Besse Gérald & Patricia : visite du 02 sept. 08

Parti de rien en 1979, ce couple de vignerons conduit désormais 18 ha de vignes en terrasses uniquement, chez eux, à Martigny. Cette histoire n’est -heureusement, pas prête de s’arrêter, puisque leur fille a décidé de reprendre le flambeau. En attente de ses résultats d’entrée à l’Ecole de Changins, je lui souhaite dès à présent « tout de bon ».
Après un passage à Fully afin que mes amis récupèrent leurs vins à la cave de la Liaudisaz, nous prenons la direction Martigny où nous passerons l’ensemble de la journée. Pour débuter, nous allons manger un morceau à l’enseigne de

Je suis séduit par un alléchant filet de perches. Il le fût. Miam. Dommage par contre, pour la petite arvine pas sèche du tout, contrairement à ce qui nous avait été annoncé, et, pire encore, produite par un autre Giroud que Le Potier. Et c’était très très banal.
M’enfin, pour la Petite Arvine, et pour d’autres vins,  nous avions une autre adresse :

Un domaine de dix huit hectares, on s’en doutera, c’est du boulot. Avec des vignes en terrasses, cela devient un travail herculéen. Il fallait donc une énergie farouche pour parvenir à un résultat qualitatif élevé.   De fait, on sent également un sens de l’organisation aigü, et une direction avisée, réfléchie. Dix personnes dont Patricia et Gérald Besse travaillent à l’année dans cette cave. Durant six mois, c’est même jusqu’à vingt personnes supplémentaires qui viennent compléter cette équipe. Patricia Besse de rappeler, avec raison, qu’un hectare de vignes du domaine demande 1500 heures de travail annuel, alors qu’un vignoble de plaine mécanisé n’en demande qu’un tiers.
La carte des vins est longue de 26 cuvées. Entre les vins élevés en cuve, ceux en barrique (gamme Les Serpentines), la segmentation est nette, certes, mais le terroir prime. Ainsi, trois fendants, autant de gamay expriment des caractères différents. Seuls deux vins d’assemblage, tous les deux rouges, sont proposés : la dôle, et Les Complices, deux vins élevés en cuve.
Après une visite des installations, qui sont modernes, et fonctionnelles sans aucun doute, nous observons des cuves béton à l’étage, et au sous sol, plusieurs batteries de cuves inox ainsi que le superbe chai à barriques. Le tout dans une ambiance climatisée.
Actuellement se poursuit la mise en bouteille dans la cave, alors que dans les vignes, un contrôle des rendements s’achève sous le contrôle de Mr Besse. Les vendanges sont prévues pour début octobre. Il faudra être prêt.


Les vins dégustés en compagnie de Madame Besse :
Fendant de Champortay 07 : joli fruit expressif avec des notes de poire, de citron. En bouche, le vin reste vif, bien que pourvu d’un joli gras. Bel amer en bouche, enrobé dans le gras. Ce fendant qui contient un peu de CO2 offre une belle finesse et de l’élégance. Belle persistance. Un très beau fendant, au bon rapport qualité/prix (12,8 CHF).
Fendant les Bans 07 : Nez plus fin, légère note de fumée au nez. La bouche semble plus tenue, plus tendue avec toujours un léger CO2. La minéralité est discrète. Le vin est fin, mais manque un peu d’expression selon moi. A revoir.
Un fendant de Martigny accompagne ces deux cuvées sur la liste des vins. A eux trois, ils représentent en volume, près du quart de la production de cette cave. Cette proportion semble protéger la cave d’un manque de fendant dans les années à venir (on reparlera dans le futur de l’arrachage de ce cépage pour promouvoir des spécialités parfois sujettes à caution). 

Le vignoble de Martigny avec la Tour de la Bâtiaz

vue sur la plaine du Rhône depuis Les Rappes

 
Johannisberg de Martigny 07 : Nez fin, sur l’amande douce. La bouche est grasse (FML complète), sans lourdeur. Son toucher est délicat, persistant. Jolie rétro-olfaction sur une note citronée.
Petite Arvine 07 : en aucun cas petite. Elle est grande cette arvine. Dieu qu’elle est belle et bonne. Nez sur le pomelos, la mandarine, bref vraiment dominé par les agrumes. La bouche n’est pas en reste : qu’elle finesse, le toucher de bouche est souverai. J’aime l’équilibre parfait entre la tension (pas de FML) et le gras (il y a du volume). Les deux grammes de sucres résiduels sont fondus. Ils apportent peut-être un supplément de corps. Grnade fraîcheur et belle longueur.  Excellent. N’en demandez plus. Ce vin, tout comme la PA surmaturée sont épuisés. Nous avons encore obtenu ce 03 septembre deux cols chacun (nous étions 3).
Ermitage Les Serpentines 06 : 2006 aura été un millésime délicat pour l’Ermitage. Y en aura t-il des secs? Ici aussi (voir CR Marie-Bernard Gillioz, visite 2007), le vin est pourvu de sucres résiduels : 17 gr. Au nez, certains ont retrouvé une note de noix de coco. Pour ma part, j’ai peu aimé ce vin que j’ai trouvé légèrement oxydatif. La matière n’est pas lourde malgré la richesse, grâce à l’absence de la FML. Après les millésimes précédemment dégustés ces dernières années, le 2006 souffre de la comparaison. Des choses qui arrivent.
Gamay de Champortay 07  : Un gamay sur le fruit, auquel j’ai trouvé également une belle minéralité (pointe de crayon) en bouche. La matière est fine, digeste. Bien apprécié.
Pinot Noir 07 : issu d’une zone très calcaire, ce pinot est riche, fin, mais concentré. Les tanins sont gras, soyeux, je trouve ce vin plein de fraîcheur, doté d’une belle longueur.
Syrah Les Serpentines 06 :  Comme tous les vins de la gamme Les Serpentines, cette syrah a été élevée en barrique durant onze mois. Un nez peu parlant. Ce vin m’a paru épais, gras, assez marqué par le bois aujourd’hui. Jolie note de réglisse discrète à la rétro-olfaction. La finale semblait un peu courte, alors que l’équilibre en bouche était très plaisant.
 
Laurent