage surprend (les chasselas 2008 (Fendant en Valais) sont toujours en attente d’être assemblés avant la mise en bouteille… Des vins naturels quoi !
Mais oui, c’est en Suisse, et aussi sur ce blog (il suffit de lire et de comprendre ce que l’on lit) !

Marc, aurais-tu oublié une parcelle de vigne en gobelet, à moins qu’elle n’appartienne à un voisin ?
Et les vins dégustés me direz-vous ? Je prends de moins en moins de notes …j’essaie de m’intéresser davantage au style recherché, d’appréhender ce que veut transmettre le vinificateur et éleveur.
Nous avons goûté ensemble des vins tirés de leur cuve. Les deux vins de chasselas sont vraiment très différents l’un de l’autre. Minéralité exacerbée chez l’un, fruité exotique pour l’autre. Mais toujours un fruité mûr, et une tonicité en bouche qui en désarçonnerait plus d’un. Beaucoup de caractère. Ces deux-là, seront assemblés dans le Fendant Sélection. Des vins qui ont été vinifiés comme des vins rouges pour certains (c’est le cas d’un Johannisberg par exemple -quantité infime : 40 litres !)
Expérience de vinification pour des vins pétillants naturels. Comme ce rosé de pinot noir (d’un fuchsia très soutenu, à la couleur d’un « pinot noir d’Alsace » ai-je entendu) particulièrement frais, vif, gouleyant. Marc s’enthousiasme avec raison, c’est diablement bon et tentateur.
Je repars avec une bouteille de pinot noir du Clos des Martyres 2007. Hans-Peter se rapproche de moi pour me demander de déguster le vin en trois fois, sous dix jours. Promis, je ferai. Et je vous parlerai bientôt du Fendant vieille vigne, Terre de Manneau.
 
On quitte cette vallée et ses hommes désormais, car la journée est encore longue, et chacun à encore beaucoup à faire de son côté. Je goûte encore un morceau de pain trempé dans une huile d’olive du Vaucluse, que Renaud me fait goûter. C’est fin et frais, sapide.
Derrière le projet Mythopia (je vous encourage à lire les pages du site), il y a deux hommes :

Hans-Peter et Marc « sont » Mythopia. Merci à vous deux pour votre accueil et votre passion.
A bientôt !
Laurent
 
PS : Mythopia, c’est aussi un blog où Hans-Peter et Marc compilent des notes de dégustation et des informations, chacun dans sa langue maternelle. Vous le trouverez dans les liens de Vins-Confédérés, et dans les pages en allemand de leur site.
PS2 : Promis, pour mon troisième passage à Ayent, j’assurerai plus question tempo (moyenne des retards cumulés dépassant allègrement l’heure). Il n’y a pas de quoi être fier de soi.
 
Grâce à Alain Winemega, voici le lien d’une vidéo de quelque 4 minutes, où le microbiologiste des sols français, Claude Bourguignon, parle de la maltraitance des sols et des plantes depuis l’avènement de l’agriculture intensive.
Pour ceux qui n’ont pas lu son livre « Le sol, la terre et les champs », courrez commander cet ouvrage auprès de votre libraire (éditions Sang de la terre) 16 € de réflexion et d’information !