une autre journée de dégustation en Vs (4 vignerons)

Pas tout à fait les mêmes vignerons, une grosse année plus tard (le 13 juillet 2005)
Les vignerons visités :
Dom. Denis & Anne-Catherine Mercier, à Sierre
Dom. Sélection Excelsus, Jean-Claude Favre, à Chamoson
Cave Le Potier, Jérôme Giroud, à Chamoson
Cave la Liaudisaz, Marie-Thérèse Chappaz, à Fully
Un mot sur le millésime 2004 :
Début de saison sec et chaud, sans excès. Quelques pluies en juillet. Vendanges dès le 21 septembre et jusqu’au 12 octobre. Pour des raisins sains. Acidité équilibrée et maturation optimum pour un millésime frais, riche, structuré et harmonieux avec un potentiel de garde intéressant (Dom. Mercier).
Alternance de périodes chaudes, très chaudes et de jours plus froids. Des précipitations régulières, sans être abondantes ont permis à la vigne du cône de Chamoson de se développer de façon idéale pour l’obtention de raisins bien constitués. Nécessité de réaliser des vendanges vertes pour refreiner les ardeurs de la vigne. Les vins du millésime 2004 sont remarquablement structurés en rouge comme en blanc, d’heureuse conservation. (Jean-Claude Favre, Dom. Sélection Excelsus).
Mon fort modeste avis sur un petit échantillon de vins dégustés : j’ai beaucoup apprécié la fraîcheur des vins blancs, qui possèdent une belle vivacité, associée à une matière bien mûre. Les vins rouges me sont apparus un peu plus en retrait, quoique fort bien structurés et très agréables.
Départ de la Tchaux à 07 heures du matin. Mon premier rendez-vous chez les Mercier est prévu dès 09 heures. Premier exercice de la journée : ne pas lambiner sur la route, sans faire des excès de vitesse non plus. Les conditions de route sont parfaites, c’est une chance. Deux heures plus tard (et deux cent kilomètres tous ronds), me voici parvenu à Sierre, ou je suis accueilli par madame Mercier.
Dom. Mercier : 
Fendant 2004 : (chasselas) robe jaune vert, claire. Nez délicat de tilleul et de façon plus surprenante d’écorce de quinquina, nullement agressif. La bouche est grasse, bien équilibrée par une légère pointe de CO2. Un fendant qui apparaît minéral en bouche (craie). La finale finement amère, possède une très belle longueur. Un excellent fendant.
Johannisberg 2004 : (sylvaner) la robe est jaune vert, assez claire. Le nez est intense, végétal, puissant, mais frais. Bel équilibre en bouche, avec un joli gras qui donne un toucher fin et délicat. Belle longueur où l’on retrouve l’amer typique de ce cépage.
Pinot noir 2004 : Belle robe rubis, brillante. Nez sur les fruits rouges, bouche assez souple, avec des tannins au grain fin. Un vin d’accès assez facile à boire sur les deux ou trois années qui viennent.
Cornalin 2003 : robe intense, très sombre, aux pourtours du disque légèrement plus clairs. Un vin qui s’annonce dense, fruité et fruité minéral (pointe de crayon), épicé. Et néanmoins beaucoup d’équilibre pour ce vin puissant. Elevage en barriques très discret. Au total, quelques 1800 bouteilles/ an sont produites.
Poursuite de la dégustation des vins du domaine à Vinéa.
Désormais les vins du domaine sont conditionnés en flacon de 75 cl. Les verriers abandonnant progressivement les flacons de 70 cl. Les normes de la CEE s’imposent de plus en plus en Suisse.
Dom. Sélection Excelsus : 
Les vignes du domaine sont sises sur les meilleurs terroirs du cône de Chamoson. Mais Jean-Claude Favre ne saurait s’en contenter : le travail semble être une discipline du corps et de l’esprit chez ce vigneron cordial, généreux, mais de fort tempérament. De fait, il a aussi une participation active dans les groupes de travail des viticulteurs communaux. Il m’annonce un premier scoop : dès le 31 août, la commune de Chamoson va virer en mode Grand Cru. Mais l’application ne fera pas de suite. Nous aurons l’occasion d’en reparler ensemble ultérieurement. Dans l’immédiat, si tout n’est pas décidé de façon définitive, il ne peut se soustraire à une réserve nécessaire pour respecter ses collègues qui n’ont pas pris part aux différents groupes de travail.
Il m’apprend également qu’il est lecteur de notre forum. Ne souhaitant pas se loger, il regrette de ne pouvoir accès à certaines rubriques. Viticulteur passionné et fier ambassadeur de sa commune, il lance une invitation à la dégustation des crus chamosards aux lecteurs de DC. La fin de l’année étant particulièrement chargée me concernant, je suis néanmoins prêt à organiser une sortie valaisanne au printemps 2006 avec des internautes intéressés.
