A Vullyssima 2010, on présentera le millésime 2009 !

La 4e édition de Vullyssima aura lieu ce samedi 08 mai 2010 de 11h00 à 19h00, à Morat.
Une édition qui se tiendra à bon port sans l’ombre d’un doute, et ce d’autant plus qu’elle se tiendra sur un bateau qui sera à quai durant la manifestation.
Au programme de Vullyssima : vins et produits du terroir.
Concernant les vins : Un Le millésime d’exception : 2009 le millésime encensé partout et (peut-être) par tous. Qu’en sera-t-il ici dans le Vully ?
Pour apporter un début de réponse, j’ai été convié hier à Morat à la dégustation d’avant-Vullyssima que les vignerons réservent à la presse. J’aime à rappeler que la petite appellation est à cheval sur deux cantons : Fribourg pour deux tiers, Vaud pour l’autre tiers. Raison pour laquelle, des producteurs des deux cantons étaient présents.
En présence de plusieurs producteurs, dont Marylène Chervet-Bovard, Christian Vessaz  tous deux œnologues et vignerons dans le Vully, mais aussi de Dominique Fornage, Directeur du Château de Villa (lien) nous avons dégustés sept vins, cinq vins blancs et deux vins rouges.
 
Dominique Fornage
Dominique Fornage, amateur de vins de tous horizons, à commencer par ceux de son Valais natal bien sûr, mais de Suisse tout simplement, avait été chargé de d’animer la dégustation.
Nicolas Schorderet, directeur de l’Office des Vins Vaudois était présent. Il a pris brièvement la parole avant la dégustation, pour rappeler s’il était besoin la bonne qualité générale des vins produits ici dans le Vully ainsi qu’en Suisse d’ailleurs. Devant les difficultés rencontrées par la filière vin suisse (perte de parts de marché face à la concurrence de vins étrangers), il a tenu a rappelé qu’un vigneron Suisse multipliait les professions différentes pour vivre.
Sans aucun esprit nationaliste, il a aussi tenu à évoquer la fierté de savoir consommer local, nonobstant le fait que cette pratique relevait également d’une certaine façon d’un geste écologique (à contrario d’un vin ayant traversé la planète en conteneur pour être proposé dans les linéaires, pour ce qu’il est : un produit sans âme, mais souvent issu d’un marketing réussi).
Tous les vins présentés sont issus du millésime 2009 :
 
+ Chasselas du Château de Mur (propriété de l’Etat de Fribourg) :
Joli nez fruité où l’on évoque la pomme Golden, et où je retrouve aussi des notes herbacées mûres comme le buis (impression positive donc). En bouche, ce chasselas s’avère parfaitement structuré et dense, une belle richesse donc et un fin toucher de bouche très soyeux, accompagné par une discrète note de pèche. Du CO2 certes aussi, mais surtout une minéralité nette, qui apporte un supplément d’élégance. Belle longueur. Un vin très plaisant, salivant même, qui donne envie d’être bu (diable ce n’est pas rien !) et qui devrait s’associer avec un poisson du lac et pourquoi pas des fruits de mer ?
Chasselas 2009 Château de Mur
+  Chasselas Les Gruppes de Daniel Matthey, à Vallamand :
Nez floral, de fumée aussi. Il est peut-être moins expressif que celui du vin  précédent à ce stade. La bouche plait par la fraîcheur qui s’en dégage. L’équilibre de ce vin est différent, la sensationde minéralité est ici très affirmée. J’aime beaucoup l’équilibre de ce vin délicat et très fin. IChristian Vessaz souligne le caractère minéral de ce vin qui accompagne le fruité de ce vin en bouche.
Voila déjà deux belles expressions du cépage chasselas. C’est fort réjouissant. Nous passons ensuite à la dégustation de trois vins blancs de spécialités :
 
