Audacieux braquage au Stadttheater de Berne hier soir

Un audacieux et très important braquage s’est déroulé hier soir, en présence d’un public nombreux, lors de la quatrième cérémonie du Grand Prix du Vin Suisse.
Depuis Berne, notre envoyé spécial raconte :
« Il était un peu plus de 18h15 ce vendredi 23 octobre 2009 quand le casse a débuté au Stadttheater.
Grimpants sur scène au cri de :  « sans sang, sans haine et sans violence, mais au nom de la diversité de la viticulture helvétique parce qu’elle est unique au monde »,  trois hommes agissant à visage découvert, ont fait main basse sur un butin important. De toute évidence, ils ont pu bénéficier de la complicité d’une ou de plusieurs personnes présentes dans la salle pour la réalisation de leur méfait.
Certainement échaudés par l’hégémonie valaisanne rencontrée ces dernières années, ces trois monte-en-l’air, un Suisse alémanique de la région de Schaffhouse, Monsieur Stefan Gysel, un neuchâtelois, Monsieur Alain Gerber, et un vigneron vaudois, Monsieur Reynald Parmelin, ont réussi à faire main basse sur plusieurs des prestigieux prix mis au concours du 4eme Grand Prix du Vin Suisse. » …
 
Il faut bien reconnaître que ces trois hommes, qui ne semblaient pourtant pas se connaître, se sont admirablement complétés au cours de ce que la viticulture Suisse peut considérer comme le hold up du siècle.
Jugez par vous même :
 

Monsieur Stefan Gysel,

Après avoir remporté une place de finaliste (vins rosés et blancs de noirs), puis deux premières places (assemblage blancs purs et pinot noir), est reparti à Hallau (Shaffouse)  avec le titre de

Vigneron Suisse de l’année 2009.

 

Monsieur Alain Gerber,

Vigneron neuchâtelois à Hauterive. Il a remporté le prix spécial Vinissimo, qui récompense le vin ayant eu le meilleur pointage du concours (2177 vins présentés), ainsi le premier prix de la catégorie Vins blancs, rouges et rosés avec sucre résiduel dès 08 gr.

Ces deux distinctions récompensent le vigneron pour son vin « Prélude 2007 », un chardonnay surmaturé très élégant et tout en finesse. Bravo également, et merci de contredire mon texte d’il y a quelques années  :

« Neuchâtel, quand on n’a pas le climat, on ne fait pas ».

 

Le Prix Bio Suisse, a été décerné à Monsieur Reynald Parmelin,

du Domaine de la Capitaine à Begnins.

 
Les vignerons valaisans seront certainement déçus par le résultat final, qu’ils trouveront peut-être trop consensuel ou collégial. Robert Taramarcaz, vigneron sierrois du Domaine des Muses, avait pourtant donné le ton lors du premier prix décerné, en s’adjugeant la troisième et la première places de la catégorie Chasselas. L’Epesses Braises d’Enfer 2008, des Frères Dubois, de Cully, arrachant la deuxième place du podium.
Diego Mathier, de la cave Adrian Mathier Nouveau Salquenen AG, vigneron de l’année 2007, aura pourtant fait planer le suspense jusqu’au bout. Alors que les jeux semblaient être faits en faveur de Stefan Gysel, le vigneron de Salquenen a terminé le concours en trombe, s’offrant une deuxième place (assemblage de cépages blancs), et deux premières places (cépages rouges purs et assemblages rouges). Las, il a été « pénalisé » dans le choix pour la distinction suprême, par un nombre de vins présentés au concours supérieur à son « vainqueur » du jour.
 
Les autres prix en lice sont repartis vers toute la Suisse :
 
Le premier prix de la catégorie des vins de rosés et de blancs de noirs est allé à Saint-Prex (VD) au Domaine de Terreneuve. « Laissons dire et faisons bien », telle est la devise qui accompagne les armoiries communales de Saint-Prex. Voila qui se passe de tout commentaire.
Dans la catégorie Müller-Thurgau (ex riesling-sylvaner), le premier prix est parti en Suisse alémanique à Riehen (Basel Stadt). Le vainqueur de la catégorie vins de cépages blancs purs s’en est reparti également en Suisse allemande, dans les Grisons.
Catégorie gamay, le vainqueur est genevois (domaine du Clos des Pins à Dardagny).
Enfin, catégorie merlot, le vaudois Hammel avec son cru du Clos de la George (Yvorne) s’est adjugé la troisième place. Mais la cave Zamberlani Vini SA, à Piotta, est repartie avec les deux premières places. Le merlot La Roca 2007 s’inclinant devant son ainé, le merlot 1er Choix 2005. L’oenologue tessinois responsable de ce succès avait remporté le prix l’an passé avec le vin « Sassi Grossi » de la maison Gialdi. Il peut et doit être considéré comme le premier complice du trio sus-cité, voire même peut-être l’éminence grise, de ce qui peut être considéré comme une véritable fronde anti-valaisanne !
Félicitations à tous et à toutes !
 
Si ce braquage est bien évidemment une œuvre de fiction, l’ensemble des prix attribués et le fair play des vignerons présents étaient bien réels. Ainsi, Charles-André Lamon (2eme avec son Cornalin du Clos des Montzuettes à Flanthey, dans la catégorie des autres cépages rouges purs) arborait un sourire radieux et laissait libre cours à sa joie.
Un vigneron clandestin du Val de Travers, est reparti avec le sourire, et une carafe, glanée au cours de la tombola qui a suivi la cérémonie, lors d’un repas qui a été servi, dans la joie et la bonne humeur.
Il n’était pas venu pour des clous. Comme nous tous.
 
Laurent