Gérald Besse, dégustation du 27 avril 07 (I)

Domaine Gérald Besse :
Créé de toute pièce « à la force du poignet» dès 1979, mais aussi et surtout par une volonté de fer, ce domaine s’est régulièrement étendu pour atteindre aujourd’hui la taille de dix sept hectares. Gérald et Patricia Besse (madame est de l’aventure depuis le premier jour auprès de son époux) sont désormais à la tête du plus grand vignoble en terrasses de Suisse.
Travail dans les vignes : et pas seulement la vigne, car il faut aussi consolider régulièrement les murs qui supportent les terrasses, adéquation sol cépage avant plantation ou re-plantation de parcelles, production intégrée (label non revendiqué, mais elle est pratiquée depuis toujours ou presque), …
Dans les chais, certains vins sont élevés en cuve : des cuvées parcellaires pour des vins de terroirs différenciés (les Fendant ou les gamay) ou vins de domaine, qui semblent être une des clés de voûte du travail de Gérald Besse, d’autres sous bois. Ces cuvées, toutes mono cépages, portent toutes le nom « Les Serpentines ».
Bref, un travail très conséquent a été entrepris. Il méritait bien d’être signalé avant d’évoquer la dégustation des vins pour ma première visite ici, tant la tâche déjà accomplie me parait grande.
Les vins dégustés :
– Fendant de Champortay 06 : Etonnamment ce vin de Fendant apparaît à la fois vif et surtout gras en bouche. Caractère floral affirmé, CO2 assez fin, mais discret. Jolie longueur en bouche, dont la finale était légèrement dominée par une note amer. Mise en bouteille récente.
– Fendant de Martigny 06 : Affirmation plus minérale au premier nez déjà, ce vin de Fendant plait par sa bouche fraîche et équilibrée, au fruité délicat sur des notes d’agrumes. Le perlant est plus fin, la matière plus vive. Un style apéritif vif que j’aime particulièrement.
– Fendant Les Bans 06 : Un vin à la minéralité moins prononcée actuellement, qui me parait moins vif que le précédent. Finesse indéniable.
– Ermitage (marsanne blanche) Les Serpentines 05 : élevage en barriques durant quelques neuf mois. Passer de la dégustation de 3 Fendant à celle d’un vin riche, gras, apparaît un peu comme faire le grand écart. Un vin puissant, à la belle robe jaune or, au fruité où l’on perçoit des notes de fraise et de framboise, mais aussi de fruits jaunes, voire de pêche blanche des vignes. L’élevage en barrique est discret car des notes de vanille sont très fugaces. C’est donc un vin riche, gras, mais qui n’est absolument pas lourd (pas de fermentation malolactique) que j’ai dégusté. On apprécie aussi le toucher de bouche très doux, fin, l’équilibre général et la longueur de ce vin. Un vin d’Ermitage que je trouve très réussi. Il demande à passer quelques années en cave pour se bonifier et se complexifier. Des flacons sont encore en vente.
– Païen (savagnin blanc) Les Serpentines 05 : registre légèrement épicé pour un vin également dense mais tonique (toujours pas de malo), avec de fines notes d’agrumes. A nouveau, le boisé accompagne la matière noblement sans la dénaturer. Beau flacon, épuisé à la vente désormais. Le millésime 06 sera en vente à l’automne.
– Petite Arvine 06 : un vin déjà très expressif, fruité (grapefruit puissant), au toucher de bouche fin, dense (la virilité de la PA), bien tendu par son acidité. Un vin donc bien vif, équilibré, fruité, long en bouche, et totalement sec. Finale saline pour une typicité parfaite. 14,8° d’alcool totalement discret.
La première PA du millésime 2006 dégustée est superbe !!
Un hectare de vigne de PA au domaine (plus loin dégustation de la PA flétrie sur souche 05). En terme de surface plantée, on n’est guère loin du un pour cent valaisan.
– Rosé de Gamay 06 : robe très pâle, des fruits rouges expressifs, la bouche est gouleyante sans être diluée, et donc très agréable. Un pur vin de plaisir. Très agréable et utile pour quitter les vins blancs avant d’entreprendre la longue série des vins rouges réalisée au domaine.
