Gérald Besse, l'alpiniste des vignes (I, les vins blancs)

L’alpiniste des vignes. Je force un peu le trait ? Peut-être… quoique, pas si sûr même !
Quitte à me répéter, les dix huit hectares de cette cave sont situés uniquement sur un vignoble de terrasses. Terrasses qu’il faut régulièrement entretenir pour les faire durer. Mais parfois cela ne suffit pas. Il s’agit alors de les démonter, pour les reconstruire. Encore un métier supplémentaire pour ce vigneron !
En ce six juin 2009, je réalise un débarquement amical aux Rappes, accompagné de Claude, le caviste de Vignobles-Online. En face, point d’animosité ni de bunker d’accueil, même si le béton a été largement utilisé pour la réalisation de la cave.
La phrase du jour est signée par le maître de céans :
« si tu veux de la typicité, il te faut de la maturité ». Mais au cours de la discussion, si la maturité des baies s’avère indispensable, elle n’est qu’un élément parmi tant d’autres pour réaliser de bons voire de grands vins. Gérald Besse est décidément une preuve vivante que l’excellence dans les résultats ne s’obtient qu’à force de travail, accompagné d’une reflexion accompagnant celui-ci de bout en bout, avec une remise en question indispensable.
Année après année, le style où la « patte » de Gérald Besse est nette, précise et soignée. La gamme des vins, dans son ensemble, force le respect par sa haute qualité.
Travail du terroir ? Oui, bien sûr, l’adéquation sol-cépage a été débuté dès le début de l’aventure (30 ans déjà soupire Gérald). Aussi, les cuvées parcellaires sont pléthores ici.
Gulliver
Gérald Besse s’occupe d’un vignoble en terrasses extrèmement compartimenté. (*)
 
Trois fendants (2008) :
Champortay : Joli fendant fruité (poire), minéral. Un vin fin, équilibré, avec une jolie touche de gras en bouche, de bonne longueur.
Martigny : il rassemble en fait plusieurs cuvées issues de parcelles voisines, il était difficile de lui donner un autre nom que celui de la commune. Un vin  à nouveau très fin, avec cette fois un léger perlant, qui lui confère une fraîcheur idéale. Si au nez, le fruité est un peu plus discret, en bouche, la minéralité est bien plus présente. Un vin qui possède un peu plus de gras et de corps que le précédent.
Les Bans :  Un vin très marqué par les notes de pierre à fusil. En bouche, la compléxité s’affirme supérieure : finesse, équilibre, sapidité, longueur. Jolie touche saline finale. Très bon !
Le Johannisberg 2008 (sylvaner) : On ne le redira jamais assez, le Valais, malgré seulement deux cent hectares de sylvaner est l’une des grandes régions de ce cépage, qui n’en compte pas beaucoup il est vrai (ajoutons l’Alsace et la Franconie en Bavière au Valais). Voici donc un sylvaner de Martigny, un vin éclatant, très fin, sec, au fruité un peu discret aujourd’hui (le cépage souffre de la mise en bouteille) qui n’a pas fait sa seconde fermentation. Le volume en bouche est pourtant là, bien contrebalancé par une acidité qui équilibre l’ensemble à merveille. Belle longueur. A revoir après une année ou deux de bouteille. Loin de l’archétype de Johannisberg lourd et pâteux, celui-ci impose un style empreint d’une grande élégance. Enfin, sans avoir l’air d’y toucher, le Johannisberg est un cépage qui sait vieillir.
La petite arvine 2008 : Superbe nez complèxe (glycine, rhubarbe, agrumes). La bouche n’est pas en reste : vivacité, elle offre un caractère cristallin, aérien, qui me rappelle l’élégance des rieslings de Moselle, rien que ça ! Certes, le corps est plus dense, mais le caractère tonique (pas de malo) et équilibré de ce vin est absolument superbe. Belle longueur et typicité parfaite, avec une finale saline magnifique tant en longueur que par sa droiture.
Rares sont les producteurs valaisans capables de réaliser un vin de PA de ce niveau, sèche qui plus est. Gérald Besse en fait partie (et avec en prime une vigne d’un hectare, donc ce vin n’a rien d’une cuvée de garage !), et c’est le cas depuis que je fréquente sa cave. Un vin à aller acheter à la cave de Gérald Besse les yeux fermés, …mais en faisant un panachage de l’ensemble de la production s’il vous plait. Car rien n’énervera plus un producteur que de voir arriver un acheteur (l’amateur est-il de mise ici ?) qui fait le déplacement pour le vin encensé par un journal… à bon entendeur !
Ermitage Les serpentines 2007 : la vigne a été plantée par le grand-père de Gérald Besse en 1947. Soixante ans d’âge, voila qui est déjà respectable, non ? Quel nez ! Truffe blanche, framboise, discrète note de vanille (les Serpentines, c’est la gamme de vins élevés en fût de chêne). Bouche riche, grasse, sans lourdeur, c’est très fin, équilibré et long. En bouche, je ne perçois déjà plus le boisé. Excellent.
 
Retour sur les deux vins précédents : l’intégration de l’alcool à la matière mérite un petit arrêt : quasiment 15° d’alcool pour chacun de ces deux vins et aucune chaleur en bouche. Equilibre, vous avez dit équilibre ?
 
Petite Arvine surmaturée 2007 :  A nouveau un nez fin, riche et complèxe (miel, cire, coing, agrumes, rhubarbe), la matière est riche certes, mais la liqueur est intégrée. Et l’on reparle d’équilibre ? L’acidité de la PA tonifie la matière et la rend digeste, plus légère, et surtout sapide à souhait. Un véritable régal !
 
A bientôt avec la gamme des vins rouges (presque au complet) …
 
Laurent
 
le lien avec l’article sur les vins rouges dégustés le 06 juin chez Gérald Besse, c’est ici
(*) Photo de la scène du Spectacle Gulliver, Lilliput Aller-Retour.