Fiat Lux ! Solaris, le cépage hybride sans bride veut briller

Ouvrez, ouvrez la cage aux cépages, laissez-les s’exprimer c’est beau … (ma ! vous avez reconnu ? Non ? C’est pas grave, vous tracassez pas et continuez la lecture).
Mais tout d’abord, c’est qui ce SOLARIS ?
C’est un cépage hybride, donc un cépage particulièrement résistant aux maladies (je me suis laissé dire que les vignobles septentrionaux payaient chers la finesse de leur vin par une lutte permanente contre les bestioles et autres champignons microscopiques qui les attaquent). Un hybride est donc le croisement donc entre une vigne américaine et une autre européenne. Il existe par exemple le Métisse une création de la station viticole d’IBIZA (ne dîtes pas que je vous ait dit ça, où Mélissa me tue).
Solaris, n’est toutefois pas le fruit d’une manipulation génétique, bien que l’homme ait dans le cas présent un peu précipité les choses. Il ne suffit pas de chasser le naturel, il faut parfois lui donner un petit coup de main.
Ce coup de main, en l’occurrence, ce sont des chercheurs allemands (de mémoire, Herr Professor Klaus Nomi et Frau Dr Nina Hagen) qui l’ont donné en associant une vitis américa au cépage Merzling (ceux qui en ont entendu parler avant peuvent faire un pas en avant). Ébouriffant, non ? En plus, il n’a pas coûté cher : Six Pistoles, pas un Pfennig de plus. Par ces temps d’économies, ça vaut de l’or.
L’ennui, c’est que les cépages américains apportent régulièrement un goût foxé au vin, un goût peu agréable.
Avec Solaris, que nenni, pas de cela nous promet-on. En outre, ses multi ou poly-résistances aux maladies de la vigne en font, d’une certaine façon, un cépage « bio » puisqu’il ne nécessite pas ou que fort peu de traitements prophylactiques et encore moins de soins.
Bref, on plante, on taille, on gère la croissance des ceps, on module l’abondance de la charge, puis on récoltera et on vinifiera sans peine. En prime, avec le temps libre on pourra jouer tranquille aux cartes  avec l’ex représentant de Monsanto, puisque celui-ci est désormais presque aussi inoccupé que le vigneron (il lui faut quand même de temps à autre aller voir son conseiller à l’Office Régional de Placement).
C’est pas si simple que ça, hein, je préfère vous le dire. C’est même franchement réducteur ce qui vient d’être écrit juste ci-dessus, mais ça permet d’aller droit au but (qui a dit allez l’OM ?). Mais Solaris c’est presque simple que ça, vraiment. L’ennui, c’est que ce n’est pas pas quand même la panacée non plus. C’est pas encore le XAMAX du vigneron neuchâtelois non plus contre les vicissitudes des maladies de la vigne.
Mais au fait, on fait quoi comme vin avec le Solaris ?  Dans le cas présent, il s’agit d’un vin moelleux. Aux dires du vigneron (Louis-Philippe Burgat du domaine de Chambleau à Colombier, canton de Neuchâtel, Suisse)  « Ce vin d’apéritif n’est pas du tout représentatif du vignoble neuchâtelois, on sort de la tradition et ça fait un peu peur ». Alors warum ? Because marché de niche à occuper.
En effet, bien que personne n’ait pu lui dire comment cultiver et vinifier son Solaris, il a quand même réussi à produire cet « Enfant Sauvage » tout seul (notez qu’il n’est pas hermaphrodite notre vigneron, c’est le nom de sa cuvée). Et pendant qu’il suait sous le Solaris, d’autres, eux, faisaient du moelleux avec du Chardonnay sous les mêmes latitudes, et avec le bonheur que l’on sait (c’est à lire ici , lorsque je vous narrait un récent et audacieux braquage au théâtre de Berne).
 
Solaris est né en 1975. Il est résistant au mildiou et à l’oïdium. Il serait par contre plutôt sensible à la pourriture grise. Il est très précoce, ses raisins peuvent être mangés dès le mois d’août, et, de fait, nécessitent d’être protégés des oiseaux…et aussi des cochons sauvages ainsi que des lapins (voir illustration ci-dessous). Dès septembre, sa concentration peut atteindre 100° oechslés (à la même période, le chasselas neuchâtelois se situe entre 55  et 60° oechslés de maturité.
Le premier millésime de L’enfant sauvage est né le 2008. Il s’est vendu « the finger in the nose », 32 CHF pièce. Les 400 topettes sont parties comme des petits pains. A suivre, donc. Nous félicitons comme il se doit la maman (Louis-Philippe Burgat, Château de Chambleau, à Colombier, Neuchâtel, Suisse), ainsi que le papa (Louis-Philippe Burgat, Château de Chambleau à Colombier, Neuchâtel, Suisse) pour cet heureux évènement.
 

Après  « émotion sauvage », voici L’enfant sauvage (hélas, pas de photo d’étiquette à vous proposer, pas plus que de compte rendu de dégustation). Le vin de Louis-Philippe Burgat du Château de Chambleau à Colombier (canton de Neuchâtel, Suisse) n’a aucun rapport (passez-moi le terme) avec celui Françoise Berguer, la viticultrice genevoise dont voici les étiquettes).  Si ce n’est d’être né hybride.
 
Pourrons-nous dire un jour que tous les cépages hybrides sont de chauds lapins ? Voici une nouvelle question existentielle, non ?


Le Musée d’Histoire Cantonal Neuchâtelois présentait au coeur de l’hiver dernier une passionnante rétrospective sur l’art vigneron neuchâtelois au 19 eme siècle (photo d’époque sans hybridation informatique).
 
Laurent (sévèrement contaminé par la grippe coquine H69N69, pour  laquelle le bon Docteur G semble totalement impuissant).
 
Notez bien que :
Ce billet s’est « libertinement » inspiré d’un article signé par Monsieur Alexandre Bardet, paru samedi 21 novembre dans les journaux L’Impartial (La Chaux-de-Fonds, Suisse) et l’Express (Neuchâtel, Suisse).  Il est garanti (grroinnk) sans effets secondaires connus (grroinnk).