Les vins du millésime 2004 :
Fendant Excelsus : un vin vif, frais, avec un léger perlant. Bouche de belle densité. Caractère minéral, ce vin est fin, très bien équilibré. Belle tenue dans le temps d’un autre flacon dégusté de suite après (ouvert samedi après-midi). Un deuxième excellent fendant.
Johannisberg Excelsus : Robe jaune vert, bouche riche et tendre à la fois. Voici un autre vin ou fraîcheur, finesse et équilibre sont au rendez-vous. Belle réussite dans un autre style que le 2003.
Pinot blanc Excelsus : Robe jaune assez claire, le nez est finement citronné, la bouche est sèche, possédant une matière riche, équilibrée, de belle longueur.
Pinot gris Excelsus : une matière riche, avec un peu de CO2 actuellement, pour un vin puissant, fruité, long en bouche.
Petite arvine Excelsus : robe jaune pâle, nez très fin, moyennement intense, ou les notes de rhubarbe dominent un fruité. La bouche est riche, fine, vive, un léger CO2 est encore perceptible ici aussi. Beaucoup d’équilibre et très belle longueur. A attendre un peu.
Mon coup de cœur du jour. Je vais demander quelques flacons supplémentaires de ce vin.
Pinot Noir : Robe rubis, brillante. Nez un peu réduit à l’ouverture. Puis floral (pivoine), noyau de cerise, bouche de bonne densité, avec des tanins fins, ronds. Bonne longueur.
Cornalin 2004 : robe rubis très sombre. Bouche riche, dense, un vin doté une belle matière bien mûre, équilibré et de belle longueur.
Excellent. Deux domaines visités, et deux vins de cornalin des plus recommandables.
Pas de dégustation des vins élevés sous bois aujourd’hui, par manque de temps pour Jean-Claude Favre et moi-même. Ils seront dégustés à une autre occasion certainement.
Cave le Potier, Jérôme Giroud :  
Fendant « Pierre de Soleil » 2004 : Ce fendant est vif, légèrement perlant. Il se révèle particulièrement minéral. Idéal avec une raclette.
Johannisberg 2004 : Robe jaune vert, le vin est légèrement perlant, bien typé, de bonne longueur.
Chardonnay 2004 : la robe est jaune clair, le nez est mûr, avec des notes d’agrumes, la bouche est vive (malo. faîte, élevage en cuve) de bonne longueur.
Pinot blanc : robe jaune pâle, un peu de CO2, le vin témoigne d’une belle maturité, avec des arômes d’agrumes. Il est fin, long, frais.
Petite Arvine : robe jaune d’intensité moyenne. Le nez est très fin, encore retenu. La bouche possède la même finesse, elle est sèche (sans SR), avec encore un peu de CO2 qui va s’estomper progressivement. Pour Jérôme Giroud, ce vin manque un peu de gras en bouche.
Humagne blanche 03 : un vin élevé en barrique. Un vin puissant, mais équilibré.
Opale 2003 : un vin blanc d’assemblage (humagne blanche à 60 % et petite arvine à 40 %) également élevé en barriques. Le vin est plus vif que le précédent, il est néanmoins puissant et équilibré.
Muscat 2004 : un vin typique de son cépage, fruité, avec a nouveau un peu de Co2, très fin. Un vin tout en finesse avec une jolie longueur.
Gamay 04 : un vin typé, au fruité charmeur, la bouche est ronde, grasse, on l’associera à un repas d’été, à une charcuterie sapide.
Pinot noir 04 : un vin floral, qui possède beaucoup de fraîcheur, la bouche est assez souple avec des tanins ronds. A boire rapidement.
Concerto 04 : Etonnant vin rouge associant près de 10 cépages. Elevage en cuve, la robe est sombre et brillante. Bouche équilibrée, dense, de bonne longueur.
Humagne rouge 04 : Un vin qui possède la rusticité de son cépage, mais doté de tannins fins. Puissance et longueur moyennes. A revoir à Vinéa, où Jérôme Giroud sera présent cette année.
Gamaret/Garanoir 04 : Assemblage à parts plus ou moins égales de ces deux cépages. Un vin équilibré, avec une acidité bien fondue, des tanins gras, ronds, la robe est sombre. Une belle surprise, pour un vin issu de deux cépages « béquilles » à mes yeux. Très bien.
Syrah 2004 : couleur profonde, brillante, la bouche est dense, de bonne longueur, légèrement asséchante. A revoir.
Syrah 2003  fût de chêne : Robe très sombre, nez de griotte, ou l’on perçoit également des notes de réglisse. Belle finesse pour ce vin qui possède une riche matière bien mûre, belle longueur. Elevage discret. Très bien.
