Histoire de la Vigne et du Vin en Valais (2) : du commencement à nos jours

SURVOL DES GRANDES ETAPES HISTORIQUES
Les Origines : bien avant les Romains !
On boit du vin et on cultive la vigne en Valais dès l’Age du Fer, près de 7 siècles avant la conquête romaine. La première viticulture a sans doute été introduite par nos voisins nord-italiens et tessinois, alors sous influences celtique et gréco-étrusque. L’analyse de restes végétaux dans le Lac de Montorge atteste d’une activité viticole entre 800 et 600 av. J-C. Des pépins de raisin avec leurs pédicelles sont également présents sur le site archéologique de Gamsen (Haut-Valais) à cette époque. Durant toute la fin de l’âge du Fer, on note la présence d’une série de récipients à vin (gobelets, vases à trottola, puisettes) en provenance de l’Italie du Nord.
Le temps des amphores (50 av.- 450 apr. J.-C.): à l’époque romaine, les Valaisans importent des crus étrangers. On trouve de nombreux tessons d’amphores qui servent au transport du vin et qui montrent qu’une partie de la population, sans doute les élites, appréciaient les vins de Gaule et de Méditerranée. A côté de cela, la production viticole indigène était consommée au quotidien.
Une production à la romaine (200 – 450…apr. J.-C.) : Dès le IIe s. apr. J.-C., on perçoit certains indices d’une production mieux organisée qui voit le jour dans les villae romaines, ces grandes fermes de la rive droite du Rhône. Aucune infrastructure n’y a été découverte. Ce sont plutôt de petits objets qui témoignent de cette production de vin: des petits couteaux à lame recourbée, les premières serpettes, ou encore les pépins de raisins retrouvés à Gamsen.
Ont travaillé sur cette période: les botanistes Olivier Mermod et Lucia Wick; les archéologues Philippe Curdy, Olivier Paccolat, Sarah Schupach-Hahling, François Wiblé.
? Moyen-Age : un vignoble très bien organisé
Les premiers documents mentionnent la vigne dès le milieu du XIe siècle (Saillon, 1052). Ils démontrent:
? une forte présence de la vigne dans tout le territoire où elle prospère encore
aujourd’hui
? une organisation en vignobles denses et bien équipés
? une solide implantation dans la société: dans la population, dans les milieux du
pouvoir (seigneurs) et dans ceux de l’Eglise (évêque et chanoines, monastères et
couvents).
La fin du Moyen Age est un temps de difficultés (crises dans certains secteurs de l’économie, graves crises démographiques) et de changement (développement d’un élevage commercial de bovins). La vigne traverse ces agitations avec une constance remarquable.
Les médiévistes ont fouillé une documentation abondante, qui nous apprend beaucoup sur le fonctionnement des vignobles et la place des crus valaisans dans la société. Le goût du vin n’a pas le même jargon qu’aujourd’hui, les sorciers squattent les caves pour des cérémonies secrètes, les vaches paissent dans les vignes, les moines boivent en cachette, les échanges commerciaux démarrent timidement.
Ont travaillé sur cette période: Pierre Dubuis, Chantal Ammann-Doubliez, Cristina Buchard, Arnaud Meilland et Christine Payot (Bureau CLIO Sarl).
? Epoque contemporaine (dès 1850): explosion du commerce
Cette période transforme radicalement le vignoble valaisan: on passe d’une culture vivrière à une vigne vouée au commerce. En 100 ans, le Valais devient le plus grand canton viticole de Suisse.
Comment ? Grâce aux suites de la guerre du Sonderbund (1847): les terres spoliées à l’Eglise sont rachetées par des familles valaisannes aisées et des investisseurs vaudois qui fondent les premières entreprises viticoles du canton. Grâce à l’arrivée du chemin de fer et les premiers travaux d’endiguement du Rhône (1860). Grâce à l’évolution de l’encépagement et des méthodes culturales.
1918-1950 : La grande mutation. Le vignoble est reconstitué en quelques décennies pour faire face à la menace du phylloxéra. Au détriment des spécialités, qui ne répondent pas à la demande des consommateurs. Une grave crise économique (années 1920) oblige les vignerons et les commerces à s’organiser. Elle est à l’origine de la création des Caves coopératives Provins. L’Etat fédéral joue un rôle de plus en plus important dans l’économie vitivinicole. L’enseignement se professionnalise.
1950-1991: Tensions entre quantité et qualité. La surface viticole valaisanne augmente constamment pour atteindre 5200 ha en 1980. La production s’industrialise. La vendange paie et la viticulture connaît sa période faste. Les impératifs de rendement prennent cependant souvent le pas sur la qualité des vins. Dans le courant des années 1980, le Valais, comme les autres régions viticoles, connaît une grave crise de surproduction qui aura d’importantes conséquences.
Dès 1991: Les années AOC. La grande crise d’écoulement des années 1980 est à l’origine de la mise en place des appellations d’origine contrôlées (AOC). Elles entrent en vigueur en Valais en 1992. La revalorisation des cépages autochtones, la mise en valeur des terroirs et la sauvegarde du patrimoine paysager font également partie des objectifs de la politique viticole valaisanne à l’aube du 21ème siècle.
(suite)