Le safran de Mund : l'Or rouge de la terre à la …bouche

Mund (bouche en allemand), est une petite commune du Haut-Valais, perchée à 1200 m d’altitude sur les hauteurs de Brigue et de la vallée du Rhône. C’est là que se cultive le premier safran -Crocus sativus- de Suisse. J’ai appris tout récemment qu’une plantation existait depuis puis  à St-Aubin, u domaine des Prises, au lieu-dit la Taupe à l’Ours au-dessus de Montalchez (l’info me provient pour partie d’un ami, pour l’autre d’un lecteur (intéressé ?).
Le safran de Mund, c’est une toute petite production : seulement de deux à quatre kilogrammes bon an mal an. La surface de plantation -sur un sol « finement sablonneux, légèrement limoneux, meuble et sec », est naturellement réduite : moins de deux hectares. C’est un pistil dans la production mondiale qui est de près de quatre tonnes annuelles.
A Mund, la culture du safran ne permet à personne d’en vivre sans travailler par ailleurs. Il est vrai que le prix du kilo, a un rapport proportionnel au nombre de fleurs cueillies et travaillées manuellement.
Pour obtenir un gramme de safran sec, il faut avoir récolté entre 120 et 130  fleurs. D’autres auteurs évoquent même 180 fleurs pour un gramme de safran. 180.000 fleurs pour un kilo !
Alors quel intérêt me direz-vous ? A Mund il vous sera répondu que le safran fait partie intégrante de la vie culturelle, sociale et économique (quand même). Le prix du safran au kilo -sec : 15.000 CHF le kilo (9.000 € +/-). Cela devrait perdurer, puisque depuis le 02 juillet 2004, le safran de Mund dispose de sa propre AOC, à l’instar du pain de seigle valaisan par exemple.
Et ces fleurs d’un beau violet, c’est actuellement qu’elles se montrent sous leur plus beau jour, et donc, qu’elles sont récoltées. Elles sont tellement convoitées, que les habitants de Mund ont dû se résigner à monter des tours de garde pour empêcher vols et autres déprédations de cette culture.
La culture et la récolte du safran. Comment ça marche ?
« C’est pas sorcier », mais c’est du boulot, surtout lors de la récolte !
Le travail débute vers la mi-août, période où il faut retourner la terre, pour permettre la germination des bulbes. Ces derniers sont plantés de 15 à 20 cm de profondeur. La croissance de la plante tient beaucoup à la brume de septembre et au soleil d’octobre. Il paraîtrait que les nuits claires de pleine lune accélèreraient l’éclosion des fleurs… Ces dernières, ne vivent que quelques jours. Mais chaque jour voit son lot de nouvelles plantes ouvrir leurs corolles durant la période de récolte.
A la cueillette, un doigté de chirurgien s’avère indispensable. Il s’agit de saisir la fleur par la tige en la pressant délicatement vers le bas, puis de la casser. Il importe alors de ne pas casser les bulbes.
C’est dans la journée même qui faut prélever les stigmates -à la main toujours. Ces trois filaments doivent être extraits simultanément, mais pas les étamines jaunes, aromatiquement neutres et qui, ajoutées à la récolte, la déprécierait.
Laurent
Je fais appel aux valaisans qui parcourent les pages de ce blog : n’y a t-il pas tentative de nouvelles productions de safran à proximité de Sion ?
 
Des clichés de Mund fin juillet :

Vue sur Brig/Glis ( Alpenstadt 2008 ). Dans la zone ensoleillée, on aperçoit la route qui mène au Simplon. Voie d’accès vers la Lombardie.

 Avant de se promener sur le chemin didactique consacré à la culture du safran, nos pas nous invitent à découvrir cette petite commune haut perchée :


Le cimetière happe nos regards :


L’uniformité des tombes surprend de prime abord, mais elle unit vivants et morts par son caractère d’unicité, faisant fi des classes sociales. Tous chrétiens, valaisans, montagnards, terriens de Mund.

Moi qui côtoie quotidiennement souffrance et maladie (la mort fréquemment aussi, c’est un corollaire de ma profession),  je suis choqué par la forte proportion de jeunes personnes qui reposent dans ces lieux.

Dans le village, c’est le calme absolu. Le soleil darde ses rayons et c’est la canicule. Les 30° sont atteints. A 1200 m d’altitude !

Une palissade surprenante n’est-il pas ?

Irrigation d’une prairie.

Actuellement, les champs de safran de Mund ressemblent à cela.

(c’est une « photo d’une photo » que l’on voit sur l’un des panneaux didactiques du chemin du safran).
 
 
Laurent