– Gamay de Bovernier 06 : Robe rubis, le nez me parait un peu fermé, voire légèrement réduit. On distingue un fruité sous-jacent qui devrait se montrer plus net après un peu de repos certainement. La bouche est plutôt souple, non dénuée d’élégance, la longueur était moyenne.
– Gamay Champortay 06 : jolie robe rouge brillante, le nez est plus éclatant, le fruité est plus net. Outre les fruits rouges qui dominent, je perçois aussi des épices douces. La bouche est plus structurée, et offre une fort belle finesse. Un fort beau gamay.
– Gamay St-Théodule 05 : Robe un peu plus profonde, le nez est plus intense, puissant, toujours sur des fruits rouges dominants, mais aussi un peu de Zan. En bouche, le vin est gras, long, élégant. Il demande encore un peu de temps pour gagner en équilibre.
– Dôle 06 : une dôle composée outre les indispensables pinot noir et gamay, de diolinoir, gamaret et d’ancellotta. Une dôle qui apparaît assez svelte, donc digeste, fruitée, avec des tanins déjà bien fondus. Bonne longueur et bel équilibre pour un vin aimable mais pas facile.
– Pinot Noir St-Théodule 05 : Robe soutenue, nez fermé (on va vite, et le vin n’a pas le temps d’évoluer dans le verre), la bouche est fraîche, structurée, la longueur m’a semblé plutôt moyenne.
– Les Complices 03 : un vin ouvert depuis 3 jours. Assemblage de gamaret, ancellotta, diolinoir. Jolie robe profonde, le nez est fruité, élégant, tout comme la bouche qui est fraîche, riche sans lourdeur, de belle longueur. Un vin de belle maturité (2003 !) qui s’avère harmonieux et équilibré.
– Pinot Noir Les Serpentines 05 : robe rubis profonde. Une note de grillé domine au nez. La bouche est fraîche, de concentration moyenne, la persistance l’est aussi. A revoir dans quelques mois, à Vinéa par exemple.
– Syrah Les Serpentines 04 : (flacon également ouvert depuis 72 heures). Nez torréfié, assez fin, avec des notes de réglisse. La bouche séduit par sa qualité de toucher de bouche, les tanins sont fins, sans dureté, l’ensemble est élégant, frais, persistant. Elevage en barriques neuves à 80% durant 11 mois.
– Syrah Les Serpentines 05 : La matière domine l’élevage, ce vin regorge de fruits, d’épices. La bouche est élégante, sans dureté et lourdeur, fraîche donc, de belle longueur. A nouveau la qualité de la matière est très plaisante et domine l’élevage pour offrir beaucoup de pureté. Une fort jolie expression de ce cépage rhodanien.
– Merlot 05 Les Serpentines : Le nez est très marqué par des notes de lierre. La bouche est structurée, riche, à nouveau la qualité des tanins est là. L’élevage accompagne la matière sans la déformer. Un vin qu’il faudra attendre quelques années pour qu’il s’harmonise.
– Malvoisie Flétrie sur souche, Les Serpentines 05 : robe dense, or légèrement orangé, intense. Dès le premier nez le vin apparaît très fin, avec des notes de botrytis nettes, de fleur d’oranger, de coing. Bouche grasse sans lourdeur, au toucher très fin, belle longueur.
– Petite Arvine flétrie sur souche 05 Les Serpentines : La robe est plus claire, d’un beau jaune or. Au nez, le fruité est à nouveau sur les agrumes, dont le pomelo jaune, puissant, qui domine des notes de coing et le rôti du botrytis. La bouche, grasse mais très fine, est déjà très harmonieuse, très équilibrée, longue, puissante, sans aucune lourdeur. C’est excellent, tout simplement. En flacon de 50 cl uniquement et 40 CHF soit 25 € grosso modo.
Je n’ai pas de recul concernant les vins de PA de ce domaine, mais les deux vins dégustés vendredi étaient remarquables de pureté et d’expression. Ils sont parmi les plus beaux exemples que ce cépage peut produire. Jusqu’à présent, seuls chez Marie-Thérèse Chappaz et chez André Philippoz, j’avais eu pareil plaisir avec une PA surmaturée.
 
Laurent
 
Les coordonnées de la cave :
Patricia & Gérald Besse
Les Rappes (accès très facile en prenant la route du St-Bernard, sortie Le Brocard)
1921 Martigny-Combe
Tél : 027 722 78 81
Fax : 027 723 21 94
E-mail : gerald@besse.ch
www.besse.ch