Merlot 2003 fût de chêne : Nez de noyau de cerise. Bouche légèrement asséchante, la présence du bois est plus insistante (Jérôme Giroud utilise des barriques « chauffe merlot »). Le passage de ce vin de merlot après la syrah dessert ce vin que j’essaierai de re-déguster à Vinéa.
Cornalin 2004 : un vin concentré, un peu rustique, avec des tannins un légèrement durs. Il apparaît aussi un peu réduit aujourd’hui.
La vigne est jeune (4e feuille). A carafer sans hésiter.
Onyx 2003 : un assemblage de merlot (45%), de syrah (35%), et de gamaret pour les 20 % restants. Nez fin, ou domine la griotte, la bouche est ronde, ample, de belle longueur.
Pour ses cuvées élevées en fût de chêne, Jérôme Giroud, a utilisé grosso modo 50 % de bois neuf.
Pour finir, un vin muté composé de malvoisie (pinot gris) et de johannisberg (sylvaner) vendangés à quelques 170°oechslés. Adjonction d’alcool à 95° pour un volume de 7 % et un degré alcoolique final de quelque 16,5 °. Certainement la dernière fois que Jérôme Giroud s’essaie à ce genre, en raison d’un problème juridique je crois. Un vin très puissant, aux arômes d’eau de vie de framboise, d’abricot, belle finesse en bouche et grande longueur. J’avais aussi beaucoup apprécié sa malvoisie flétrie, offerte l’an passé, d’un niveau de qualité incroyable, pour un domaine qui possède une telle liste de vins différents.
Domaine de la Liaudisaz, Marie-Thérèse Chappaz : 
L’accueil est réalisé par Valérie, la sœur de Marie-Thérèse Chappaz. Et aussi par un très surprenant Azulero portugais sur une scène de vendange, intitulé « Marie-Thérèse, Vigneronne », offert je crois, par un client ayant effectué un voyage au Portugal.
Quelques nouveautés cette année dans cette cave :
L’apparition du cépage syrah, et également d’un vin moelleux réalisé à partir de raisins mi-flétris (125° oechslés). Son nom : « Grain doux », c’est un assemblage de sylvaner, de petite arvine et de pinot gris avec du chardonnay issu de jeunes vignes
Trois fendants du millésime 2004 :
Fendant Ma Puinée : un vin assez tendre, bien qu’aussi vif, minéral, légèrement perlant. Bien.
Fendant Les Bans : Un vin plus droit, tendu, davantage fruité (notes d’abricot), possède une jolie structure pour un vin de chasselas, de la fraîcheur, et un joli amer en finale. Très bien
Fendant Président Troillet, domaine des Claives : le vin qui possède le plus de race. Le plus structuré des trois aussi, associant avec une certaine noblesse ses caractères minéraux et végétaux. Excellent. 2004 semble avoir été une année propice à la production de fendants d’une belle qualité.
Petite Arvine 04 Grain Blanc : robe jaune vert, assez pâle. En bouche, le vin est puissant, sec, bel équilibre entre matière et acidité. Fruité (notes d’agrumes), floral (glycines). Belle longueur. Une très jolie petite arvine.
Ermitage Grain d’Or 03 : (marsanne). Un vin puissant, racé, fin, plutôt sur sa réserve. A revoir si possible.
Humagne rouge 04 : Joli nez, frais, sur les fruits rouges, la réglisse. Couleur rubis d’intensité moyenne, la bouche est plutôt souple, les tanins sont un peu durs actuellement. A boire dans les deux ou trois ans à venir.
Syrah 04 : robe sombre, brillante, au nez les notes fruitées sont discrètes. La bouche est assez souple, la longueur m’a paru plutôt moyenne.
Syrah 03 : Robe sombre, un peu plus mate. Le nez est plus puissant, intense, plus racé aussi. La bouche est dense, mais aimable, car les tanins sont plus polis que ceux du millésime 04. L’ensemble se révèle plus harmonieux aujourd’hui que pour le jeune millésime 04. Belle longueur.
Grain noir 03 : un vin d’assemblage issu des cépages bordelais. Robe sombre, nez complexe où dominent des notes d’élevage (grillé). Vin doté d’une riche matière, la bouche est grasse, longue. A savoir attendre quelques années.
Un énorme merci pour l’excellente bonne humeur (bien involontaire) qu’à amené dans la cave un papy genevois venu pour déguster et commander la Dôle de Marie-Thérèse (il en achète tous les ans quinze cartons, soit 180 flacons !) « car ce vin est absolument formidable comme petit vin  de tous les jours ». En insistant un peu, Valérie a réussi néanmoins à lui faire déguster les autres vins rouges (une commande était de toute façon impossible car les vins sont quasi tous épuisés depuis deux mois). Impossible par contre de lui faire déguster un vin blanc du domaine. L’homme a ses adresses à Genève, où les vins blancs sont, à son avis, meilleurs qu’en Valais, et surtout moins chers.