+ Pinot Gris de J.-B. Derron, à Nant :
La robe est un peu plus soutenue. Nez sur les fruits exotiques dont le litchi, l’intensité est moyenne, mais la mise en bouteille est récente. En bouche, encore une fois, il faut relever d’emblée la sensation de fraîcheur et d’équilibre,  mais aussi l’élégance qui se dégage, tout comme la belle structure de la matière et le toucher de bouche délicat. Sensation minérale discrète avec une petite touche de fumée. Une très légère rondeur évoque une petite subsistance de sucre résiduel, déjà fondu.
+ Freiburger du Château de Praz, à Praz :
Sans surprise, le nez est mûr. Note délicate de pèche, mais aussi anisée après aération. En bouche, un CO2 très fin, mais surtout -encore !- de la fraîcheur. Toucher de bouche fin et  très délicat. Minéralité discrète mais présente, bel équilibre et persistance. A nouveau j’apprécie le caractère salivant, preuve s’il en est de la « buvabilité » et de l’équilibre réussi de ce vin très fin.
Pour un producteur présent, 2009 est le millésime du Freiburger. Un cépage qui semble lui avoir beaucoup plu dans toutes les caves qui le produisent.
Le Freiburger a été créé au début du siècle passé dans une station de recherche allemande de Freiburg im Breisgau (d’où le nom du cépage). C’est le fruit de l’association du pinot gris et du sylvaner, car il avait été observé une dégénérescence de certains clones de pinot gris. Le Freiburger s’est mué en Freisamer avec le temps. En Vully, il a conservé son nom d’origine (deux tiers de la surface de l’appellation est située dans le canton de Fribourg).
Peu de temps après sa création, des clones de pinot gris plus résistants ont été découverts et le cépage sauvé.
 
+ Traminer du cru de l’Hôpital, Môtier :
Rappelons que le Traminer du Vully est le cépage gewurztraminer.
La robe est la plus intense des vins dégustés ce matin. Le nez est expressif, puissant, très agréable, avec une dominante florale due au pétale de rose, mais fruitée aussi avec une note de pamplemousse rose.  En bouche, belle attaque, la structure est dense, sans la moindre lourdeur. On évoque à nouveau la minéralité pour ce vin, et une qualité de bouche remarquable. La longueur est simplement « énorme » : le vin ne vous quitte plus. Christian Vesssaz dit que ce vin s’est fait tout seul. Enfin presque, puisqu’il n’y a pas eu de deuxième fermentation. Equilibre magistral ! Un vin à réserver et à garder pour le futur, surtout si vous avez un enfant né en 2009 !
Tramine 2009 Cru de l'Hôpital
Encore deux vins rouges (deux pinots noirs) : 
+ Pinot Noir « Sang des Bourguignons » : de A. Schmutz & fils à Praz :
Très belle robe rubis, dense, légèrement mate. Fruité (fraise, framboise). La bouche est grasse, les tanins charnus. J’ai l’impression que la fraîcheur est -au moins actuellement- un peu en retrait devant la puissance tannique. Toutefois je semble être le seul à m’interroger à ce sujet : l’ensemble des dégustateurs est unanime pour saluer ce vin.
+ Pinot Noir, Javet & Javez, Lugnorre :
La robe rubis est brillante. J’ai trouve ce vin légèrement réduit. La bouche possède une attaque un peu plus marquée que celle du vin précédent. Le vin est plus alerte dans sa tenue de bouche, plus élancé. Le fruité est mûr, sans connotation de sûr-maturité. Belle longueur. Un vin dans un registre peut-être plus classique, moins opulent.
 
Deux vins de pinot noir dans des styles forts différents (c’était voulu) et dont le potentiel de garde est supérieur de ceux produits habituellement dans le Vully.
A table, j’ai encore dégusté un chasselas cuvée l’Enchanteur de monsieur Paul Marti, très plaisant, dans un registre assez proche du chasselas du Ch. de Mur, ainsi qu’un pinot noir bien fait, agréable tant au nez qu’en bouche, mais de facture un peu plus simple que les deux autres vins commentés plus haut .
 
D’autres manifestations du Vully ?
Grâce au site internet à jour du vigneron, en voici plusieurs pour les semaines et mois à venir. C’est ici
Vous trouverez en ces pages d’autres articles relatifs à la région moratoise et du Vully. Pour se faire, ce n’est pas sorcier. Il suffit de lancer une recherche à partir de mots clés : Morat, Vully, Opppidum, Avenches, … la plupart des articles ont moins d’une année. Fraîcheur helvétique garantie !
 
Laurent