Vins du Valais : reflexions pour une "stratégie" de dégustation

..entre logique et pertinence, où comment s’y prendre pour présenter judicieusement ses vins de cépages ou de terroirs.
J’ai proposé voici quelques jours un ordre de dégustation des vins du Valais, car ce canton propose une multiplicité de cépages rare qui peut mettre en déroute un amateur ayant envie d’ouvrir plusieurs bouteilles au cours d’une soirée. Voici désormais, pour qui veut aller plus loin, des pistes pour organiser ses achats, ou réaliser une dégustation à la thématique bien ciblée.
Nombre d’idées sont complémentaires voire indissociables, ce qui peut éventuellement provoquer à la lecture une certaine redondance.
A. Le cépage : privilégier le cépage au détriment du terroir. Comme souvent en Alsace, par ex.
B. Le domaine : envisager une verticale d’un vin d’un domaine connu, voire de toute la production.
C. La provenance :
a. La commune : un intérêt relatif, hormis par ex. : l’amigne de Vétroz, le pinot noir de Salquenen, le vignoble de Visperterminen, le Johannisberg à Chamoson. A contrario, et bien que la commune fête le cépage arvine tous les deux ans, je ne considère par Fully comme la zone la plus passionnante de ce cépage. Sans valeur ajoutée par rapport aux autres communes de la région. C’est un avis personnel bien évidemment.
b. Zone de région : Martigny et Fully, Saillon/Leytron/Chamoson, Vétroz/Conthey, Sion, Sierre et Coteaux de Sierre, Salquenen, et autres communes du Haut-Valais. Voila selon moi, une possibilité moins restrictive, que de cibler uniquement sur une commune.
c. Zone fluviale : Rive droite ou adret (90 %) du vignoble, où rive gauche (ubac), la plus fraîche du Rhône. Ex : les vins de pinots noirs de la rive gauche ont leurs partisans. Ils seraient plus tendus par l’acidité, moins mûrs, voire surtout  moins « confits » en quelque sorte, plus près d’une idée bourguignonne.
Pour éviter de se perdre dans des chemins tortueux, il faut garder à l’esprit que nombre de cépages sont présents dans l’encépagement régional de façon modeste à confidentielle.
En ce sens, par exemple, la marsanne sera -selon moi- à investiguer comme un vin de cépage. Les subtilités dépendent davantage des processus de vinification et d’élevage (cuve ou barrique) que de la zone régionale. Ceci pour avoir une vision qualitative réelle de ce cépage rhodanien en Valais. Cet exemple peut faire florès dans la région.
Mais, l’extrême multiplication des cépages en Valais (50 variétés) doit conduire à éliminer purement et simplement certains cépages (sauvignon blanc, chardonnay, cabernet, …), pour se concentrer sur les vins les plus intéressants du canton, ceux qui en font son originalité, comme en particulier les cépages autochtones et historiques : amigne, arvine, humagne blanche, Johannisberg, humagne rouge, cornalin, syrah, marsanne, païen, gamay et pinot noir (liste non close).
Au mieux, certains vins de qualité, issus de cépages confidentiels, pourraient servir de pirates à glisser dans une dégustation de vins de la région d’origine ou d’une dégustation comparative « internationale ».
Une recherche par terroir est pour l’heure moins évidente en Valais (*), malgré l’extrème diversité géologique reconnue des sols viticoles valaisans. Ceci augmente l’intérêt de la recherche par zones régionales actuellement et peut permettre à l’amateur de développer son sens de l’empirisme.
Toutefois, ne balayons pas cette idée d’un revers de la main trop hâtif. Nombre de vins sont issus de terroirs particuliers connus : Mangold est un terroir de gypse unique en Valais, les schistes ardoisiers de Chamoson à Sion, les zones granitiques de Martigny Fully, les zones ou le calcaire domine : à Sierre et au-delà (liste non exhaustive, mais chacun peut formuler dans ses commentaires une ou plusieurs propositions).
Ces vins de terroir peuvent être mis en comparaison soit avec des vins de différents cépages (mais du même terroir), pour tenter de retrouver la typicité imprimée par le terroir, soit, et c’est certainement plus pertinent dans une approche « terroiriste », en réalisant une verticale d’un seul et même vin monocépage.
La première de ces deux idées m’a d’ailleurs été confirmée par Philippe Darioli de Leytron. Rechercher la notion de terroir avec la PA en mettant en comparaison des PA de Martigny-Fully (zones granitiques dont le calcaire est quasi totalement absent) avec le reste du Valais (disons à partir de Leytron). En effet, sur les hauts de Leytron, on discerne une passerelle (sentier de Farinet). C’est ici, au niveau de cette faille, que prend fin le massif du Mont-Blanc. A l’Est de cette faille, c’est une zone alpine géologiquement différente.
D. D’autres paramètres :
a. le vin est-il sec où des sucres résiduels sont-ils clairement perceptibles ?
b. élevage cuve ou en fût de chêne ?
 
Laurent
(*) Une vaste étude sur les terroirs vient d’être menée par le laboratoire Cigales (Montpellier ?). Je ne sais pas où en sont les résultats à ce jour. Denis Mercier, vigneron à Sierre, me disait il y a quelques mois de cela déjà, que des résultats tangibles tardaient à émerger des travaux préparatoires. Je ne vois toutefois pas une révolution arriver.