Etant donné qu'il n'y aura pas de minaret… marions couscous et gamaret !

Le téléphone vient de sonner. Notre ami Stéphane que nous avons convié pour le souper dominical annonce son arrivée. Il  nous demandait s’il pouvait utiliser notre cuisine pour préparer le repas qu’il a prévu (il cuisine chez nous une fois sur deux, c’est devenu une habitude). Cette fois, c’est un peu tard pour le laisser faire. Il y a déjà du couscous au menu, et …c’est presque prêt !
 
Je ne le savais pas encore, mais nous allions assister aux fiançailles d’un plat oriental avec un vin d’un néo-cépage local
…et plus si affinités !

Ici à Serrières, un autre exemple d’un mariage « Orient-Occident » à la neuchâteloise.
Il me reste une bouteille d’Hermitage Le Gréal 96 de Marc Sorrel. J’ai envie d’associer ce vin d’Hermitage, dont on dit qu’il est le plus « mâle » de France avec un plat épicé comme le couscous. Un vin bien charpenté, agréablement patiné, avec une grosse acidité qui déséquilibre un peu l’ensemble. Certainement pas la pire bouteille de la caisse toutefois (beaucoup de variabilité d’un col à un autre), mais pas la meilleure non plus.
Stéphane, lui, sensé venir les mains vides, nous apporte une surprise régionale : un gamaret 2004, élevé en barrique, un vin de pays des Côteaux neuchâtelois.
Si en 2004 le gamaret était certes déjà autorisé en terres de Neuchâtel, c’était hors AOC. J’ai déjà eu l’occasion de déguster un autre vin de pays, un assemblage de malbec-merlot, du côté de Cressier il y a quelques années. Le pinot noir risque d’avoir la vie dure en ses terres avec l’arrivée de plusieurs concurrents.
Le producteur de ce vin m’est totalement inconnu. Les vignes et la cave se trouvent à Bevaix. Le vigneron s’appelle Mr Brunner. D’après mon ami, tout le monde dans la commune semble l’appeler … »Catherine ». D’ailleurs, si mon ami m’a bien dit le prénom de ce monsieur, je n’ai retenu que le surnom… L’effet anecdote a fait mouche !
Belle robe sombre. Nez fermé, peu disert à l’ouverture. En bouche, pas d’effet boisé, d’ailleurs, à table personne n’évoque l’élevage. C’est plutôt bon signe. Une belle matière fine, des tanins serrés mais ronds, de l’équilibre et une jolie longueur. Je décide néanmoins de carafer ce vin pour le servir à table.
Une heure plus tard, ce n’est pas la métamorphose, mais le nez s’est ouvert, sur des petits fruits noirs. La bouche étonne par sa structure et sa vigueur. Il a du tempérament ce gamaret, de la richesse et de l’équiibre. Jolie finale, avec une agréable perception d’une note de réglisse. Il surprend en bien !
Quoiqu’il en soit, ce vin de cinq ans d’âge a parfaitement tenu tête aux épices de notre plat de coucous.
Mariage improbable mais réussi.
Az-zahr ? Peut-être ? Parfois la chance tient dans un lancer de dé(s)…
 
Gamaret 2004
Le gamaret de Neuchâtel aura t-il un avenir commercial en mono-cépage et concurrencera t-il à terme le pinot noir, fierté des vignerons régionaux ? Ou lui sera t-il associé pour lui apporter couleur et charpente ?
Nous en saurons plus dans les mois qui viennent, après avoir rencontré quelques professionnels de Vaumarcus au Landeron (si l’un ou l’autre lit ses lignes, il est le bienvenue à apporter son point de vue ici ou par courriel).
 
Laurent